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féparer, il verfa beaucoup de larmes qui lui couperent la parole. Les deux évêques étonnés lui en demanderent la caufe. C'eft que je fçais, dit-il, que vous devez bientôt mourir. En effet, l'évêque de Rochester étant à peine rentré dans fa ville, fut attaqué d'une maladie violente qui l'emporta en peu de jours; & Ethelvolde, évêque de Vincheftre, tomba malade avant même que d'arriver chez lui. Il mourut le premier d'Août 984, la vingt-deuxième année de fon épif copat. L'église honore fa mémoire le jour de fa mort: on lui attribuoit plufieurs écrits que nous n'avons plus. Après la mort de S. Ethelvolde, il y eut une grande divifion pour l'élection du fucceffeur, entre les clercs qui avoient été chaffés de l'église de Vincheftre pour leurs déréglemens, & les moines qui avoient été mis à leur place. S. Dunftan s'étant mis en priéres pour demander à Dieu de lui faire connoître celui qui étoit digne de remplir ce fiége, il cruc qu'il lui étoit ordonné de prendre Elfege, abbé de Bath, & de le facrer évêque. C'étoit un homme d'un grand mérite, & il fut depuis archevêque de Cantorbéri..

Le jour de l'Afcenfion, dix-feptiéme de Mai 988, après la lecture de l'évangile, faint Dunftan prêcha à son ordinaire : puis il continua la meffe, & donna la bénédiction folemnelle avant la communion. Il exhorta de nouveau fon peuple à se détacher de toutes les chofes de la terre ; & après avoir donné le baiser de paix, il ne put fe contenir davantage, & leur dit de se souvenir de lui, & que le jour approchoit où Dieu devoit l'appeller à lui. Alors il s'éleva de grands cris, & l'on vit couler des torrens de larmes. Après le dîner l'archevêque revint à l'églife, & marqua le lieu de fa fépulture. II exhorta encore fon peuple à faire en toutes choses la volonté de Dieu, & à travailler à être véritablement vertueux. Quoiqu'il fentît fes forces diminuer, il continua ce jour-là & le lendemain d'inftruire & de confoler tous ceux qui venoient lui demander sa sainte bénédiction. Le famedi dix-neuviéme du mois, il fit célébrer devant lui les faints myfléres ; & ayant reçu le viatique, il fit une fervente prière d'action de graces, après laquelle il expira. Il fut infiniment regrettá

de fon peuple, & il fe fit depuis à fon tombeau un grand nombre de miracles, dont nous avons une hiftoire fidéle. Saint Dunstan rétablit les lettres en Angleterre, auffi-bien que la difcipline eccléfiaftique. On lui attribue plufieurs écrits; mais il y en a peu qui foient certainement de lui. Il fut enterré dans l'église de faint Sauveur fa cathédrale, au lieu qu'il avoit marqué devant les degrés de l'autel.

VII.

Hunni, archevêque de Brême, voyant la porte ouverte à l'évangile, entreprit de rétablir l'églife de Hambourg négligée depuis long-temps. Il réfolut de faire par lui-même la vifite de fon vafte diocèfe; & le peuple de Brême ne pouvant fupporter l'absence d'un pasteur si zélé, voulut le fuivre, & s'expofer à tout avec lui. Les travaux de cet archevêque ne furent pas infructueux ; il convertit le fils du roi [ de Dannemarcil ordonna des prêtres dans chaque églife, parcourut les ifles des Danois, annonça la foi à ceux qui n'en avoient jamais entendu parler, & affermit les chrétiens qu'il trouvoit captifs. Enfuite marchant fur les traces de faint Anfcaire fon prédéceffeur, il paffa la mer Baltique, & arriva au port de Birca. Pendant 70 ans qui s'étoient écoulés depuis la mort de faint Anfcaire, il n'y avoit qu'un feul prêtre qui eût ofé porter l'évangile dans la Suéde. L'archevêque Hunni y étant donc arrivé, trouva que la religion chrétienne y avoit été totalement oubliée, pendant les régnes courts & fanglans de plufieurs rois; ainfi il eut beaucoup de peine à fe faire écouter, & foutint de grands travaux dans le cours de fa mission. Après la mort fes difciples porterent fon chef à Brême, dont. il avoit été évêque pendant dix-huit ans.

Son fucceffeur fut faint Adaldague, qui tint le fiége de Brême cinquante-quatre ans. Il étoit né de parens nobles, & avoit d'excellentes qualités. Une rencontre finguliere contribua à fon élévation. La reine Mathilde voyant le roi fon époux à l'extrémité, alla fe mettre en priéres dans l'églife, & les cris du peuple lui ayant appris qu'il étoit mort, elle

XII. EGLISES DU

NORD. Milfion de Hunni, Brême en Dan nemarc & en

archevêque de

Suéde.
Fl. to. XIL

lv. n. 19,

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XIV.

S. Libentius

Continue

œuvre.

n. 16.

demanda s'il y avoit encore quelques prêtres à jeun,qui pûffent célébrer la meffe pour lui, Adaldague se préfenta, & la reine lui donna fur le champ des braffelets d'or qu'elle portoit, Cette pieuse princeffe lui fçut gré toute fa vie d'avoir dit la première mefle pour l'ame du roi fon époux, & concourut à le faire élever fur le fiége de Brême. Il travailla au progrès de la religion dans le Dannemarc & dans le refte du Nord, 11 Y fonda de nouvelles églifes, y établit des évêques ; & depuis cet établissement la religion chrétienne y fit de grands progrès.

Libentius, fucceffeur de faint Adaldague, continua le bien que fes faints prédéceffeurs avoient commencé. Il étoit même bonne recommandable par la pureté de fa vie, & par la rigueur de Ibid. 1. vij. fes mortifications. Son humilité le faifoit paroître dans le cloître comine un fimple moine : car c'étoient des moines qui fervoient l'églife de Brême, & les autres églifes que ces faints évêques avoient fondées. Il n'alloit point à la cour, comme beaucoup d'autres, folliciter l'augmentation des biens de fon églife. Il demeuroit en repos chez lui, tout occupé du gouvernement de fon diocèle, ne s'appliquant qu'à gagner des ames à Jefus-Chrift, & tenant dans une exacte difcipline toutes les communautés qui dépendoient de lui. Il prenoit foin par lui-même des étrangers & des malades, & les fervoit en perfonne, quoiqu'il eût chargé fon neveu du gouvernement de l'hôpital. Il vifitoit fouvent les peuples des environs de l'Elbe, & travailloit à la converfion des païens. Il ne mourut qu'au commencement de l'an

XV. Harold, roi de Danne

pon, évêque.

1013.

Harold, roi de Dannemarc, fut le premier qui rendit la religion chrétienne dominante dans ce royaume. Il remplit mare, martyr. le Septentrion d'églifes & de prédicateurs de l'évangile. Son Zèle de S. Por fils Suen qui étoit demeuré païen fe révolta, & engagea Autres faints dans fa révolte tous ceux qui étoient ennemis du chriftiaIbid., nifme. Harold fut tué & honoré comme martyr. Quelque Ibid. 1. vij. temps après Héric, roi de Suéde, entra en Dannemarc avec une armée innombrable; & Suen lui ayant livré un combat naval, fut vaincu, dépouillé de fon royaume, & réduit à

Miffionnaires.

n. 54.

n. 16.

prendre la fuite. Tous ces malheurs furent regardés comme une punition de fon parricide, & de la perfécution qu'il avoit faite aux chrétiens. L'évêque de Slefvic s'adreffa à Héric de la part de l'empereur, & parla en faveur des chrétiens. On dit que les barbares demanderent un miracle à ce faint évêque qui s'appelloit Poppon, & que fans héfiter il prit un fer chaud avec la main, & n'en fut point brûlé. Pour les convaincre encore davantage de la divinité de la religion chrétienne, il se revêtit d'une chemise cirée, & fe tenant au milieu du peuple, il y fit mettre le feu. Enfuite levant les yeux & les mains au ciel, il la laiffa brûler entièrement, & affùra qu'il n'en avoit pas même fenti la fumée. Plufieurs milliers de païens fe convertirent à ce miracle, & le nom de cet évêque fut célébre chez les Danois. Nous remarquerons ici que ces fortes de miracles ne juftifient point ce qu'il y avoit de contraire aux régles dans la conduite de ce faint évêque. Dieu avoit égard à la fimplicité de fa foi qui n'étoit point affez éclairée; mais dans les beaux fiécles de l'église nous n'avons point vû de miracles de cette efpéce.

Un autre miffionnaire illuftre de Dannemarc fut Odincar l'ancien, qui prêcha en Finlande, en Zélande, en Schonen & en Suéde, & convertit un grand nombre d'infidéles. Odincar le jeune, fon neveu & fon disciple, étoit de la race des rois de Dannemarc; & fi riche qu'il fonda de fon patrimoine l'évêché de Ripen dans le Jutland. Libentius l'ordonna évêque pour la converfion des infidéles, & il établit fon fiége à Ripen. Sa vie étoit très - fainte, & il foutint courageufement la religion en Dannemarc. D'autres faints personnages allerent jufqu'en Norvege, & y convertirent plusieurs païens.

Vers le milieu du dixiéme fiécle, l'empereur Othon I. fournit Boleflas, duc de Bohême, après une guerre de quatorze ans; ce qui produifit la converfion de la plupart des Sclaves, qui promirent de payer tribut & de fe faire chrétiens; & on bâtit chez eux plufieurs nouvelles églises & des monaftéres d'hommes & de femmes. Le pays fut divifé en dix-huit cantons, dont quinze embrafferent la religion chrétienne.

Ibid. 1. ly. n. 41.

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XVI.

des Ruffes &

B. 17.

VIII.

que

On regarde Volodimir comme le premier prince chrétien Converfion de la nation des Ruffes. Ditmar rapporte que Volodimir des Polonois. embraffa le christianisme par les exhortations d'Hélene fon Ibid. l. vij. époufe, fœur des empereurs Bafile & Constantin; mais fes mœurs ne s'accordoient guères avec la pureté de la religion chrétienne. Ce prince dans fa vieilleffe fit de grandes aumônes pour racheter ses péchés; il mourut & fut enterré dans la grande ville de Kiovie. Les Mofcovites, qui font les Ruffes, ont mis Volodimir au nombre des faints de leur nation, & le regardent comme leur apôtre. Car quoique le christianisme eût pénétré chez les Ruffes dès le fiécle précédent fous le patriarche Ignace, on trouve que vers le milieu du dixiéme fiécle, ils exercerent d'horribles cruautés contre les chrétiens, particuliérement contre les prêtres, à qui ils perçoient la tête avec des clous. Auffi on ne compte l'établiffement folide du chriftianisme, & la conversion entière de la nation, que depuis le regne de Volodimir, à la fin du dixiéme fiécle. Ils ont toujours confervé le rit grec dans les cérémonies de la religion.

Ibid. l. lvj. 12. 13.

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Miciflas, duc de Pologne, avoit époufé la fœur de l'ancien Boleflas, duc de Bohême; car ces deux peuples, Bohémiens & Polonois,étoient Sclaves. Cette princeffe nommée Dobrave étoit chrétienne, & travailla à la conversion de fon époux qui étoit encore païen. Elle le porta par fes exhortations continuelles à recevoir le baptême. Plufieurs de fes fujets se convertirent à son exemple; & leur premier évêque nommé Jourdain, travailla beaucoup avec le duc & la duchesse pour l'établissement de la religion.

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