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AN. 899.

XIV.

Regne d'Hen

Sa piété. Ibid. n. fuiv.

AN. 919.

53.

Ratbod de le quitter, & de s'attacher à la cour de Charles le Chauve, & enfuite de Louis le Begue, non pour faire fortune, mais pour profiter des études qui fe faifoient à cette cour, Il fut élu évêque d'Utrecht par le clergé & par la peuple; mais il réfifta long-temps, & fut ordonné malgré lui. Il prit auffi-tôt l'habit monaftique, & voulut imiter en tout faint Villebrod & faint Boniface fes prédéceffeurs. I paffoit fouvent deux ou trois jours fans prendre aucune nourriture. Les Danois, ou Normans, ayant ruiné la ville d'Utrecht, faint Ratbod fut obligé de fe réfugier dans uno autre ville, [Déventer, ] d'où il vifitoit souvent la Frise pour

détruire les restes de l'idolâtrie: mais ces barbares s'y oppo y ferent. Ils le menacerent de mort, & le faint évêque prononça contre eux un anathême terrible. Auffi-tôt ils furent frappés de pefte, & périrent prefque tous. On lui attribue plufieurs miracles, & le don de prophétie. Le roi l'ayant prió de lui rendre quelques fervices, il répondit qu'un évêque ne doit point s'occuper d'affaires temporelles, mais travailler à gagner des ames à Jesus-Chrift, & employer à la priere le temps qu'il peut dérober aux foins de fon troupeau, Rien ne fut capable de lui faire changer de résolution. Exemple bien rare en ce temps-là. Il mourut faintement vers l'an 918,[la 29 Novembre.]

choifir

VII,

L'année suivante, le roi Conrad fe voyant près de fa fin, ri l'Oifeleur. recommanda aux premiers feigneurs de fon royaume de pour roi Henri, fils d'Othon, duc de Saxe, malgré l'inimitié qui étoit entre eux, parcequ'il le croyoit le plus capable de les gouverner. Il imita ainsi la générofité dont Othon avoit ufé envers lui. Après la mort Henri fut reconnu roi d'un commun confentement. Il régna dix-huit ans, & eft connu fous le nom de Henri l'Oifeleur. On lui donna ce nom parcequ'il aimoit la chaffe, & qu'il y fut trouvé lorsqu'on lui apporta les ornemens royaux. Il repouffa vigoureusement les Hongrois, & eut fur eux plufieurs avantages qui furenţ attribués à sa piété. Il dompta les Danois, les Sclaves, &

d'autres

d'autres peuples qui n'avoient pas été foumis à fes prédéceffeurs. Il fit de très-belles ordonnances, fortifia plufieurs villes, & mit les frontieres à l'abri des incurfions des barbares. Henri n'étoit pas feulement un grand prince: c'étoit auffi un prince très-zélé pour la religion chrétienne. Il travailla à la converfion des infideles, & employa toute fon autorité à faire craindre Dieu dans fes états. Il fe rendit aux remontrances de Sigifmond, évêque d'Halberftat, qui lui fit connoître que le mariage qu'il avoit contracté étoit contre les régles. Ĉet évêque étoit un des plus célébres d'Allemagne par fon grand efprit, fa fcience, fa piété, & fon zéle. Henri époufa Mathilde, qui avoit une éminente piété. Bien loin de mettre obftacle au bien que faifoit cette vertueufe princeffe, il le favorifoit en tout. Voici un trait qui fait beaucoup d'honneur à ce roi. Dans la guerre que lui fit au commencement de fon regne Gilbert, duc de Lorraine, foutenu par le roi de France, un feigneur fort puiffant, & qui lui avoit amené de grandes troupes de fes vaffaux, voyant le roi abandonné de plufieurs de fes fujets, crut que dans de telles circonftances il ne pourroit lui rien refufer. Il lui envoya donc demander l'abbaye de Loresheim, dont les riches revenus aideroient à entretenir les troupes. Le roi dit qu'il lui répondroit de vive voix. Le comte accourut, croyant avoir obtenu ce qu'il demandoit. Le roi lui dit en présence de tout le monde: Les biens de l'église ne font pas destinés à entretenir des gens de guerre; ainfi je ne vous accorderai pas cette grace. Si vous voulez vous retirer avec ceux qui manquent à la fidélité qu'ils me doivent, retirez-vous. Le comte couvert de confusion, fe jetta aux pieds du roi, reconnoiffant la grandeur de fa faute.

Mathilde remplit non-feulement l'Allemagne, mais même toute l'églife de l'odeur de fes vertus. Elle avoit été élevée au monaftere d'Erford, près de fon aïeule, qui en étoit abbeffe; y avoit été folidement inftruite de la religion, & y avoit appris les ouvrages convenables à fon fexe. Elle en fut tirée pour épouser le roi Henri, vers l'an 913. Depuis fon mariage elle fit toujours de nouveaux progrès dans la piété, Tome IV.

E

XV. Vertus de la

reine faine Mathilde

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Fl. tom. XII.

lv. n. 19.

1

n. 19.

Elle cachoit un grand fonds d'humilité, fous des habits magnifiques que fon rang fembloit exiger. Pour prier à certaines heures de la nuit, elle fe levoit d'auprès du roi son époux, qui faifoit femblant de l'ignorer. Ils gardoient la continence les jours marqués par l'église, felon l'usage Ibid. 1. lvj. obfervé encore alors religieufement. Après la mort du roi, elle se retira au monaftere de Quedlimbourg qu'elle avoit fondé. Elle y obfervoit toute la difcipline de la maison, & confervoit dans toutes les actions & fes difcours une dignité merveilleuse. Elle avoit une modeftie qui fervoit de modele aux vierges même les plus pures. Le faint exercice de la priere étoit fes délices. Après la mort du roi Henri fon époux, elle fit fans ceffe offrir le faint facrifice pour les péchés de ce prince, & elle obferva toute fa vie le huitieme jour de fa mort, le trentieme & l'anniverfaire. Elle foutint avec une parfaite foumiffion une rude perfécution de la part des princes fes enfans, qui s'imaginoient que fes abondantes aumônes nuifoient à l'état. Ils fe repentirent enfuite de leur injufte procédé à l'égard d'une mere fi refpectable, & la rétablirent dans fa premiere autorité. Mathilde s'appliqua encore plus qu'auparavant à toutes fortes de bonnes œuvres. Elle fonda plufieurs églifes, & cinq monafteres, entr'autres celui de Polden, dans le duché de Brunfvic, où elle affembla trois mille moines. Avant que de mourir, elle se fit coucher à terre sur un cilice, fe mit de la cendre fur la tête de fes propres mains, & paffa dans le royaume du ciel qui avoit été feul l'objet de fes defirs. Ce fut l'an 968, [le 14 Mars.]

XVI.

Regne d'O

de ce prince &

VIII.

Après la mort du roi Henri, la reine avoit fouhaité de faire thon I. Piété monter fur le trône fon plus jeune fils Henri, duc de Baviere, de la reine Edi pour qui elle avoit toujours eu une prédilection finguliere; mais Othon, qui étoit l'aîné, avoit été défigné par fon pere, Ibid. y. & il l'emporta, ayant pour lui le fuffrage des François Órientaux & des Saxons. Henri conferva toujours des prétentions fur la couronne, & fe révolta plufieurs fois, ce qui fut la

the.

n. 20. & fuiv, AN. 936.

fource de grands malheurs. Othon fut couronné à Aix-laChapelle par l'archevêque de Mayence, & il regna trente-fix ans. Voulant établir la religion chrétienne chez les Sclaves, voifins de l'Elbe, qu'il avoit vaincus, il fortifia la ville de Magdebourg, & y fonda un monaftere. Il fut aidé dans tout ce qu'il entreprit pour le bien de l'églife, par la reine Edithe, qui édifioit tout l'empire par fa fageffe & par fa piété. Le roi Othon eut de grands avantages fur les Sclaves & fur les Danois; & il ne profita de fes victoires que pour étendre le regne de Jesus-Christ. Appellé au fecours de l'Italie par le pape Jean XII, & par les évêques, il alla attaquer Bérenger [II,]& joignit à fes états la Lombardie, vers la fin de l'an 951; & c'eft ainfi que les Allemans commencerent à régner en Italie. (f) Le pape le couronna empereur, & lui prêta ferment de fidélité fur le corps de faint Pierre, avec tous les grands & les citoyens. Othon de fon côté rendit à l'église de Rome ce qui lui avoit été enlevé pendant les troubles, & confirma les donations de Pepin, de Charlemagne & de Louis le Débonnaire, avec la clause importante de fouveraineté réservée.

Ibid. 1. lvj.

Le pape Jean XII, ingrat envers fon bienfaiteur, fe révolta. Othon fit rentrer les Romains dans leur devoir, & ufa d'une ". 5. & fuiv. extrême modération à l'égard du pape, qu'il fit dépofer plutôt à cause de sa vie déréglée, qu'à caufe de fa révolte. Son armée fut enfuite attaquée en Italie d'une maladie contagieufe, qui emporta plufieurs feigneurs. Othon avoit laiffé l'Allemagne & fon fils encore jeune, fous la conduite de Brunon fon frere, archevêque de Cologne, qui avoit le talent rare d'allier les devoirs d'un prince avec ceux d'un évêque. L'an 973 l'empereur Othon mourut le mercredi d'avant la Pentecôte. Il avoit affifté à l'office de la nuit & à la meffe, & fait fes aumônes à l'ordinaire. Etant à vêpres, après le Magnificat il

(f) [Ou plutôt, ce ne fut pas par Jean XII. qu'il fut appellé; car Jean XII. ne monta fur le faint fiege que cinq ans après: mais ce fut par Adélaïde, veuve de Lothaire II, roi d'Italie, laquelle pour attirer l'empereur Othon, lui promit de

l'époufer, & ce fut en l'époufant qu'il joi-
gnit à fes états la Lombardie. Dans la fuite
Bérenger continuant de vexer l'Italie,
Jean XII. envoya prier Othon de venir le
fecourir. Othon y vint ; & ce fut alors que
le pape le couronna empereur. ]

XVII. Regne d'O

thon II.Vertus

de la reine Ste. Adélaïde.

Ibid. n. 41. &fuiv.

AN. 973.

fe trouva mal. Les feigneurs qui étoient préfens', le firent affeoir fur un banc. Il fe trouva fi mal, qu'on crut qu'il étoit mort; mais on le fit revenir: on lui donna le corps & le fang de Notre Seigneur; & après l'avoir reçu, il expira tranquillement. Il avoit régné trente-fix ans comme roi de Germanie, & onze ans comme empereur. Ses belles qualités lui ont fait donner avec justice le furnom de Grand. Il eft bon de remarquer en paffant, que ce n'étoit pas feulement les jours de fête & de dimanche, que l'empereur avec tous les feigneurs affistoit aux offices publics de l'églife, du jour & de la nuit ; mais qu'ils y affiftoient même les jours ordinaires. Le lendemain Othon II, que le pape avoit déja couronné empereur, fut de nouveau élu par tout le peuple, qui lui fit ferment de fidélité; enfuite il fit porter le corps de fon pere à Magdebourg, où il fut enterré. Le monaftere de Magdebourg avoit été un peu auparavant érigé en métropole.

IX..

Après la mort d'Othon le Grand, la reine Adélaïde, qu'Othon avoit épousée après la mort d'Edithe, gouverna avec beaucoup de fageffe pendant la minorité d'Othon II. fon fils. Elle avoit d'abord époufé Lothaire, fils de Hugues, roi d'Italie, & étoit demeurée veuve à l'âge de dix-neuf ans. Bérenger qui s'empara de fes états en Italie, la perfécuta cruellement. Othon I. qui étoit veuf auffi, l'époufa après avoir défait Bérenger. Elle donna à tout l'empire de grands exemples de vertu, & continua après la mort d'Othon I. tout le bien que faifoit ce pieux empereur. Lorfque fon fils Othon fut devenu grand, il écouta des courtifans qui lui donnerent de la jaloufie de l'impératrice fa mere. Elle crut devoir céder à l'envie, & elle fe retira en Bourgogne, chez le roi Conrad fon frere, qui faifoit fa résidence à Vienne. Tous les gens de bien étoient affligés de fa difgrace. Enfin Othon fon fils fe repentit de l'avoir ainfi traitée, & pria Conrad fon oncle, & l'abbé Mayeul de le réconcilier avec fa mere. Le jeune prince fe jetta à fes pieds; elle se profterna de fon côté ; ils répan

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