> que ce bataillon quarré étoit com posé d'un grand corps de troupes qui opposoit quatre fronts d'une grande étendue. On fait aujourd'hui un fort grand cas du bataillon quarré, quoique les Experts dans l'Infanterie conviennent qu'il est très-défectueux par la foiblesse de ses angles. Il n'en est pas de même de la Colonne, ses angles n'ont aucune prise, & fes faces, ou ses côtez font fi étendus qu'ils fourniffent un feu qu'il n'est pas aifé d'aborder, & qui ne finit point, comme nous le ferons voir. On ne sçauroit rien imaginer de plus simple dans la ma niere de la former, tout nombre lui est propre. On peut former une colonne d'un feul bataillon fur vingt de hauteur, fr l'on n'a pas davantage de troupes à opofer, le ralliement en est facile & aifé, elle se rompt & se remet dans un inftant, elle conduit à toutes fortes d'évolutions & de change mens. Le bataillon quarré étant massif & épais ne sçauroit se mouvoir ni bien manœuvrer. Ses mouvemens font lourds & graves; tout ter rain n'est pas propre à cette forte d'évolution: il lui en faut, pour ainsi dire un, fait exprès, comme à la Phalange, & lorsqu'on le rencontre il faut y rester. S'il plaît à l'ennemi de nous y combatre, & * s'il faut marcher, on ne va pas long-tems fans trouver des obitacles, qui ne permettent plus de suivre cet ordre, & s'il faut le changer pour en prendre un autre & s'y conformer ; il est -dangéreux de le faire, l'ennemi fur les bras, ou qui vous suit où qui vous harcelle. Si le quarréest plein il est propre pour le choc & pour percer; mais les angles font foibles & le choc eft moins violent, s'il est vuide il est sujet à se rompre lui même, & à se désordonner. Je supose même qu'on foit favorisé du terrain, comment rémedier à un inconvenient qui peut arriver, & qui arrive toujours lorsqu'on est attaqué ? (Je ne parle pas ici des armes sans lesquelles le bataillon quarré ne sçauroit réfifter); car si l'ennemi fait plus d'effort en un endroit qu'en l'autre, & qu'il s'y trouveplus de gens tuez, ce n'est plus un quarrésmais une confufion: la Cavalerie furvient là-deffus, & manquant de cette arme qui seule peut lui réfifter, je veux dire de la pique, je laifse à penser ce qui en peut arriver: & fi ce quarré est à centre vuide, ce qui ne peut se faire que par un grand corps de troupes, je défie les plus habiles d'y apporter du remede; car lorsque c'est à centre plein il y en a, quoique difici. le à appliquer. Si ce corps eft même romptu à un de ses angles, il 4 ne fçauroit jamais se remettre, je conclus de-là que le quarré vuide & le plein ne font pas meilleurs l'un que hautre) Ce que c'est que le triangle, ou la Cuneus des anciens. Ce qu'on pense de cette maniere de se ranger, & de combatre. : L E Cuneus des anciens, ou le coin est une évolution celebre. Je la crois Grecque: je ne l'assurerai pourtant pass je ne l'atribuë aux Grecs que parce qu'ils étoient constanment plus habiles & plus profonds dans la Tactique que les Romains. Cependant il en est parlé dans les Historiens Grecs & Latins qui ont écrit des guerres des Romains. Le coin paroît encore comme une évolution con 7 nuë & pratiquée chez les peuples de l'Afie, ce qui se voit dans Poly. bes mais ceux-ci la tenoient des Grecs, & des Capitaines fucceffeurs d'Alexandre le Grand. Quoiqu'il en soit, je ne fais nulle difficulté d'atribuer aux Grecs ce que je vois plus souvent & plus clairement expliqué dans leurs Auteurs que dans les Latins, j'en laisse le jugement aux Savansı car il m'importe peu de sçavoir si l'invention est dûë aux uns plutôt qu'auxau Cequim'a paru de plus remarquable à l'égard du coin est l'exemple qu'Arrian raporte, où il semble qu'Alexandre le Grand forma le coin.. Cet Auteur dit que Glaucias Roi des Taulentiens aiant enfermé Alexandre dans des montagnes & des défilez lorsqu'il étoit occupé au fiége d'une Ville, obli gea ce Prince à lever le fiége pour Le tirer du mauvais pas où il s'é 1 |