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vaincus, que chaque partie de la guerre eft indépendante de l'autre. Qu'importe, après tout, que j'aille par contre-marches, par bonds & par fauts, fi ces bonds & ces fauts nous menent réguliérement & directement au but? Outre qu'on ne fçauroit éviter, ni s'empêcher de fuivre notre Auteur dans les matieres qu'il traite.

Je fui donc mon Auteur, & je donne d'abord des obfervations fur chaque fait qu'il rapporte, je l'éclaircis par des notes curieufes, & rectifiantes dans les endroits difficiles, & ces notes embraffent différentes matieres. Il y aura quelques Differtations à la fin de chaque volume fur différens fujets, & différentes questions militaires, & fur certains ufages, & de faux préjugez établis, qui font bien moins fondez fur la raifon & fur le bon fens, que fur la prescription qui les confacre.

Je remplace, autant qu'il dépend de mes connoiffances, ce que je crois être perdu de la Milice des Romains parce que je fuis convaincu, , par l'étude que j'en ai faite, & par la néceffité où je me fuis trouvé d'y recourir, que. cette forte d'intelligence nous conduit à ce qu'il y a de plus grand, de plus fublime, & de plus profond dans la fcience militaire; & par-là je la juge très-nécessaire aux Gens de guerre. Qui peut en douter? Puifque nous reconnoiffons, avec tout ce qu'il y a d'hommes au monde, , que la cause de leurs conquêtes, & de la grandeur de leur empire, eft bien moins l'ouvrage de la fortune, que de l'excellence de leurs loix militaires, qui femblent bien plutôt venir d'une infpiration divine, comme dit Vegece, parlant de la légion, que de l'invention de l'ef-Veg. de re prit humain. Non tantum humano cap. 2.

milit. 1.

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confilio, fed etiam divinitatis. C'est uniquement à leur difcipline militaire, qu'ils doivent leur élevation & leur gloire, & c'est à la corruption de cette même difcipline qu'il faut attribuer leur décadence, comme celle des autres grands Empires. Car c'est par elle que les Etats fe relevent ou tombent dans le mépris, parce que le courage & la fcience naiffent d'elle.

On jugera par ce que je viensde dire, fi je dois laiffer échapper l'oc cafion dans le coursde monOuvra ge de me répandre fur ceux qui font paroître tant de mépris de la difcipline militaire des anciens Grecs & Romains, par rapport au tems préfent. Ils verront, à leur honte, que ce mépris ne vient pas de ce qu'ils l'ont bien étudiéesmais de ce qu'ils ne la connoiflent pas. De-là on ne doit rien conclure de: leur mépris. Qu'on ne me dife pas

que je fuis prévenu pour l'antiquité au-delà des termes raisonnables. On verra en différens endroits de mon Ouvrage, & toutà l'heure, que je ne l'admire pas en tout, mais feulement dans les chofes, où il me paroît qu'il y au roit de l'aveuglement de la rejetter, & d'en regarder les loix militaires comme impraticables, ou peu dignes de notre admiration.

CHAPITRE V.

Digreffion fur la Tactique des Grecs &des Romains. Phalange Macédonienne.

L

A milice des Romains n'étoit pas exempte de défauts, à l'égard de la maniere dont ils fe rangeoient en bataille. L'ordre des Grecs étoit fans doute plus fimple & plus parfait ; mais défectueux

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fi l'on examine la nature des armes de leur Infanterie. C'est le fentiment de Polybe. La difcipline militaire des premiers, & l'avantage de leurs armé scorrigeoient le défaut de leur ordre; ce qu'il y a d'admirable, & d'excellent dans celui des feconds, commedans leur milice, s'affoibliffoit, & fe perdoit par l'imperfection des armes de leur Infanterie. C'est cette fimplicité de l'Ordonnance Grecque que je confidére indépendamment des armes; car elle étoit propre à toute forte d'évolutions. Celle des Romains étoit plus compolée, c'eft la nôtre d'aujourd'hui, que nous tenons d'eux. Elle exige plus d'habileté dans les Généraux, & plus d'exercice & de difcipline dans nos Troupes qu'il n'y en a.

Il y a fi peu de gens qui connoiffent bien diftinctement l'ordre, & la difpofition des Armées

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