fordre derriere la troifiéme. Si la feconde n'étoit pas mieux traitée que la premiere, la troifiéme prenoit fa place; c'étoit la derniere reffource, d'où vient le proverbe rem ad triarios rediffe: quelquefois les trois lignes s'emboîtoient les unes dans les autres, & n'en formoient plus qu'une feule en maniere de phalange, ce qui ar rivoit affez rarement. On peut juger par ce que je viens de dire de l'ordonnance Romaine, que les Grecs appelloient leg. en Spirale, c'est-à-dire par cohortes, qu'il falloit une expérience, & une valeur extraordinaire dans les Soldats, & une grande habileté dans les Généraux pour des manœuvres fi délicates, & pour faire que les lignes fuccédaffent les unes aux autres dans le combat, fans confufion & fans trouble; ce qui demandoit, comme j'ai déja dit, une fermeté à toute épreuve. Les Romains reconnurent peu à peu ce qu'il y avoit de fimple & d'excellent dans la phalange Macedonienne, aux armes près. Ils ont quelquefois combattu fur une feule ligne du tems de Céfar, partagée en trois corps. Il me femble que les Commentateurs n'ont pas fait affez d'attention fur ce changement. Le triplici acie in fronte, de Frontin, me feroit croire qu'on divifoit quelquefois l'Infanterie en trois corps fur une feule ligne droite, comme on le voit de la ici. On appelloit le corps droite A, cornu dextrum, l'île gauche B, cornu finiftrum, & le centre C, media acies. Cette méthode de combattre fur une feule ligne, avec des efpaces fort petits entre les cohortes, femble s'être introduite du tems de Céfar, vers la fin de la guerre civile, quoiqu'il en paroiffe quelques exemples avant lui. Elle eut plus de vogue. après Tra jans ce qu'il y a de certain c'est que Célar & Pompée combattirent fur ce principe à la bataille de Pharfale. Appien dans la defcription de cette bataille s'écarte affez avec Frontin fur ces deux ordres de bataille, qui font affez embaraffez dans les Commentaires de Céfar ; dequoi il y a lieu de s'étonner. On commence à voir dans cette guerre la méthode conftan-. te d'entrelaffer l'Infanterie legére entre les intervales des efcadrons; Céfar en ayant connu l'excellence dans la guerre contre Arioviste, s'en fit une regle pour l'avenir. A l'égard du changement qui paroît dans leur tactique,on pourroit le prouver par de fortes préfomptions, & de puiffantes conje&tures. Ibid. de On voit deux ou trois difpofi- Cef. com tions des deux armées de Céfar & de bel civ. de Scipion en Afrique, qui ne bel Hisp. laiffent prefque aucun lieu de douter de cette vérité. Je m'en fuis même apperçu dans la journée de Munde, qui fut furieufe & trés-opiniâtrée. Il ne paroît pas dans aucune des Armées des deux partis, que la feconde ou la troifiéme ligne ayent fuccedé à la premiere, ou qu'elles y ayent porté le moindre fecours, ce qui feroit ctoire qu'elles ne combatirent que fur une feule ligne. Ce qui me porte encore plus à le croire, c'est que Craffus, un des Lieutenans de Céfar, fe rangea en deux corps, Cef. com. & les alliez au centre, dans la bade bel. Gal taille qu'il donna aux Vocates, & aux Tarufates, peuples de Gafcogne. Dans celle que Céfar livra aux Tencteriens, & aux Ufipétes, il fe rangea de même en trois corps Ibid.lib.4. fur une feule ligne, & non pas fur trois lignes, comme dit Ablancourt. Il mit feulement fa Cavalerie dont il fe défioit en feconde ligne. 1. 3. |