Un autre plus favant, mais fans aucune connoiffance de la guerre, oferoit-il fe promettre de réuffir ? Je ne fçaurois me le perfuader; ne feroit-il pas à craindre qu'il ne fît quelque maffe brute, quelque affemblage ridicule, qui l'expoferoit à la rifée de ses Lecteurs? CHAPITRE VII. Suite du projet du Commentaire Sur Polybe. A Près avoir parlé de la Milice des Romains, j'éclaircis en plufieurs endroits de mes obfervations & de mes notes, commedans quelques Differtations, celle des Grecs & des différens Peuples, qui figurent dans cette hiftoire Les Savans trouveront les obfervations, qui font le capital de cet Ouvrage, beaucoup moins recommandables par l'évènement qui en eft le fujet, que par les inftructions qu'en recevront les gens de guerre, les conféquences que j'en tire, & les circonitances que j'y fais remarquer. Je finis chaque observation par les préceptes qui ont rapport au fujet dont l'Auteur traite. J'ac commode le tout à ma méthode, à notre maniere de combatre, au tems, aux lieux, aux occafions, à nos inclinations, à la nature de nos armes, & au génie tant de la nation, que des nations voisines. J'ajoûte à cela ce qui approche davantage de la milice de ce tems, & le fyftême de Tactique que je me fuis formé, comme le croyant plus folide, plus dégagé, & plus fimple. C'est-à-dire, que je m'éloigne en bien des chofes de nos principes; comme on pourra remarquer dans les Plans de mes or dres de bataille, que je mets comme en regard avec celui qui fait le fujet de l'obfervation. Je fais voir les différentes méthodes des Grecs & des Romains, dans l'ordre & la diftribution de chaque arme dans les combats & dans les batailles. On connoîtra par des lignes ponctuées, les évolutions, & les mouvemens généraux, de forte que le Lecteur, qui n'eft pas avancé dans cette forte de matiére, pourra aifément. entendre ce que l'Auteur dit. J'au rois eu auffi fort envie de donner en figure les combats, au moins les plus confidérables. Car dans un Ouvrage de la nature du mien, il ne fçauroit guéres y avoir trop figures. Un coup d'œil jetté fur une Eftampe, inftruit fouvent plus & fait plus d'impreffion que dix pages d'écriture. J'avois même promis ce grand nombre de Planches dans mon premier Pro de jet; fuppofant que le public m'aideroit par les Soufcriptions: mais comme on a eu l'efprit de fermer les bourfes de ce public en décriant mon travail avant que de le connoître, avant même que de fçavoir dequoi j'étois capable, comment tenir parole, à moins que le Roi, entrant dans les vûës de Scipion l'Afriquain, ne protége le Commentateur, comme ce grand homme protégeoit l'hifto rien. Revenons. Polybe à la vérité rapporte beaucoup de mouvemens d'armées, très - profonds & très - remarquables. Tels font ceux de Scipion ; mais ce grand homme ne va pas jufqu'au principe. Les habiles Tacticiens comprenent affez comme cela fe faifoit, ou fe devoit pratiquer; mais les autres qui l'ignorent doivent néceffairement en être inftruits. C'eft, à ce que di Polybe de la Phalange Macédonienne, & particulierement de la doublée, que je dois la découverte de la colonne, & la maniere de combatre & de fe former dans cet ordre. Je travaillai fur cette matiere il y a environ vingt ans, & je la pouffai fi loin, que j'en fis un Traité régulier. Il s'en eft répandu plu. fieurs copies manufcrites. Le feu Roy de Suéde Charles XII. à qui j'eus l'honneur de le préfenter, lorfque j'étois auprès de lui, le fit traduire en Allemand,avec un autre Traité de l'attaque & de la défenfe des Armées retranchées. Cette maniere de combatre par colonne, eft, felon moi, au-deffus de toute autre. Elle fait auffi le principe fondamental de ma Ta&tique; car il ne me paroît pas qu'aucune force foit capable de lui réfifter. Tout le monde parle aujourd'hui de la colonne, & peu la connoiffent, & encore moins la |