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maniere de la former avec mé thode.

Les Grecs font les premiers inventeurs de cet ordre de bataille. Hift. Grec. Le premier qui a connu la colonde Xenoph. ne,eft Epaminondas, le plus grand homme d'Infanterie qui fut jamais, il dut à cette découverte, les deux victoires de Leucres, & de Mantinée, c'eft dans celle-ci que périt ce grand Capitaine.. Regulus combatit contre Zantipe en Afrique, fur une ligne de colonnes. Il fut pourtant batu, bien moins par le défaut de fon ordre que par fon imprudence, l'ennemi n'ayant pû le rompre, il fut Folyb. 1. rompu par les éléphans, aufquels il ne laiffa aucun paffage entre les colonnes qu'il rangea trop prezà-prez, au lieu qu'il leur faut des efpaces entre elles, elles, pour se re

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muer, parce qu'elles combatent indépendanment les unes des au

tres..

A la bataille de Cannes Varron, ou pour mieux dire fon collégue, plus habile, & plus honnête homme que lui, fe rangea dans le même ordre de bataille; mais l'exécution ne fut pas conforme au projet, par la mauvaise conduite & l'ignorance de Varron.

Les Sçavans ne fçavoient pas que les Romains euffent combatu dans cet ordre à cette fameufe bataille qui leur fit tant de honte. C'est ce que Polybe nous apprend, & que Cafaubon n'avoit pas compris : cela ne me furprend pas. Tite- Live, qui fçavoit mieux le Grec que lui, & qui copioit notre Auteur par tout, ne l'a pas mieux entendu : & ces deux Traducteurs ne fe font trompez, que parce que la counoiffance du Grec ne fert de rien pour traduire, fans la connoiffance de la

guerre.

Le dernier des anciens qui a combatu dans cet ordre, & qui

Polyb.4

n'eft pas tombé dans les fautes des autres, eft Scipion. Il attaqua

le

grand Annibal dans les plaines de Polyb.l. Zama. Il fe rangea fur un front 31. de colonnes à fon Infanterie, avec des efpaces entr'elles pour être libres dans leurs mouvemens, & ces espaces laifférent encore une iffuë aux éléphans, qui devinrent par-là inutiles & fans effet. Annibal fut batu, quoique fupérieur de la moitié, & fon armée taillée en piéces par fa faute, plutôt que par celle de la fortune: victoire comparable aux plus fameufes défaites, & d'autant plus illuftre & plus remarquable, que le hazard, prefque par tout le maître, n'y eut aucune part. Annibal y perdit fa gloire & fa réputation, quoiqu'en dife Polybè, & la défaite de ce Chef fi formidable, laiffa pour jamais l'empire aux Ro

mains.

Voilà quelques articles de mon

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Ouvrage, fur lefquels je ne fais que gliffer dans mon premier projet. Ceux qui doutent du fuceez de mon entreprife s'en formeront une idée plus exacte & plus étendue l'afpect de tant de matieres la leur fera paroître infiniment plus difficile, & les fortifiera davantage dans l'opinion où ils font que j'ai entrepris au-deflus de

mes forces. Ils euffent bien mieux fait de dire, qu'elle est au-dessus de mes moyens. C'est en cela feul que je reconnois mon impuiffance, que je ne reconnoiffois pas avant une infinité de traverfes d'infortunes & de pertes, que j'ai effuiées avec plus de philofophie que ceux qui ne me connoiffent pas ne m'en accordent. Je fuis per fuadé que l'hiftoire de mon Ouvrage feroit affez amufante & af fez curieufe, fi c'étoit ici le lieu de la faire. Nous en toucherons pourtant quelque chofe, c'est

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une espece de diverfion qui fervira à délaffer le Lecteur de la gravité des matieres de 'ce difcours.

CHAPITRE VHI.

Hiftoire du Commentaire.

J'Avois lû plufieurs fois Poly

feulement pour lire &

pour m'amufer, fans aucun autre deffein. Je m'apperçûs que cet Auteur méritoit toute autre lecture que celle d'un fimple amufement. J'en fis une d'examen, de réfléxions, & de recherches. Ce qui me jetta naturellement dans l'étude des sciences, fans lesquelles on ne fçauroit écrire de la guerre. Je remplis toutes les marges de mon Auteur de mes obfervations; je penfai alors à le commenter. Je me formai le plan d'un Ouvrage régulier fur la guerre. J'eus l'hon

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