que je donne aujourd'hui au public dans la Differtation qui fait la tête de cet Ouvrage. C'est maintenant que l'on peut raifonner & critiquer l'Auteur fur fes opinions & fur fon fyftême, & juger même de sa capacité dans les connoiffances indépendantes de ses principes militaires. On y trouvera nombre de questions curieuses, de chofes nouvelles, d'exemples & de citations. On s'imaginera peut-être que ces différens détachemens m'écarteront de mon fujet en occupant trop l'efprit. Nullement; les uns comme les autres contiennent des preuves pour fortifier mes opinions ; d'ailleurs je ne me fais pas une affaire d'être attaqué par cet endroit là. Ceux qui aiment la critique auront dequoi fe fatisfaire, le moyen de s'en empêcher; on peut bien juger qu'un Ouvrage comme celui-ci, qui roulle en partie fur l'antiquité militaire, nous y conduit néceffairement. J'attaque les morts, & comme ceux-ci ne fentent rien, je ne pense pas qu'ils s'en fâchent; & quant aux vivans, ils ne s'en fâcheront pas non plus, ils ne fe croyent pas faillibles, ils font hommes comme moi,& par conféquent fujets à revision & à correction, fans que je prétende, in en relevant leurs fautes me donner pour plus habile & pour plus éclairé. Je reconnois franchement la petite portion d'efprit & d'intelligence que Dieu m'a donnée, outre que je ne pense pas avoir pouffé la critique au-delà des loix qu'elle preferit. S'il y en a qui fe plaignent que j'aye trop enfoncé l'épingle,ils auront tort, & ceux-là font en très-grand nombre; car il y en a bien peu qui veuillent reconnoître, je ne dis pas feulement leurs fautes, mais la moindre inadvertance dans leurs écrits; quoiqu'ils en croyent voir une infinité dans ceux des autres, qu'ils ménagent bien moins que je ne fais ici: car je me contente tout au plus de leur faire fentir la pointe dans des chofes où les autres les égorgeroient. Ils peuvent ufer de repréfaille fur mon Livre fans que je m'en plaigne, il n'y a point d'Auteur qui ne cloche. Il en eft des Livres comme des hommes, le plus parfait eft celui qui a le moins de défauts Il n'y en a pas un qui ne puiffe être critiqué par quelque endroit, & aucun quelque méchant qu'il puisse être, où l'on ne puiffe trouver quelque chofe à profiter, ou qui nous amufe, fi ce n'est dans ceux de nos faifeurs de Poëmes épiques. Si Si je cite le Pere Daniel en plufieurs endroits de cet Ouvrage, ce n'eft pas comme Auteur Militaire; fon Livre n'est qu'une Hiftoire de la Milice Françoife dont je fais un trèsgrand cas, où il y a beaucoup à prendre & rien de fort elfentiel à rejetter: fi je ne fuis pas du fentiment de ce célébre Hiftorien en bien des chofes, ou pour mieux dire, fi je ne me fuis pas livré à l'égard de la guerre aux opinions de ceux dont il parle, il lui importe peu que je les embraffe, ou que je ne les embraffe pas, il ne les a pas époufées; ce feroit une espece de polygamie littéraire il nous eft libre d'en : |