remit en vigueur par fa vertu fervit d'exemple aux autres : mais Corbulon les trouva anéanties & dans le mépris, prêtes à tomber, comme l'Empire qui panchoit à fa ruine, il rétablit les unes par fa vigueur & fauva l'autre, autant par la grandeur de fon courage, que par la capacité qu'il avoit acquife dans le calme d'une paix profonde. Cette Paix où nous vivons aujourd'hui, MONSEIGNEUR, que nous devons à votre fa geffe, eft une espece de miracle, le plus grand de tous les biens: mais ce feroit le plus grand de tous les maux fi la Guerre nous Surprenoit dans cet état de non chalance, de luxe & de corruption, où Corbulon trouva les armées. Si j'étois autant avancé dans les honneurs de la Milice que j'en fuis loin, on pourroit peut-être s'imaginer que je m'applique ce que je dis ici de ces deux grands hommes. Il y y a une trop grande différence entre leurs emplois les miens, entre Lars qualitez éminentes & ma mediocrité pour en faire rien conclure à mon avantage. Tout ce que je puis avoir de commun avec eux, MONSEIGNEUR, c'eft de profiter de la paix pour me rendre digne de votre estime, de faire ufage, pour m'inftruire, d'un tems, que l'on n'emá iiij ploye communément qu'aux plai firs. F'ai réfléchi fur mes lectures anciennes, j'en ai fait de nouvelles. Je me fuis rapellé toutes les leçons que m'avoient données pendant trente-fix Campagnes nos Maîtres, & les évenemens ; enfin de tout ce que j'avois lû, entendu, obfervé, vû & pratiqué, j'ai fait fur Polybe des obfervations, qui pourront paffer pour le feul Cours militaire qui ait parû depuis les anciens Grecs & Romains. V. A. R. n'y verra pourtant rien de nouveaus rien qu'Elle n'ait trouvé par elle-même. Auffi n'est-ce point pour des efprits. comme le vôtre que l'on écrit. Que pourroit-on vous apprendre, MONSEIGNEUR? Ignorezvous rien de ce qu'il eft permis l'homme de fçavoir ce que vous fçavez, aucun autre le fçait-il auffi parfaitement que vous le fçavez? A vous entendre parler de la guerre, on diroit que vous en avez fait votre unique étude. Parlez-vous de quelque autre fcience, c'eft par tout la même capacité & le même plaifir de vous entendre. On ne concevroit pas où vous avez pú trouver affez de tems pour acquérir des connoiffances fi étenduës & fi parfaites, fi l'on ne sçavoit quels fant les priviléges des génies du premier ordre. Grand fujet d'hu je miliation pour ceux qui ne peuvent les acquérir que par d'extraordinaires efforts. Ceci me regarde plus que les autres, fens que fi Vous étiez moins habile moins éclairé, je ferois peut-être moins modeste. O fi j'avois éré à portée de vous confulter, MONSEIGNEUR! fi auffi heureux que Polybe, qui eut l'avantage de recevoir les leçons de Scipion, auprès de qui il fut toujours, j'avois eu celui de recevoir les vôtres ; Quelles lumieres n'euffé-je pas répanduës fur Polybe! Quel cas la postérité n'eût-elle pas fait de mon Commentaire, fi feuffe pú l'avertir |