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PRINCE, qui dans ta grandeur même, Crains de rencontrer un écueil,

Et qui fi prés du rang suprême,
Sçais le mériter fans orgueil :
De ma Mufe recois l'hommage;
Par tout elle trace l'image
De la vertu que tu chéris ;
Je ne chante que fes maximes,

Et je fçais qu'à tes yeux, nos rimes
D'elle feule empruntent leur prix-

ASTRE E

O DE

A SON ALTESSE ROYALE

MONSEIGNEUR

LE DUC D'ORLEANS

ΟΙ

TOI que la lomange importune,

Qui ne veux que la mériter;
PRINCE, plus grand que ta fortune
Un moment daigne m'écoûter.
ASTRE' E, elle-même m'infpire
L'hommage que te rend ma lire,
Elle a décidé de mon choix;

Elle veut qu'en toi je revere
Un cœur grand, modefte & fincere
Telqu'elle en formait autrefois.

D

DESCEND du ciel, divine ASTRE'E

Rameine-nous ces jours heureux
Où des mortels seule adorée,
Seule tu comblois tous leurs vœux :
Mais fous tes faintes loix, croirai-je
Que l'homme ait eu le privilege
De fixer jadis les plaifirs?

Où ce regne fi favorable,

N'eft-il qu'un phantôme agréable,
Né de nos impuiffans defirs?

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La terre féconde & parée,

Marioit l'Automne au Printemps;
L'ardent Phœbus, le froid Borée
Refpectoient l'honneur de fes champs:
Par tout les dons brillans de Flore,
Sous fes pas, s'empreffoient d'éclore
Au gré du Zéphir amoureux;
Les moiffons inondant les plaines,
N'étoient ni le fruit de nos peines,
Ni le prix tardif de nos vœux.

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Mais pour le bonheur de la vie,

C'étoit peu que tant de faveurs;
Tréfors bien plus dignes d'envie,
Les Vertus habitoient les cœurs :
Peres, enfans, époux sensibles,
Nos devoirs, depuis fi penibles,
Faifoient nos plaifirs les plus doux;

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Pourquoi fuis-tu, chere Innocence?
Quel deftin t'enleve aux mortels
Avec la Paix & l'Abondance
Difparoiffent tes faints autels:
Déja Phœbus brule la terre ;
Borée à fon tour la refferre ;
Son fein épuise nos travaux ;
Sourde à nos vœux qu'elle dédaigne,
Il faut que le foc la contraigne
De livrer fes biens à la faulx.

Chacun du commun héritage;
'Avide, fépara fes champs;
Et ce fut ce premier partage,
Qui fit les premiers mécontents.

Contre l'air variant fans ceffe

Le Befoin

pere de l'adreffe

Eleva les murs & les toits;

Et pour tout refte de justice,

L'homme contre fon

propre vice, Forma le frein honteux des loix.

Aux cris de l'audace rebelle, Accourt la Guerre au front d'airain; La rage en fes yeux étincele,

Et le fer brille dans fa main :
Par le faux honneur qui la guide,
Bientôt dans fon art parricide,
S'inftruifent les peuples entiers;
Dans le fang on cherhe la gloire,
Et fous le beau nom de victoire
Le meurtre ufurpe les lauriers.

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