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Quelle autre avec plus d'amertume
'Ajoûte les noms aux portraits?
Le fiel découle de fa plume,
La Colere aiguise ses traits.
Je la vois qui pleine d'audace
Chaffant mille auteurs du Parnaffe,
De lauriers dépouille leur front;
Et ce revers les laiffe en proye
Auris, à la maligne joye

Plus cruelle encor que l'affront.

Qu'entens-je ? Euterpe au pied d'un hêtre, Chantant les troupeaux, les jardins, Du fond'une flûte champêtre,

Réveille les échos voisins.

Deux Bergers que fa voix enchante,
Des biens tranquiles qu'elle chante,
Viennent étudier le prix :

Et tous deux ofent aprés elle,
Sur une mufette fidelle

Redire ce qu'ils ont appris.

Mais

Mais icy fous des ciprès fombres,

Une Nymphe l'œil égaré,
Redemande au Tiran des ombres
Un amant trop-tôt expiré.
Querellant la Parque perfide,
Le pâle chagrin qui la guide,
Lui creuse un tombeau fous fes

pas.

L'Amour approuve ses allarmes,

Et vainqueur tendre, il plaint des larmes Qui fans lui ne coûleroient pas.

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Quelle Mufe de fleurs nouvelles
Qu'affemble un choix ingénieux,
Fait des Guirlandes immortelles,
Ornement des Rois & des Dieux ?
Elle chante au gré de son zele,
Le fils enjoué de Séméle,
Où l'aveugle fils de Venus ;
Et quelquefois dans les allarmes,
Elle ofe pour le Dieu des armes,
Négliger l'Amour & Bacchus.

K

C'est Polhimnie ; à tant de grace,
Qui peut méconnoître tes chants?
Autrefois fous le nom d'Horace,
Tu fis tes airs les plus touchants.
Aujourd'hui le Dieu qui m'infpire,.
A daigné me préter ta lire

Pour celebrer le Double-mont.
Si j'en ai foûtenu la gloire,

Muse, viens payer ma victoire,

D'un laurier digne de mon front.

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C'eft fait; pour prix de mon audace, J'entens qu'on décerne à mon nom Tous les honneurs de ce Parnaffe Dont PONTCHARTRAIN eft l'Apollon.

Des loix fouverain interprette,

Toi de qui la fageffe prette

Aux Mufes, l'appui de Thémis;
Phoebus veut que fous tes aufpices,
Je confacre ici les prémices

Des triomphes qu'il m'a promis

L'EMULATION.

O D E.

A MONSIEUR

DE FONTENELLE

D

EPOUILLONS Ces respects fervites
Que l'on rend aux fiécles paffes.

Les Homères & les Virgiles

Peuvent encor être effacés.

Dût l'audace fembler plus vaine
Que celle du fils de Climéne,
Ou de l'amoureux Ixion;
Il faut, au mépris du vulguaire,
Secoüer, fage téméraire
Le joug de l'Admiration.

Jadis l'Italie & la Grece
Ont produit de rares efprits:
De fes premiers traits, la Sageffe
Nous éclaire dans leurs écrits.

Mais le jour doit fuivre l'aurore:
De l'honneur de les vaincre encore.
Confervons l'espoir généreux.
Malgré l'intervale des âges,
Ozons, en lifant leurs ouvrages,

Nous craire au moins hommes comme eux,

Eh pourquoi veut-on que j'encenfe
Ces prétendus Dieux dont je fors 2
En moi la même intelligence

Fait mouvoir les mêmes refforts.
Croit-on la Nature bizare,

Pour nous aujourd'hui plus avare
Que pour les Grecs & les Romains
De nos aînez mere idolâtre,
N'eft-elle plus que la marâtre
Du refte groffier des humains?

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