Que cette fleur qui vient d'éclore,
Promet de fruits à nos neveux!
Nous beniffons déja l'aurore

Du jour qui doit luire fur eux.
Par tout les temples retentiffent
Des chants dont nos cœurs aplaudiffent
Au ciel fi prodigue pour toi.
Goûte, témoin de notre zéle,
Dans l'amour d'un peuple fidéle,
Le plus digne plaifir d'un Roi.

Joui de ces finceres fêtes
Que l'amour vient nous inspirer;
Telles que tes juftes conqueftes

En ont fait cent fois célébrer.

Lors le foleil fe retire,

que

Il femble

que fur ton empire

Un autre fe léve, & nous luit;
Et notre joye ingénieufe,
Malgré fon abfence ennuyeuse,
Fait un nouveau jour de la nuit,

Par tout de ces lances ardentes
Que fuit le regard curieux,
Naiffent mille étoiles brillantes
Qui font pâlir celles des cieux.
Par tout réfonne l'art d'Orphée :
Les Jeux triomphans de Morphée,
Ont pris la place du repos;

Et de tous côtés, fur leurs traces

Les Ris dançant avec les Graces,

Foulent aux pieds fes froids pavots.

Qu'en ce Prince un jour fe confomme

Tout ce qu'on ofe en efperer!

Ileft ton fils, mais il eft homme;

Sa jeuneffe peut s'égarer:

Sous tes yeux, jufqu'à son automne,

Qu'il fe prépare à la couronne:

Pour ce vœu nous nous uniffons.

Rend le digne de fa naissance ;

Et ce qu'en lui le Sang commence

Achéve-le partes leçons.

Que ta fage valeu l'inspire ;
Modére en ce futur vainqueur,
Le foin d'étendre fon empire,
Ordinaire écueil d'un grand Cœur,
Maître de tout, que la Juftice
Elle feule l'affujetiffe;

Qu'il y fache tout raporter.
Qu'aimé d'un peuple qui doit naître
Il faffe fon plaifir de l'être,

Sa gloire de le mériter.

L'Hiftoire a foupçonné qu'Augufte

D'un fouci jaloux combattu,
Vouloit qu'un Succeffeur injufte
Servit de luftre à sa vertu.
Moins efclave de ta mémoire,
Fu formes tes fils à la Gloire,
Par tes leçons & tes exploits;
Content, fi plus grands que toi-même
Ils t'enlevoient l'honneur fuprême

D'être le modele des Rois.

Mais non,eux feuls mieux que nos veilles,

Mieux

que tout
tout l'effort d'Apollon,

Peuvent par leurs propres merveilles,
Affûrer l'honneur de ton Nom.

Leurs faits feront le témoignage
De ces prodiges que notre âge
Te voit fans ceffe exécuter.

Au mépris même de l'Histoire,
L'Avenir n'oferoit les croire,
S'il ne les voyoit imiter.

LA GLOIRE

ET LE BONHEUR DU ROY,

DANS LES PRINCES SES ENFANTS

O DE.

A MONSEIGNEUR 'ASTRE fécond qui nous éclaire, Devant qui les autres ont fui,

Confond le regard téméraire

Qui s'ofe élever jufqu'à lui;

Mais, quand dans la nuë éclatante
Où lui-même il se represente,

Sa fidelle image nous luit

Notre œil que ce prodige attire,
D'un regard tranquile l'admire,
Dans l'aftre nouveau qu'il produit.