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L'ACADÉMIE

DES SCIENCES

ODE.

A MONSIEUR

L'ABBE' BIGNON

QUEL

UEL eft ce mortel que j'obferve?
L'humble Vertu lui fert d'appui;
A fes côtés, marche Minerve :
L'Ignorance fuit devant lui,
Mais quel prodige ! sur ses traces,
Le Sçavoir raffemble les Graces
Lui qui fi fouvent les bannit,
Ah! je fçai qui je vois paroître :
Pourrois-je encor le méconnoître
C'eft BIGNON qui les réunit.

Prête l'oreille à mon audace,

D'un regard viens me fécourir ;
J'ofe célébrer ce Parnaffe
Que tes foins ont fait refleurir.

Jy vois l'adroite Mécanique ;
Ingénieufe, elle s'applique
A mille prodiges nouveaux ;
Elle force tous les obstacles,

Et fait fervir à fes miracles,

L'air, le feu, les vents, & les eaux, Xx

Uranie, aux celeftes voutes

Elevant fes hardis regards,

Parcourt les inégales routes Que tiennent les aftres épars; Prévoit quel corps dans leur carriere Doit nous dérober leur lumiere Et nous en prédit les inftans : Sçait leur diftance, leur méfure, Et tous les rangs que la nature Leur a preferits dans tous les temps.

La Géométrie eft le guide

1

Qui fans ceffe éclairant leurs pas,
Leur prête le fecours folide

De fa regle & de fon compas.

Ses fœurs avec elle infaillibles,
Bien-tôt dans leurs fentiers pénibles,
S'égareroient fans fa clarté.
Toutes fes demarches font fûres,
Et fa main à nos conjectures,

Met le fceau de la verité.

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Mieux qu'elle encor l'exacte Algébre, Ce grand art aux magiques traits, Auffi négligé que célebre, Pénétre les plus hauts fecrets. La Verité, des yeux vulgaires A beau reculer les miftéres Il s'obftine à les dévoiler; Et par un artifice extrême En l'interrogeant elle-même Illa force à fe déceler.

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Moins haute, & non moins instructive L'Anatomie en ses emplois,

Du

corps où notre ame eft captive,

Examine toutes les loix.

Elle fuit ce fecret Méandre,
Que la nature y fçut répandre,
Dans tous les détours de fon lit.
En fa recherche ofons la fuivre ;
Eh! n'eft-il pas honteux de vivre
A qui ne fçait pas comme il vit?
XX

Mais helas! que de maux nous caufe:
Ce corps fi fouvent abbatu !

Quel art à fes douleurs oppose
Des plantes l'obfcure vertu ?
La Botanique fecourable
Va, d'un regard infatigable,
Obferver leur diversité ;

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Et toûjours fçavamment furprise

De la main qui les organise,
Adore la fécondité,

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Je vois la Chimie attachée
A fervir encor fon deffein;
De la Nature trop cachée,
Seule, elle fçait ouvrir le sein;
Voit par quels fecrets affemblages,
Elle a varié fes ouvrages,
Animaux, plantes, mineraux ;
Et fçait en milleexperiences,
Faire à son gré, les alliances
Et les divorces des métaux,
xx

Sçavantes Sœurs, foyez fidelles
A ce que préfagent mes vers:
Par vous, de cent beautez nouvelles,
Les Arts vont orner l'univers,

Par les foins que vous allez prendre,
Nous allons bientoft voir s'étendre

Nos jours trop prompts à s'écouler;
Et déja fur la fombre rive,
Atropos en eft plus oifive,
Lachéfis a plus à filer.

L'HOMME,

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