Parle, il eft temps que tu t'excuses Du fafte outré de tes écrits. Cette fierté fied bien aux Mufes, Des vers elle augmente le prix ; Seule elle y met les traits fublimes, Parelle, dis-tu, fur nos rimes Un feu plus vif eft répandu. •Pretexte d'un efprit qui s'aime, Et qui veut s'enyvrer lui-meme De tout l'encens qu'il fe croit dû! L'amour de ta propre beauté, Qu'un effort prudent t'accoûtume A te voir du mauvais côté. Avoue à la future race, Si jufques-là vont tes accords, Qu'il fut mille auteurs dont l'audace Que tu voyois de la barriere De mes temeraires faillies Je reconnois enfin l'abus J'abjure aujourd'hui les folies Des fiers éleves de Phoebus. Stérile artifan de paroles, J'ai honte des lauriers frivoles Dont moi-même j'ai ceint mon front Mais dece langage peut-être, Ma fiereté vá groffir fes droits. Qu'elle gloire de fe connoître, Me crie une fecrete voix ! C'eft là le fçavoir le plus rare, Et qu'aux auteurs le Ciel avare A le plus fouvent refufé. Ah! je connois le stratagême; Et la modeftie elle-même N'eft que notre orgueil déguife. ୧୯:୨୨ Toi, qui demens cette maxime HUET, tu peux la cenfurer ; Objet de la publique estime Toi seul, tu parois t'ignorer. Tes talens, ton fçavoir extrême Prodige aux yeux des fçavans même Pour toi ne font point un écueil ; Et de ces pieges garantie, A femble que ta modeftie |