L'IMMORTA ODE. A MESSIEURS DE L'ACADEMIE FRANÇOISE. I E U des vers, pourai-je fuffire Tes Favoris à célébrer ? Par eux, les Filles de Mémoire Aux mortels dispensent la gloire : Malgré l'Envie & l'Ignorance, C'est toi qui fous le nom d'Armand Pris le foin d'embellir la France De fon plus durable ornement, Tu t'élevas un Sanctuaire Où loin du profane vulgaire Tes nouriffons furent admis; Et réunis par cette grace, Merveille inoüie au Parnaffe, Les rivaux devinrent amis. Depuis plus de quatorze luftres, Que j'y vois de Heros divers! Quelle foule de noms illuftres Demandent place dans mes vers! D'un poids égal dans la balance, Leurs travaux, pour la préférence, Tinrent les efprits fufpendus ; Et le mien incertain encore, En les admirant tous, ignore Ceux qu'il doit admirer le plus, ? Les uns à qui Clio revele, Les faits obfcurs & reculés, Nous tracent l'image fidele De tous les fiecles écoulés. Des Etats la fombre origine,OXFORD Les progrés, l'éclat, la ruine, Repaffent encor fous nos yeux; Et prefens à tout, nous y fommes Les autres du fecours des fables, Ont orné les faits mémorables Notre âge retrouve un Homere, Dans ce poëme falutaire, Par la Vertu même inventé; Les Nimphes de la double cime, Qu'en faveur de la verité. Des deux Souverains de la Scene L'afpect a frappé mes efprits; Tour à tour, ils nous font entendre D'un Art encor plus difficile, Mais du peuple moins refpecté, Souvent plus d'une main habile Nous a fait fentir la beauté. Peintres de l'humaine folie, C'est vous qui prétez à Thalie Le mafque qui couvre fon front: C'est vous dont l'heureux artifice En nous expofant notre vice, Fait nos plaifirs de notre affront. |