En vain tivalle de Bellone, La Paix t'étale fes appas; Si-tôt que le Devoir l'ordonne La France enfante des foldats. Pallas te prête fon égide,
Tu fçais fage autant qu'intrépide,. Combattre & proteger les Rois: Sans témérité, fans allarmes, Tu comptes pour prendre les armes Non tes ennemis, mais tes droits.
Mais au mépris de la Victoire, Et malgré fes dons prodiguez, A peine du fein de ta gloire,, Vois-tu tes fujets fatiguez; De l'olive tu ceins leurs têtes, Tu rachettes de tes conquêtes, L'amour de l'ennemi dompté: Tandis que ton peuple moins fage, Privé du prix de ton courage, Murmure contre ta bonté
Pourfuis, fais les plus grands prodiges, Par un principe encor plus grand; Puiffe marcher fur tes veftiges, Tout Roi, paifible ou conquérant. Aux cœurs que leur penchant domine, Fais aimer cette loi divine,
Que les Rois doivent refpecter ;; Et négligeant jufqu'à l'eftime, Que ton exemple magnanime. Les inftruise à la mériter.
A MONSEIGNEUR, LE DUC
DE BOURGOGNE.
Alliope, fçavante Fée,
Infpire-moi de nouveaux airs, Je veux fur les traces d'Orphée, Defcendre vivant aux Enfers. Conduis-moi, que le trifte empire, Aux fons triomphans de ma lire, Soit ouvert encore une fois ;
Et qu'enchanté comme les ombres, Cerbere des Royaumes fombres
Me laiffe violer les loix.
Sur le Styx où déja je touche,
Je vois le vieux nocher des morts,.. Aproche & d'un cœur moins farouche, Pour tribut, reçois mes accords. C'en eft fait; l'oreille attentive, Il ferend, & de l'autre rive, En vain le ménace Alecton: Le fleuve écume fous fa rame, Et l'onde noire qu'il entame Me porte au palais de Pluton.
, regne en un morne filence, Ce Tiran aux feveres traits, Près de la Beauté dont l'abfence Coûta tant de pleurs à Cérés. La Douleur, la Faim, le Carnage Le Defefpoir, l'aveugle Rage, Sont fes miniftres odieux Et pour plaire au Roy duTénare, Se difputent l'honneur barbare De mieux peupler les fombres lieux.
Qu'entens-je ! Le Tartare s'ouvre ; Quels cris, quels douloureux accens: !! A mes yeux la flame y découvre Mille fupplices renaiffans.
Là, fur une rapide roüe, Ixion dont le Ciel fe jouë,
Expie à jamais fon amour.
Là, le cœur d'un Géant rebelle?
A l'avide faim d'un vautour.
Autour d'une tonne percée, Se laffent ces nombreuses fœurs, Qui fur les freres de Lyncée, Vangerent de folles terreurs.. Sur cette montagne gliffante,, Elevant fa roche roulante, Sifiphe gémit fans fecours ;- Et plus loin cette onde fatale Infulte à la foif de Tantale, L'irrite, & la trahit toûjours.
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