boteufe, pleine de gerces, & d'une texture irréguliere. Nous convenons fans difficulté qu'il s'échappe plus de transpiration des bourgeons herbacés, que des jeunes branches, & qu'il s'en échappe fort peu par les groffes écorces; & c'est pour prévenir cette objection, que je n'ai pas oublié de conftater, par quelques expériences, qu'il s'échappe de l'humidité des plus groffes écorces: voici en peu de mots quelles font ces expériences.

§. 1. Expérience qui prouve que la feve peut s'échapper à travers la groffe écorce.

DANS le mois de Septembre, j'ai choifi plufieurs rondins de Chêne, tout récemment abattus & en grume, de trois pieds de longueur & de huit à neuf pouces de diametre ; j'en ai fait poiffer quelques-uns par les bouts; d'autres n'ont point été poiffés; j'ai dépouillé quelques-uns de leur écorce; j'ai fait pefer enfuite ces différents morceaux de bois, & j'ai continué de les faire pefer tous les huit jours à différents mois de l'année. J'ai connu très-évidemment que la feve s'échappoit de ces morceaux de bois, mais fenfiblement moins de ceux dont les bouts étoient poiffés, que de ceux en grume, & moins promptement de ceux-ci que des écorcés.

§. 2. Obfervations relatives au même objet.

Le détail exact de nombre d'expériences qui prouvent toutes ce que je viens d'avancer, fatigueroit le Lecteur, ainsi je me contenterai de rapporter feulement & fort en abrégé, quelques faits où la différence s'eft trouvée plus considérable qu'elle ne l'eft ordinairement.

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Un rondin de Chêne en grume qui, tout frais abattu 45 liv. une once un gros, un mois après s'eft trouvé pefer 44 liv. quatre gros: ainfi il n'avoit diminué en un mois que d'une liv. cinq gros.

Un pareil rondin auffi en grume, mais dont on avoit poiffé

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les bouts, & qui pefoit 31 liv. 3 onces 2 gros; au bout d'un mois pefoit 31 liv. 2 onces 2 gros & demi; ainfi dans le même efpace de temps, il n'étoit diminué que de 7 gros & demi. Un pareil rondin écorcé, qui pefoit, lors de fon abattage, 29 liv. 3 onces 4 gros, un mois après ne pefoit plus que 24 liv. cinq onces 2 gros; ainfi il étoit diminué de 4 liv. 14 onces 2 gros Il eft bon de remarquer que dans cette expérience, tous ces rondins avoient été dépofés dans un grenier fort fec; mais les deux fuivants ont été déposés dans un fellier frais & humide.

Un rondin semblable aux précédents, pefoit, lors de fon abattage, 29 liv. 12 onces 6 gros; ayant refté un mois dans fon écorce, 29 liv. 7 onces 3 gros; ainfi il n'a diminué dans ce temps que de onces 3 gros.

Mais un pareil rondin qui, fans écorce, pefoit 25 liv. 4 onces, un mois après ne pefoit plus que 24 liv. I once 5 gros; ainfi il étoit diminué dans ce lieu humide de 1 liv. 2 onces 3 gros.

D'où l'on peut conclure, que quoique l'écorce dure & raboteuse du Chêne faffe un obftacle à la diffipation de la seve, ce fluide parvient cependant à se frayer des paffages au travers de fes pores : c'étoit le but de l'expérience que nous venons de

rapporter.

§. 3. Expérience faite fur des tronçons d'arbres femblables, les uns équarris, les autres reftés en grume.

PEUT-ETRE traitera-t-on cela de pure curiofité; mais nous avons cru qu'il ne fuffifoit pas de favoir que la feve s'échappoit plus promptement d'une piece de bois écorcée, que de celle qu'on auroit laiffée avec fon écorce'; qu'il étoit encore avantageux de connoître le plus exactement qu'il nous feroit poffible, en quelle proportion la feve s'échappe d'un morceau de bois écorcé, relativement à celui qui feroit refté en grume. Comment effectivement pouvoir, fans une pareille connoiffance, se décider fur les avantages ou fur les risques

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qu'il peut y avoir à conferver les bois en grume, ou à les dépouiller de leur écorce, auffi-tôt qu'ils ont été abattus.

Le 15 du mois de Février, nous choisîmes dans un même terrein deux Chênes du même âge, & comparables, autant qu'il étoit poffible; ils avoient 15 à 20 pieds de tige, & environ 14 à 15 pouces de diametre par le pied: nous les fimes abattre dans le même temps; & fur le champ l'un d'eux fut marqué d'un A, & l'autre d'un B, (Voyez Pl. XVII. fig. I); nous fimes couper leur tronc par billes de trois pieds de longueur; chaque arbre nous en fournit 4 que nous numérotâmes 1, 2, 3, 4. Ces huit billes furent voiturées fur le champ au Château de Denainvilliers, lieu où fe devoit fuivre l'expérience (*): la bille, numéro 1, de l'arbre A, refta en grume; la bille, numéro 2, du même arbre fut équarrie; la bille, numéro 3, refta en grume; & la bille, numéro 4, fut équarrie. En même temps on équarrit la bille, numéro 1, de l'arbre B; on écorça la bille, numéro 2; on équarrit la bille, numéro 3, & on écorça la bille numéro 4: tout cela fut exécuté dans la journée; le foir, on les pefa toutes, & on les dépofa sous un hangar fort ouvert, mais expofé au Nord.

On continua à les pefer tous les jours depuis le 21 Février jufqu'au premier Mars, puis on les pefa tous les deux jours jufqu'au 28 Mars, enfuite on les pefa tous les huit jours, ce qui fut continué jusqu'au 20 Juin; enfin on ne les pefa plus que tous les mois, ce qu'on continua jufqu'au 24 Janvier 1738.

Voici le Journal de ces pefées, tel qu'il fe trouve fur le regiftre de nos expériences nous dirons, dans le paragraphe fuivant, quelles font les conféquences qu'on en peut tirer.

(*) Voyez Pl. XVII, fig. 1. tant pour la piece A que pour la piece B.