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le voit par les lettres A B, CD, (Fig. 1), & E F, GH, (Fig. 2), les lignes infcrites a bed, (Fig. 1), ainsi que e f g h, (Fig. 2), marquent la groffeur des pieces lorfqu'elles ont été bien feches; il faut obferver que ce deffein eft très-correct. M NO, (Fig. 1), & NBP, (Fig. 2), marquent la direction des couches annuelles: iiii, &c, marquent la direction des fibres rayonnées qui ne vont pas toujours en lignes droites, & qui ne fe prolongent pas toujours fans interruption depuis le centre jufqu'à la circonférence; k, le cœur de l'arbre; L LL, &c, les fentes.

On voit, 1o, que le cœur de l'arbre k, (Fig. 1), eft dans la piece, & qu'elle fe trouve beaucoup plus fendue que la piece, (Fig. 2), où le cœur eft dehors; 2°, la plus grande partie des fentes fe trouve du côté a d, qui eft le plus voisin du cœur ; 3°, on peut remarquer que les courbures e ƒ, (Fig. 1 & 2), ressemblent assez à celles que nous avons déterminées au commencement du fecond article de ce Chapitre.

En voilà, me femble, affez fur les pieces de bois refendues en deux ou en quartelage; je vais maintenant examiner ce qui doit arriver aux pieces débitées en plateaux, en membrures en bordages, & en planches de différentes épaiffeurs : il y a lieu de croire que les bois débités de ces différentes façons se fendront encore moins, puifque les couches ligneufes ont pu fe contracter d'autant plus facilement. Il est à propos d'examiner cela en détail, & de rapporter les expériences que j'ai faites fur des pieces de bois débitées de toutes ces manieres.

§. 36. Septieme Expérience.

La premiere figure de la Planche XX représente un arbre verd qui a été refendu en planches épaiffes, ou en bordages, par les lignes a, b, c, d, e; on a enfuite confervé ces planches dans un lieu fec, jufqu'à ce qu'elles euffent entiérement perdu leur humidité. On les a voulu pofer enfuite les unes fur les autres, comme fi l'on avoit deffein d'en reformer un corps d'arbre en entier; mais ces planches ne pouvoient plus fe joindre auffi exactement qu'elles le faifoient en a, en b, en c, en d, en e: elles fe touchoient bien par leur milieu; mais leurs

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bords reftoient écartés, comme on le voit en mm, en nn, en oo, &c; par conféquent ces planches s'étoient toutes courbées; mais mn, moins que no; no moins que op; op moins que pq• La Planche D, (fig. 2), ne s'étoit cependant point courbée, & les ouvertures a a, bb, ont été produites principalement par la contraction des portions c c.

Voilà le fait; mais pour mieux concevoir par quelle méchanique il s'opere, il faut jetter les yeux fur la figure 2, Planche

XX.

La membrure D, (fig. 2 ), a été levée au cœur de l'arbre ; elle eft formée des couches Y, X, V, T, S, &c, qui font de différents âges, & par conféquent de différente denfité. Celle du cœur eft la plus denfe, & Y, celle qui l'eft le moins : toutes ces couches fe contracteront; ainfi a a, & bb fe rapprocheront du centre; la planche perdra de fa largeur: ce n'eft pas tout; elle diminuera auffi d'épaiffeur, plus en Y où le bois eft moins denfe, qu'en XVTS, &c, où le bois devient dense de plus en plus. Mais la planche ne fe courbera pas, parce que la contraction fera la même fur la face a a que fur la face bb.

Il n'en fera pas de même de la planche m m, a a, de la figure 1: comme il y a plus de bois jeune à la face nn, qu'à la face m m, la face nn doit plus fe contracter que la face m m : la planche fe courbera donc, & les faces de cette planche prendront la figure représentée par les lignes ombrées fur cette figure.

Toutes les planches de la figure 1, s'arqueront d'autant plus, qu'il y aura plus de différence entre la denfité du bois des faces n n & o o, o o & p p , p P & 99.

Conféquences de l'Expérience précédente.

1o, On voit clairement par l'expérience que je viens de rapporter, qu'une planche qui contient le centre d'un arbre, comme eft la planche D, (Pl. XX. fig. 2), ne s'arque pas.

2o, Que toutes les autres planches s'arquent d'autant plus, qu'elles font plus éloignées de ce centre.

3o, Il est évident que les planches fe doivent arquer d'au

tant moins qu'elles feront plus minces: ainfi les planches a a,
hh, hh, bb, fe courberont moins que les planches a a,
bb, cc,cc, dd, qui font plus épaiffes.

b b

4o, Ces planches feront toutes très-peu endommagées par les fentes; celles qui feront fort épaiffes, auront feulement quelques gerces à la partie moyenne de la face convexe, & quelques fentes à leurs bouts; mais comme les fentes des bouts font caufées par le raccurciffement des fibres & non par leur rapprochement, j'en parlerai après que j'aurai rendu compte des expériences exécutées à Marseille par M. Garavaque.

§. 37. Huitieme Expérience.

LORSQUE j'étois à Marseille,on reçut dans le port des billons encore verds de Chêne de Bourgogne pour en faire des lattes * : on a coutume de les conferver ainfi en billons, & de ne les refendre en lattes que quand on doit les employer. On trouve ordinairement ces billons traverfées par de grandes fentes qui font tomber beaucoup de bois en pure perte. Je fis refendre fur le champ plufieurs de ces billons en lattes, & je les mis fous un même hangar avec d'autres pieces que je confervai en billons. M. Garavaque les a vifités plus de quatre ans après : il a trouvé que les lattes refendues étoient fans aucune fente & en très-bon état ; mais les billons de comparaison étoient fendus autant que le Chêne de Bourgogne peut l'être; car, comme je l'ai déja remarqué, il ne s'ouvre jamais autant que les Chênes de Provence.

§. 38. Conféquences de l'Expérience précédente.

ON peut conclure de cette expérience, qu'il est très-avantageux, pour prévenir les fentes, de refendre tout verds les bois qui font deftinés à être débités ainsi, de se hâter de percer les corps de pompe & tous autres tuyaux, de vuider les gouttieres, &c; il en résultera une grande économie, du moins

*Les lattes, pour le fervice des Galeres, font faites de madriers affez épais, & qu'on refend avec la scie-de-long dans des pieces de bois quarré qu'on appelle billons.

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pour les bois de Bourgogne, & proportionnellement pour ceux de Provence.

§. 39. Neuvieme Expérience.

LE 27 Mai 1736, M. Garavaque choifit douze billons de Chênes de Provence de diverse groffeur & de différents âges ; ces billons avoient quatre ou cinq mois de coupe.

Le bois de quatre de ces billons étoit d'environ 60 ans, & ces pieces portoient 10 à 12 pouces d'équarriffage.

Le bois de quatre autres billons étoit d'environ 100 ans les pieces portoient 15 à 16 pouces d'équarriffage.

Le bois des quatre billons reftants, étoit beaucoup plus âgé les pieces avoient 30 à 32 pouces de diametre.

Il fit refendre fix de ces billons, favoir, deux de chaque âge, en tranche de 5 à 6 pouces d'épaiffeur; il les fit placer dans un magasin avec d'autres billons qui étoient restés dans leur entier & qui devoient fervir de pieces de comparaifon.

Le 6 Juillet 1739, plus de trois années après le fciage de ces pieces, il trouva que les plateaux du bois, le plus jeune étoient plus fendus que ceux du bois plus âgé; & parmi les tranches du plus âgé, les unes étoient très-peu fendues, & d'autres ne l'étoient point du tout.

Les billons de comparaison étoient fort ouverts, excepté du côté qui étoit tourné vers la terre.

Les dix-huit plateaux qu'on avoit tirés des fix billons étoient donc plus ou moins gercés; M. Garavaque en trouva cinq fans aucune fente, neuf qui en avoient quelques-unes, mais qui ne pénétroient pas fort avant; enfin quatre autres étoient traverfées de grandes fentes.

§. 40. Conféquences de cette Expérience.

Voita donc quatorze pieces de bois de différents âges qui fe font confervées fans fe fendre confidérablement ; & dans ce nombre il y en a eu cinq qui s'en font trouvées totalement exemptes, il n'y en avoit que quatre ou cinq qu'on pût dire

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endommagées par les fentes ; au lieu que les fix billons qu'on avoit confervés en entier comme pieces de comparaison, se sont trouvés tous très - fendus; cependant ils étoient de bois de Provence, & les plateaux qu'on en a tirés avoient cinq ou fix pouces d'épaiffeur, & la plupart avoient été pris dans des pieces qui n'étoient pas fort groffes: tout cela influe beaucoup pour occafionner des fentes. Pour faire fentir combien cet article eft important, fur-tout pour les ouvrages cintrés, il faut jetter les yeux fur les figures 1, 2 & 3 de la Planche XXII. La premiere repréfente un plateau dont on veut faire trois eftamenaires pour les galeres ; il en feroit de même pour les flasques des affuts de canons, &c.

§. 41. Dixieme Expérience.

A peu-près dans le même temps, M. Garavaque fit refendre en bordages de trois pouces d'épaiffeur, un billon de Chêne de la même coupe, & qui étoit encore très-verd: ces bordages fe font confervés fans la moindre fente.

§. 42. Conféquences de cette Expérience.

CETTE expérience démontre que j'ai eu raifon d'affurer qu'on pouvoit prévenir d'autant plus les fentes, qu'on refendra les bois en planches plus minces: j'ai pouffé cet examen jufqu'aux plus petites épaiffeurs, dont il eft inutile de rapporter le détail.

Après avoir donné des faits fur le rapprochement des fibres ligneufes, je vais maintenant prouver qu'elles fe raccourciffent, & examiner ce que ce racourciffement doit produire.

ARTICLE III. Où l'on démontre que les fibres fe contractent fuivant leur longueur.

QUOIQUE les parties des plantes qui portent le fuc nouricier, & qui le diftribuent, foient ordinairement appellées vaiffeaux, à caufe qu'elles ont les mêmes fonctions que les vaif

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