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Si au lieu d'élever le manche c du coutre, on appuie deffus pour l'abaiffer, le contraire arrivera; c'eft-à-dire, que le tranchante s'appuyera fur la partie gb de la piece de bois, & le dos f fur la portion d b; & comme ƒ b fait dans ce cas un plus long levier que eb, la portion db de la piece de bois, defcendra pendant que la portion g b reftera prefque immobile.

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Pour faire comprendre que cette circonftance n'eft point indifférente aux Fendeurs qui veulent bien conduire leur fente fuppofons que la piece de bois k l (Fig. 3), soit fendue jufqu'en m; fi on fuppofe les fibres de ce bois tendues bien rallelement, depuis k jusqu'à 1, & que deux forces pareilles appliquées en n & en o, agiffent en fens contraire pour écarter les parties no, la fente doit naturellement s'étendre en ligne droite jufqu'à 1, & de forte que les morceaux ni & ol feront d'égale épaiffeur; mais il n'en fera pas de même si nous fuppofons une des deux forces appliquées en p (Fig. 4), & l'autre en q; la portion rp reftera droite, & la portion qs fe courbera beaucoup. On fent évidemment que cela doit être, parce que la puissance appliquée en p, n'agit, pour augmenter la fente, que par le court levier pt; au lieu que la puiffance appliquée en q, agit par un plus long levier qt: or, comme la courbures q occafionne la rupture de quelques fibres ligneufes en t; il en résulte que la fente quitte la direction qu'on lui fuppofoit avoir fuivant l'axe de la piece, & elle s'approche d'autant plus du côté, que la courbure qs eft plus confidérable. Les Fendeurs ignorent les conféquences du raifonnement que je viens dé faire; mais ils favent très-bien appuyer ou élever le manche de leur coutre, pour faire prendre à leur fente la direction qui leur convient; c'eft pour cela qu'ils retournent en fens différents la piece KL (Fig. 1), afin de pou voir manier plus commodément le manche de leur coutre, fuivant la direction qu'ils veulent donner à la fente : ce n'étoit que par fuppofition que j'ai dit que le Fendeur relevoit fon coutre; car il eft évident qu'il ne peut faire force qu'en appuyant, & c'eft pour cela qu'il retourne fa piece, & qu'il appuye toujours fur le manche du coutre, ce qui fait le même

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effet que fi, fans changer cette piece de fituation, il relevoit fon coutre comme j'ai fuppofé qu'il faifoit.

Le Fendeur fait encore profiter de la courbure q s, (Fig. 4), d'une façon plus fenfible: pour le faire concevoir, fuppofons que la piece k ( Fig. 3), deftinée à faire deux lattes, foit placée dans l'attelier, de la même maniere que la piece de bois KL (Fig. 1); fi le Fendeur s'apperçoit que la fente s'approche trop de m, il met fa main enq (Fig. 5); & en appuyant, il fait prendre à cette partie la courbure 95; alors en portant fortement le tranchant du coutre dans l'angle t, la fente change bientôt de direction & s'approche de s. Les Fendeurs emploient fouvent & avec fuccès ces moyens pour fendre en ligne droite des pieces de bois, dont les fibres ont naturellement un peu d'obliquité.

Ces réflexions générales nous ont paru trop importantes fur cet objet, pour négliger de les rapporter. Je reviens maintenant au détail des outils.

Le coutre (Pl. XXV. fig. 6), a deux biseaux ; c'eft l'outil qui fert le plus au Fendeur : la partie a b eft de fer acéré, & tranchante; elle porte deux bifeaux, comme on le voit par la coupe e, la partie dg, eft le dos de ce coutre fur lequel l'Ouvrier frappe avec une maffe pour commencer la fente; ce dos eft d'environ deux lignes & demie d'épaiffeur; la longueur de c en b, eft de 9 pouces plus ou moins, fuivant les ouvrages qu'on a à fendre; les coutres des Fendeurs de cerches font néceffairement plus longs. La largeur du fer de d en c eft ordinairement de quatre pouces; la partie c b qui, comme on le peut voir par la coupe e, forme un coin mince & tranchant, eft terminée par une forte douille ik, plus ouverte du côté de k, que du côté de i; c'eft pour cela que le manche qui eft fait de bois, doit être plus menu par le bout L que par le bout k, qui eft entré à force dans la douille & qui excede un peu le

fer du coutre.

C'eft avec ce coutre que l'Ouvrier commence la fente, & qu'il la prolonge tout le long de la piece, comme nous l'avons dit ci-dessus en parlant de l'attelier. Il est évident que fi la lon

gueur du manche augmente la force du Fendeur, la largeur du

tranchant la diminue.

ce que

Le grand coutre (Fig 7), differe du premier (Fig. 6); 1o, en fon fer eft de 3 pouces plus long; 2°, fon manche a 18 pouces de longueur; 3°, la partie abcd, n'a qu'un feul biseau; la partie ab est acérée & fort tranchante; & la partie c d forme un tranchant mouffe : la coupe de ce coutre eft représentée en e ; il est émincé à la partie c d,& échancré en fpour le rendre plus léger; car ce coutre ne fert point à fendre; les Ouvriers l'emploient comme une hache à main pour dégauchir leurs pieainfi qu'on le voit dans la figure 8. Comme le tranchant de ce coutre eft fort large, il dreffe mieux les pieces de bois que ne pourroit faire le tranchant d'une coignée à main, dont le fer qui eft étroit, forme des efpeces de fillons fur le bois.

ces,

La figure 9 repréfente une forte cognée d'abatteur, & 'dont les Fendeurs fe fervent quelquefois pour dégroffir leurs pieces de bois; mais elle leur tient lieu plus fouvent de masse; & c'eft avec la tête a de cette cognée qu'ils ont coutume de frapper des coins de bois dur qu'ils enfoncent dans les fentes des groffes billes: la forme de ces coins eft représentée par les figures 10; on les fait avec du charme; ils font fort longs, minces, & fort tranchants.

Les Fendeurs emploient auffi des fcies en paffe-par-tout, (voyez Fig. 11), des mailloches (Fig. 12), & quelquefois une masse ou gros maillet (Figure 13). La lame des fcies eft dentée comme AA (Figure 11), ou eft faite en feuillet qui porte des dents comme B B, auxquelles on donne beaucoup de voie pour faire paffer plus facilement la fcie dans le bois verd.

Quand les Fendeurs veulent partager en deux une bille de bois, ils marquent l'endroit de la fente avec le coutre à deux bifeaux ou avec la cognée; ils frappent fortement ces outils avec la maffe; puis ils mettent le tranchant d'un de leurs coins dans ce fillon, & en frappant avec la tête de leur cognée, cette fente s'ouvre. S'ils apperçoivent dans la fente quelques filandres de bois, ils les coupent avec le coutre: on eft furpris de voir une groffe bille de bois fe féparer en deux avec beaucoup

de facilité; en fuppofant néanmoins que la piece eft de Chêne, fans nœuds, & que les fibres du bois font fort droites.

La figure 12 repréfente une maffe ou mailloche femblable à celle qu'emploient les Charrons, qui, en plufieurs circonftances fe fervent auffi d'un coutre pour fendre le bois qu'ils mettent en œuvre. Cette maffe ou mailloche eft faite d'un rondin de charme, ou d'autre bois dur, dans lequel on ménage un manche a qui puiffe être empoigné commodément d'une main: elle fert prefque uniquement à frapper fur le dos du coutre à deux bifeaux.

On voit dans la Figure 14 les coins de fer qui ne fervent guére qu'aux Ouvriers qui fendent le bois à brûler; comme ce bois, pour l'ordinaire, eft rempli de nœuds, & que fes fibres qui ont toutes fortes de directions, ne fe fendroient pas avec des coins de bois, on emploie ceux de fer, qu'on chaffe avec une groffe maffe (Fig. 13), qui fert également à frapper les coins de fer & les gros coins de bois que l'on emploie alternativement, lorfque ceux de fer ont fait les premieres

ouvertures.

La fcie en paffe-par-tout (Fig. 11), fert également aux Bûcherons, aux Scieurs de long & aux Fendeurs ; fouvent même on fournit à ceux-ci les billes toutes fciées : quand les billes ne font pas trop groffes, on emploie des fcies pareilles à celles des Charpentiers, pour les débiter.

§. 3. Des Rames pour les Galeres & pour la Marine.

LES rames fe font avec du Hêtre de brin, que l'on fend à peu-près comme l'on fend les cercles de cuve, (voyez ci-dessus Livre II); toute la différence qu'il y a, c'eft que comme les arbres qu'on doit fendre pour cet objet, doivent être fort longs, il faut les foutenir fur un nombre fuffifant de chevalets, & avoir plufieurs coins qu'on infere dans la fente pour lui faire fuivre bien réguliérement le trait qu'on a tracé fur la piece.

Il faut que les arbres foient bien filés, de belle fente,& qu'il ne fe trouve aucun nœud dans l'étendue de 48 à 49 pieds de

longueur pour les rames de toutes fortes de galeres; avec cette différence, que pour les rames des Galeres extraordinaires il faut que les pieds d'arbre puiffent fournir en longueur, à compter du bout de la pelle, qui fait le tiers de celle de la rame, 11 pieds; de ce point jufqu'à l'eftrope, qui eft la partie qui porte fur la galere, 20 pieds; de l'eftrope jufqu'au bout qu'on nomme le genou, 16 pieds: total 47 à 48; & pour les Galeres ordinaires, 41 pieds.

On peut tirer trois ou quatre rames des arbres qui ont plus de deux pieds & demi de diametre vers le pied; mais on n'en peut tirer que deux de ceux qui n'ont précisément que deux pieds.

Lorfque l'arbre a été fendu en 2, 3 ou 4 pieces, on en enleve le cœur, dont on ne peut faire ufage: on les livre en cet état, qu'on nomme en attele ou ettele, dans les Ports où les Remolats les travaillent & les perfectionnent.

On livre dans les Ports des rames en attele beaucoup plus courtes pour les Chébecs, les demi - Galeres, les Vaiffeaux, les Felouques, Chaloupes, Canots, &c: les Fourniffeurs fe conforment pour ces ufages aux dimensions qui leur ont été fixées par les états de fourniture.

§. 4. Comment on fend le Bois à brûler.

ON emploie pour le chauffage toutes les pieces de bois dont on ne peut faire aucun autre ufage, ou quand ces pieces font trop groffes & trop chargées de noeuds pour être œuvrées. Alors on les fend avec des coins de fer & de bois dur. Quand ce font des fouches fort groffes, on vient à bout de les mettre en éclats,en y employant le fecours de la poudre à canon. Pour cet effet, on perce avec une tarriere, un trou a (Pl. XXVI. fig. 14), de 5 ou 6 pouces de profondeur; on le remplit de poudre à canon; on ferme l'ouverture avec une cheville que l'on frappe à coups de masse; enfuite on perce une lumiere en b avec une vrille; on amorce cette efpece de mine, à laquelle on met le feu avec une lance d'artifice b, & l'on a foin de fe retirer promptement

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