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les ébrancher & de les couper de longueur; on les lie enfuite les vendre.

par

bottes

pour

Si l'on veut faire des échalas de Genevrier, on doit y deftiner de jeunes pieds que l'on a foin d'émonder, pour les déterminer à former une tige bien droite. J'en ai fait tailler de cette façon qui ont formé de belles tiges; mais j'avois la précaution de laiffer ramper au pied quelques branches dont l'ombre étouffoit l'herbe : le Genevrier a cet avantage, qu'il fubfifte dans les plus mauvais terreins; il eft vrai qu'il y croît bien lentement, & qu'il n'y forme pas une auffi belle tige que dans les terreins de médiocre qualité où l'on pourroit les élever avec plus d'avantage.

Dans la plupart des vignobles de l'Orléanois, on ne fait ufage que des échalas de fente de Chêne : voici comment on les fend dans la forêt.

Comme il n'eft point effentiel que ces fortes d'échalas aient une figure réguliere, on n'emploie à cet ufage que les arbres qui font trop noueux pour en faire du douvain, de la latte, de la cerche, &c.

On coupe ces arbres par billes de 4 pieds & demi de longueur (Pl. XXVI. fig. 9); on les fend d'abord en deux par le centre AB, comme on fend celles pour les barres; enfuite on divife encore chaque moitié en deux par la ligne CD, toujours du centre à la circonférence, ce qui donne quatre quartiers; chacun de ces quartiers eft encore divifé en deux parties par les lignes E, F, G, H; de forte que chaque bille fournit huit morceaux ou fegments de cylindre ACE (Fig. qui doivent être encore fendus de la maniere fuivante. On commence par les fendre par la ligne GF (Fig. 10); on emporte par copeaux avec le grand coutre la partie H, qui n'eft que de l'écorce & de l'aubier; enfuite on fend la planche AE,F G par les lignes I, K, qui doivent toujours être des rayons qui fe dirigent vers le centre C, & on en tire trois échalas (Fig. 11), qui font, pour la plus grande partie, d'aubier : autrefois on rejettoit entiérement l'aubier; mais maintenant, comme le bois eft devenu plus rare, on emploie tout; quoi

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qu'un échalas d'aubier de Chêne dure moins qu'un rondin de faule on fend le reftant du quartier par la ligne L M ; & après avoir divifé en deux le morceau FG L M par la ligne NO, on a deux échalas de bon bois; enfin la portion L MC, étant encore fendue par la ligne PQ, on a un échalas triangulaire PQ C; & comme le morceau LMPQ fe trouve trop menu pour faire deux échalas, & trop gros pour n'en faire qu'un, on leve une tranche RS, qui n'est pas à la vérité propre à grande chose.

Comme la forme des échalas de vigne eft affez indifférente, & qu'on s'embarraffe peu qu'ils aient un air de propreté, le Fendeur ne fe donne pas la peine de les dreffer avec le grand coutre: il les couche entre quatre piquets A, B, C, D, enfoncés en terre; (Fig. 12,) où il les arrange comme en G H. Ils font fupportés à chaque bout par deux morceaux de bois E F, afin que l'Ouvrier ait la facilité d'y paffer les harres pour les lier en bottes comme dans la Figure 13: chacune de ces bottes doit contenir 50 échalas; 25 de ces bottes, comme nous l'avons dit, font une charretée, & la quantité de 1250 échalas.

Les Ouvriers ont grande attention de mettre vers la circonférence des bottes & en parement, les échalas faits de cœur de Chêne, & de renfermer au centre ceux d'aubier.

Outre les échalas pour les vignes, on en fait d'autres pour les treillages des efpaliers; ceux-ci ont depuis 6 jufqu'à 7 pieds & demi de longueur; & comme ils doivent être dreffés avec la plaine par les Jardiniers, & quelquefois à la varlope par les Menuifiers, on les fait de bois plus parfait. Au refte, la maniere de les fendre eft la même que celle des échalas de vigne.

Les gournables ou chevilles que l'on emploie dans la conftruction des Vaiffeaux, fe font de pur cœur de Chêne : il est important que ce bois ne foit point gras; le plus fort eft toujours le meilleur. On fend les gournables comme les échalas ; leur longueur doit être depuis 24 pouces jusqu'à 36 fur 2 poục. & demi ou 3 pouces d'équarriffage. Les gournables pour les Vaiffeaux de 80 pieces de canon doivent avoir 15 lignes d'équarriffage; 14 lignes pour les Vaiffeaux de 74 & de 64 canons;

13 lignes pour ceux de 50 pieces; & 12 lignes pour les Frégates on les vend au millier.

§. 8. Comment on fend les lattes pour la tuile & l'ardoife.

Jufqu'à préfent je n'ai expliqué que la maniere de fendre les ouvrages les plus communs ces opérations font ordinairement commises aux Apprentifs - Ouvriers; maintenant je vais parler des ouvrages de fente qui exigent plus d'adreffe & d'expérience: les lattes font de ce genre.

On doit avoir déja remarqué que les Fendeurs divisent leurs quartiers fuivant deux directions; tantôt ils les fendent suivant les lignes dirigées, comme AB, ou CD, (Pl. XXVII. fig. 1); d'autres fois fuivant des lignes qui forment des rayons EF, EG, EH, EI, &c; mais on doit obferver qu'ils ne fendent leur bois fuivant les lignes AB, CD, &c, que pour les premieres divifions où il refte beaucoup de bois, & que les fubdivifions qui font plus difficiles à exécuter, parce que les pieces qu'on leve font minces, fe doivent faire toujours fuivant les directions EF, EG, &c. La raison de cela eft, qu'ils ont apperçu que la fente fe fait toujours plus réguliérement par des lignes qui s'étendent du centre à la circonférence; c'eft-à-dire, fuivant la direction des infertions ou mailles, que dans toute autre direction; & l'on en comprendra la raifon, fi l'on veut recourir à ce que j'ai dit dans la Phyfique des Arbres, que le tronc d'un arbre eft formé par des couches qui fe recouvrent les unes les autres, & qui forment fur l'aire de la coupe d'un tronçon de bois les cercles L, L, L, L, &c. Comme ces cercles font plus durs que la fubftance qui les unit, cela fait que, quand on dirige la fente fuivant les lignes AB, ou CD, &c, il s'y fait des éclats qui fe détachent des cercles, où le bois a moins d'adhérence, pour refter unis aux cercles qui ont plus de denfité. La même chose n'arrive pas quand on fend le bois fuivant les lignes EF, EG, EH, &c, qui coupent perpendiculairement les cercles L, L, L. Nous avons encore fait remarquer dans le même Traité, qu'on voyoit fur la coupe d'une piece de bois,

des lignes qui s'étendent du centre à la circonférence: Grew compare ces lignes aux lignes horaires des Cadrans; il les nomme infertions ou mailles; il dit qu'elles font formées par le tissu cellulaire; qu'on les apperçoit par plaques brillantes fur le plat d'un morceau de bois fendu or il eft certain que le bois a beaucoup de difpofition à fe fendre par ces points; & que c'eft ce qui fait que les arbres ne fe fendent jamais plus réguliérement, que fuivant les rayons qui s'étendent du centre à la circonférence. Quelque jugement que l'on porte de cette théorie, le fait n'eft pas moins certain ; & les Fendeurs favent très-bien que leur fente feroit peu réguliere, s'ils levoient les pieces minces & délicates fuivant toute autre direction que EF, EG, EH, &c. Il y a encore une remarque générale à faire & qui eft importante; c'eft que la fente fe conduit mieux quand les deux portions qu'on fépare, font à peu-près de même épaiffeur, que quand l'une fe trouve fort épaiffe & l'autre trèsmince; c'eft ce qui fait que les Fendeurs féparent toujours, autant qu'il leur eft poffible, leurs pieces par moitié ou par tiers: s'ils ont à fendre le quartier E, F (PI. XXVII, fig. 1), en 4 tranches, ils ne commenceront pas par placer leur coutre en a E, mais en b E; enfuite ils diviferont chaque morceau en deux, par les lignes a E &c E.

Par la même raifon, s'ils ont à fendre en lattes le quartier abc (Fig. 2), ils commenceront par mettre le coutre en dd, puis en ee, & enfuite en ff; chaque tranche sera divifée en lattes, d'abord par la ligne 1,1, puis par les lignes 2, 2, enfuite par les lignes 3, 3, &c.

Achevons d'expliquer par un exemple, la maniere de fendre les lattes quarrées pour la tuile.

On choifit pour celà des Chênes fans noeuds & les plus propres à la fente; on les coupe par billes de 4 pieds de longueur, que nous fuppoferons avoir 9 pouces de diametre ; on les fend d'abord en deux ; chaque moitié encore en deux ; enfin chacun de ces quartiers encore en deux; ainfi de chaque bille, l'Ouvrier retire huit quartelles femblables à a b c (Fig, 2), qui font 5 pouces de ben c, & 3 & demi de a en c,

Il commence par fendre ces quartiers fuivant la ligne d d (Fig. 2), puis ee, puis par la ligne ff. Il emporte avec le grand coutre l'écorce & une partie de l'aubier age; enfuite il leve dans la tranche a c, ee, trois échalas qui font prefque entiérement d'aubier, & qui n'ont que 4 pieds de longueur, au lieu de 4 pieds & demi qu'ils devroient avoir; c'eft la tranche dd,ee, qui fournit des lattes; cette tranche doit avoir 15 à 16 lignes d'épaiffeur, parce qu'elle donne la largeur des lattes pour la tuile, qu'on nomme lattes quarrées. L'Ouvrier commence par la divifer en deux par la ligne 11; enfuite il fend chaque moitié en deux, par les lignes 2,2, de forte que chaque quart lui fournit trois lattes qui doivent avoir 2 lignes & demie ou 3 lignes d'épaiffeur.

La ligne e e étant plus longue que la ligne d d, les lattes doivent être plus épaiffes d'un côté que de l'autre ; les Couvreurs mettent le côté le plus épais en en haut, pour recevoir le crochet de la tuile.

Quand une latte fe trouve confidérablement plus épaiffe par un de fes bouts que par l'autre, le Fendeur la met entre les deux fourchets de l'attelier; il la courbe en en bas; il appuie deffus avec fa main gauche; & avec fon coutre à deux bifeaux, il en enleve un copeau qu'il conduit jufqu'au bout de la latte; ou bien il fe contente d'enlever une partie de l'épaiffeur du bois avec le grand coutre.

Dans une bille de 9 pouces de diametre, la feule couronne dont dd, ee fait une partie, fourniroit environ 96 lattes. L'Ouvrier arrange enfuite les lattes par bottes de 50, (Fig. 4), entre quatre chevilles, difpofées comme le voit (Fig. 5).

Il ne faut que 20 bottes pour faire une charretée, par conféquent la charretée de lattes ne contient que 1000 lattes. Souvent la latte se vend au cent de bottes.

On fend pour Paris, & on débite en lattes quarrées la tranche acee (Fig. 2), qui n'eft prefque que de l'aubier. On nomme cette latte, latte blanche; elle fert à latter les parties qui doivent être recouvertes de plâtre, comme plafonds, cloisons, &c: les Maçons prétendent que la latte de cœur de Chêne tache le

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