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groffes, on n'en tire que de l'apprêt-marchand & des bordures. Lorfque les nœuds & les branches ne permettent de donner aux billes que 2 pieds & demi de longueur, on n'en tire que des cerches pour les quarts ou les litrons, & de la bordure pour l'affortiment de ces ouvrages.

Il arrive quelquefois qu'une cerche fendue a trop d'épaiffeur du côté de l'aubier; alors le Fendeur prend le coutre à un bifeau, avec lequel il enleve un bordillon, qui est une bordure mince & étroite qui fert à lier les bottes ; & fi le bois n'eft pas affez épais pour permetre de faire cette levée, il n'enleve feulement que quelques copeaux, ce qui épargne de la peine au Planeur.

Quand les billes font trop menues pour faire de la cerche, on les débite en merrain, en traverfin, en lattes, ou en échalas.

Les trois Ouvriers qui font ordinairement attachés à une loge, fe réuniffent pour mener le paffe-par-tout & couper les billes. Chacun fe diftribue & fe charge d'une partie de l'ouvrage: l'un cartelle & enleve le cœur du bois des billes; l'autre écorce les cartelles & fend les cerches, les bordures & les fonds. Ces fonds fortent des mains du Fendeur dans l'état où ils doivent être pour être vendus; mais les cerches doivent paffer par les mains du Planeur pour être mifes d'épaiffeur.

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Le banc à dreffer (Pl. XXVIII. fig. 1), eft composé d'une planche inclinée ab, de 4 pieds & demi de longueur, & pouces de largeur, un pouce & demi d'épaiffeur: près l'un de fes bords & environ à 2 pieds du bout antérieur b, cette planche eft percée en g d'un trou, pour recevoir la queue d'un mentonneth; cette queue eft fermement affujettie dans la planche du deffous ed: la planche fupérieure a b; eft foutenue à 2 pieds du terrein par 2 pieds ii, qui entrent d'un bon demi-pied en terre, & la partie du bas de cette même planche eft arrêtée par quelques piquets & chargée d'un gros tronc d'arbre k, qui augmente fa folidité; la planche du deffous excede par le bout d, de 8 à 9 pouces l'à-plomb de la planche inclinée; elle a un mouvement de charniere en a, où elle eft retenue à l'aise par une cheville

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clavetée ; de forte que quand le Planeur veut changer la fituation de fa cerche, il éleve le mentonneth, en foulevant le bout d de la planche avec fon pied; quand il a placé convenablement fur la planche fupérieure la cerche Im, il l'affujettit fermement en cette fituation, en appuyant fon pied fur l'extrémité d de la planche de deffous, qui lui fournit un levier affez long pour preffer fortement le mentonnet h contre la cerche Im après quoi il enleve des copeaux avec fa plane, & il diminue l'épaiffeur qui eft toujours trop grande du côté de l'aubier; il retourne la cerche pour en faire autant à la partie qui étoit sous le mentonnet. Quand ce côté de la cerche eft réduit à peu-près à la même épaiffeur que le côté qui répondoit au cœur du bois, le Planeur, pour s'affurer fi cette cerche eft de l'épaiffeur convenable dans toute fa longueur, la retire du banc; il en pofe un bout à terre, la fait ployer d'abord dans une partie, enfuite dans une autre (Fig. 2); & après avoir reconnu par la roideur de la cerche l'endroit où il y a trop de bois, il là remet fur la planche a b, pour enlever ce furplus avec la plane; il retire enfuite cette planche, la fait plier en aile de moulin pour voir fi l'épaiffeur eft égale vers les deux bords; la grande habitude qu'il a contractée, lui facilite le moyen de la réduire en trèspeu de temps, à l'épaiffeur convenable dans toute fa longueur; après quoi, & afin qu'elle ne fe defféche point, il la couvre d'un tas de copeaux verds.

Le Fendeur & le Planeur continuent ainsi leur travail jufqu'au foir, & finiffent par rouler les cerches par bottes, comme nous allons l'expliquer.

Quand il eft queftion de rouler les cerches, le Fendeur & le Planeur fe réuniffent pour travailler de concert à cette opération. D'abord ils piquent en terre deux barres de fer A A (Fig. 3), qu'on nomme chenets, pointues par un bout, & percées par en haut de plufieurs trous, dans lefquels ils ajuftent les crochets B B avec des clavettes: ces crochets foutiennent à différentes hauteurs, & fuivant la longueur des cerches, tringle de fer CC.

la

On place cet établissement au-deffus du vent & vis-à-vis un

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grand feu de copeaux D (Fig. 4), auquel on préfente les cerches E(Fig. 3 & 4).

Le bois qui eft de bonne qualité, au lieu d'un œil rougeâtre qu'il avoit, devient blanc lorsqu'il eft chauffé: il n'en eft pas de même du bois roux ; celui-ci ne perd jamais cette couleur : au refte, les cerches échauffées deviennent fort tendres & capables de fe plier à volonté; de temps en temps on les retire, on les retourne & on appuie le genou deffus (Fig. 2), pour connoître fi elles ont acquis de la foupleffe: pendant que le bois chauffe, le Fendeur prend un battant ou une demi-bordure ou bordurette (Fig. 5), qui eft une bordure manquée, étroite & mince; il fait un trou à chaque bout; il la plie en rond; il paffe dans les trous une laniere (Fig. 6), qui eft faite d'un copeau de bois verd fort mince, levé avec la plane fur une jeune branche de Charme ou de Chêne; enfuite il fait tourner chaque bout de cette laniere autour de la bordurette; & pour l'arrêter, il en paffe l'extrémité entre la laniere & le bout de la bordurette; enforte que plus les bouts de la bordurette font d'effort pour s'écarter, plus le nœud fe refferre ; ce nœud eft représenté en H (Fig. 8): le diametre total du lien que forme cette bordurette, eft de 12 à 14 pouces.

On prépare auffi deux gardes ou battants I (Fig. 8 ), qui confiftent en deux petites planches minces que les Fendeurs ménagent en faisant les fonds des feaux : nous en expliquerons bientôt l'usage.

Les cerches étant bien chaudes & fuffifamment pliantes, le Fendeur en tire trois du haloir; il en pofe une à terre, fur le bout de laquelle il place un rouleau (Fig. 9), qui a 3 pieds 4 pouces de longueur, 9 pouces & demi de diametre; à un des points de fa circonférence eft une grande mortaise M (Fig. 9 & 10), longue d'un pied 4 pouces, & profonde de 2 pouces : la coupe de ce rouleau eft représentée dans la figure 10, & fait voir la forme de cette mortaife: le Fendeur y engage le bout de la cerche (Fig. 11); & en tournant le rouleau, il fait prendre à cette cerche la courbure qui convient pour la mettre en botte; fur le champ il la déroule, & en met

une autre à la place pour lui faire prendre le même pli. Quand ces trois cerches ont été roulées l'une après l'autre, il engage de nouveau l'extrémité de l'une d'elles dans la même mortaife; & lorsqu'il en a plié ou roulé environ 6 pouces, il pose une feconde cerche fur celle-là; il tourne un peu le rouleau, & place encore une troisieme cerche fur la feconde (Fig 11). Comme il faut plus de force pour plier ces trois cerches, le Fendeur & le Planeur se réuniffent pour mener ensemble le rouleau; ils ont foin que ces trois cerches foient roulées & bien ferrées; enfuite un troisieme Ouvrier fouleve le rouleau par par un bout, un autre retire ces trois cerches & les place dans le lien (Fig. 7); comme ce lien a un peu plus de diametre que ces trois cerches roulées, elles s'y déroulent un peu, de maniere que les bouts de la cerche extérieure ne fe joignent pas : ces bouts ne manqueroient pas de fe rompre vers les bords, s'ils n'étoient fimplement réunis que par la bordurette parce que ce bois eft de fil, & que cette cerche fait effort pour fe redreffer; pour empêcher cela, on met fous le lien, les gardes I, I (Fig. 8) qui font, comme je l'ai dit plus haut, deux petits bouts de planches minces: ces gardes appuyant fur toute la largeur des cerches, empêchent qu'elles ne fe fendent.

L'Ouvrier n'a encore mis dans le lien que 3 cerches, & il en faut 6 pour faire la botte. Il tire du haloir trois autres cerches, les roule féparément, & enfuite toutes trois à la fois, ainsi que les premieres, & il les place à force dans le vuide de la botte (Fig.7), qui fe trouve alors complette (Fig. 1 2): on les empile fix à fix les unes fur les autres, afin les Marchands voyent plus aisément si les cerches ont la largeur qu'ils defirent.

que

Nous avons dit qu'on tiroit les cerches qu'on nomme aprêtmarchand, autrement les bordures, de billes plus menues, ou dans des levées qu'on fait au bord des cartelles, & j'en ai établi la largeur: on met celles-ci par bottes comme les cerches de seaux, avec cette différence qu'il en entre 12 dans chaque botte, & que comme elles font étroites, on n'y met point de garde, parce qu'il n'y a point à craindre qu'elles fe fendent; on n'emploie point auffi de demi-bordures pour les lier; on fe con

tente de

percer les deux bouts de la bordure extérieure F F (Fig. 7), & d'y mettre une feule laniere H.

Les cerches pour les quarts & les litrons, fe font comme les autres, excepté qu'on les leve dans des billes plus courtes, & dans des arbres moins gros.

ARTICLE VII. Des ouvrages de Raclerie.

On fait dans les forêts avec du Hêtre, quantité de petits ouvrages que l'on nomme Raclerie. Ils s'exécutent la plupart de la même maniere que la fente des cerches, par des Ouvriers à qui on vend le bois en grume, & qui le travaillent également dans les forêts: nous allons entrer dans les détails qui leur font particuliers.

§. 1. Des Cerches pour Clayettes, Chaferets, Cliffes ou Ecliffes.

TOUTES ces dénominations sont synonymes, & fignifient des cerches étroites & fort minces, dans lefquelles on dreffe les fromages.

On fait quelquefois ces fortes de petites cerches minces avec du bois de Chêne; mais le plus ordinairement on y emploie le Hêtre, parce que ce bois peut être réduit à une moindre épaiffeur, & qu'il convient mieux pour les fromages; c'est auffi par cette raifon que l'on y deftine les pieces de bois qui font de la plus belle fente. Indépendamment de tout cela, l'exploitation la plus avantageuse pour les Marchands, est toujours celle qui peut fournir les pieces les plus délicates. Les cerches pour les clayettes doivent avoir pieds & demi de longueur; il fuffit celles que rettes aient deux pieds; la largeur des unes & des autres est de 3 pouces, 3 pouces & demi ou 4 pouces.

3 3 pieds à les cafepour

En conféquence, 1o, quand on peut lever entre deux nœuds ou entre deux branches, une bille de 3 ou 3 pieds & demi de longueur, on la deftine pour en faire des clayettes ou écliffes:

fi la

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