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§. 8. Des Ecopes.

POUR faire les Ecopes (Pl. XXX. fig. 5 & 6) dont se servent les Bateliers, pour vuider l'eau qui entre dans leurs bateaux, on coupe les billes de bois à 4 pieds de longueur, parce que le manche a b, a 2 pieds & demi de longueur, & la cuiller b 18 pouces. On ne fend chaque bille qu'en quatre, de forte que chaque quartier d d d d (Fig. 7), doit faire une écope.

On dégroffit avec la hache, la cuiller & le manche de l'écope; on creufe la cuiller avec un aceau très-courbe & qui a le tranchant affez large (Fig. 8), & on finit de creufer la cuiller avec un autre outil (Fig. 9), qu'on nomme tie, qui eft une acette peu recourbée, mais dont la lame n'a que 2 pouces de largeur; cet inftrument qui eft très-tranchant, mené à petits coups, perfectionne l'intérieur de la cuiller; enfin, on met l'écope fur la fellette, où le Planeur en perfectionne l'extérieur.

§. 9. Des Pelles à four & autres.

COMME les pelles des Boulangers doivent avoir des pales de 18 à 20 pouces de longueur fur 11 à 12 pouces de largeur, on eft obligé d'y employer de gros arbres qui aient au moins 4 pieds de diametre ; & quand le manche eft de la même piece que la pale (Fig. 10), comme ce manche doit avoir 7 pieds de longueur, il faut des billes de 8 pieds 7 à 8 pouces de longueur, ce qui confomme beaucoup de gros bois. On équarrit l'arbre, on le fend par quartiers & on l'écorce; chaque quartier eft refendu en deux autres quartiers; chacun de ces demiquartiers l'eft encore en deux, & ainfi jufqu'à ce qu'ils foient réduits en planches d'environ quatre pouces d'épaiffeur qui doivent fournir deux pelles. On trace une pelle fur une face de la planche ainsi réduite (Fig. 10); on emporte avec la hache tout le bois fuperflu; on refend avec le coutre cette planche qui donne par ce moyen deux pelles, que l'on acheve de perfectionner fur le chevalet avec la plane.

On fait des pelles dont la pale eft longue & étroite pour enfourner les pains longs, & pour certains ufages des Pâtiffiers, (Fig. 11).

les

Ön confomme néceffairement beaucoup de bois pour pelles, parce que leur manche eft pris dans une tranche qui eft de toute la largeur de la pale; il eft fenfible que fi l'on enlevoit à la fcie les côtés A & B (Fig. 10), on pourroit employer ce bois à faire des petits ouvrages de fente; mais ce n'eft pas l'ufage.

J'ai vu des pelles dont le manche étoit rapporté (Fig. 12); fi folides que elles font un peu plus lourdes, & ne sont pas celles d'une feule piece; mais auffi elles dépenfent beaucoup moins de bois ; & comme le manche en eft plus arrondi, il y a des Boulangers qui les préferent aux autres.

de

Les pelles à fumier (Fig. 13), & celles pour remuer les grains. (Fig. 14), fe font comme celles à four; mais comme le manche de celles à fumier n'a que 2 pieds 6 pouces de longueur, & la pale, quatorze pouces de longueur fur 10 à 11 pouces largeur, & que le manche des pelles à grain, ainsi que la pale eft de même longueur fur 8 à 9 pouces de largeur, on coupe les billes plus courtes, & on y emploie des arbres moins gros. Il y a encore des pelles pour charger les terres & les gravois, qui ne different de celles à fumier, que parce que la pale en eft plus petite. Les pelles à fumier & à gravois font plus épaiffes en bois que celles à grain, & elles font peu creufées dans leur face fupérieure ; au lieu que les pelles à grain font minces & légeres, mais plus creufées, ce qui exige qu'on tienne les tranches de bois un peu plus épaiffes, afin d'y former des bords. Au refte, quand les tranches ont été fendues & dreffées à la plane, on y trace la figure de la pelle; on emporte tout le bois fuperflu avec la hache; on forme le manche & le dos de la pale avec la plane fur le chevalet, & on creuse le dedans de la pale des unes & des autres avec l'aceau & la tie; & l'on finit par les enfumer comme les fabots.

§. 10. Travail de l'Ouvrier Arçonneur, des Atelles de colliers de chevaux, &c.

LES Marchands de bois font faire quelquefois par leurs Ouvriers exploitants des atelles de colliers, des bâts, des arçons de felle; mais plus ordinairement, ce font des Ouvriers particuliers que l'on nomme Arçonneurs *, & qui viennent s'établir aux bords des forêts, qui travaillent ces fortes d'ouvrages pour leur propre compte, & qui en achetent le bois des Marchands. Il faut le bois, que être , pour propre à ces usages, foit fans nœuds, & qu'il puiffe fe fendre aifément; néanmoins il n'eft pas auffi important qu'il foit de belle fente, que pour quantité d'autres ouvrages de raclerie, parce que l'Arçonneur exécute une partie de fon travail avec la scie.

Il commence par fcier fes billes à la longueur de 3 pieds 6 pouces, s'il fe propofe de faire les plus grandes atelles; car pour les petites atelles, ces billes doivent être plus courtes & il fe conforme à cet égard à l'ufage des pays; car il y en a où les atelles portent de grandes oreilles, & d'autres où elles font terminées par un petit crochet. Après que la bille a été fendue en quartiers & en demi-quartiers, l'Arçonneur pofe une atelle fur une de fes faces, pour en tracer le contour avec la pierre noire (Pl. XXX. fg. 1); enfuite il retranche le cœur A de ce quartier, & ébauche l'ouvrage avec une hache, il s'aide auffi de l'aceau; & quand la cartelle a reçu le contour de l'atelle (Fig. 2), il refend à la fcie la piece de bois en autant d'atelles de 10 à 11 lignes d'épaiffeur qu'elle en peut fournir. L'Arçonneur affujettit perpendiculairement fur un chevalet (Fig. 3), les cartelles dégroffies, pour les refendre horisontalement avec une scie de long, comme font les Ebéniftes, mais il eft feul à mener cette fcie: voici comment il affujettit les cartelles.

Cette pratique eft cependant affez mal imaginée. Le chevalet AB (Fig. 3), confifte en un foliveau des pieds de longueur, de 6, 8 ou 10 pouces de largeur, & de 8 à 9 pouces

* Dans les forêts, on appelle ces Ouvriers Arcoleurs.

d'épaiffeur; il eft foutenu comme un banc ordinaire, par quatre pieds folides C, qui l'élevent de deux pieds & demi au-deffus du terrein.

Au milieu eft une coche ou entaille DE, de 4 à 5 pouces de profondeur. L'Ouvrier place verticalement les cartelles dans cette coche, où il la ferre fortement avec des coins. Comme la piece a 3 pieds & demi de longueur, & qu'elle n'eft retenue ici que par une de fes extrémités, dans une coche qui n'a que 4 à 5 pouces de profondeur, la fcie appliquée en F, a une grande puiffance pour la déranger; ce qui oblige l'Ouvrier de l'affujettir par un, deux ou trois arcboutants G, dont il retient ceux des côtés fur le chevalet avec des taffeaux, & un troifieme qu'il appuie contre un arbre ou un mur à l'aide d'une entaille.

Si on fe repréfente l'attitude de l'Ouvrier, tenant horizontalement une fcie à refendre, on concevra qu'il doit être bien gêné en commençant chaque trait de fcie à la hauteur de cinq pieds: pour plus de facilité, il incline la cartelle en arriere; & à mefure qu'il avance les traits de fcie, il en change la pofition, felon fa commodité.

Quand les atelles ont été refendues, on les finit avec la hache & l'aceau; chaque atelle fe travaille en particulier : on finit par les enfumer, & on les vend par paquets aux Bourreliers.

§. 11. Maniere de faire les Bâts.

L'ARÇONNEUR fe fert pour faire les bâts du même chevalet (Pl. XXX. fig. 3); d'un grand couteau tout de fer (Pl. XXXI. fig. 1), & qui eft fort tranchant du côté de a; d'un fort ciseau en bec-d'âne (Fig. 2), & de la tie (Pl. XXX. fig. 9). Il travaille fur un établi à peu-près femblable à celui du Menuifier; fes outils font pendus à des râteliers attachés au fond de sa loge, ou à la muraille s'il travaille chez lui.

Il emploie de gros corps d'arbres qu'il refend en cartelles, comme pour faire les atelles; mais il faut ici que les cartelles aient au moins 28 à 30 pouces de face, fuivant la grandeur des

bâts; car ceux des Mulets doivent être beaucoup plus grands que ceux qu'on fait pour les ânes.

Un bât eft formé de deux pieces cintrées a, b (Pl. XXXI. fig. 3), que l'on nomme courbes (Fig. 4);celle du devant a, eft plus relevée que celle de l'arriere b: ces deux courbes font liées par deux pieces ou efpeces de planches c, prefque plattes (Fig. 3& 5); on les nomme les lobes. Comme les fils du bois traverfent les courbes, quand on les évuide,on coupe les fibres par le travers.

Quand la cartelle a été fendue à une épaiffeur convenable pour en pouvoir tirer plufieurs courbes les unes fur les autres, comme pour les atelles ; l'Ouvrier en trace tous les contours avec un patron (Fig. 4); puis il emporte avec la hache & la tie, tout le bois qui excede le trait de la pierre noire; enfuite il afsujettit la cartelle fur le chevalet (PI. XXX. fig. 3), avec des coins; il fépare autant de courbes qu'il en peut prendre dans l'épaiffeur de fa piece de bois, & emploie pour cela la fcie à refendre, de la même maniere que l'Arçonneur, & ainfi que nous l'avons expliqué dans le paragraphe précédent.

Les courbes fciées doivent être épaiffes; ce qui eft néceffaire pour qu'on puiffe les finir avec la plane, la tie, & même quelquefois avec une rape à bois. Les lobes fe prennent, ainsi que les courbes, dans des cartelles d'environ 3 pieds & demi de longueur, que l'on divife ordinairement en trois; de forte que suivant la grandeur des bâts, chaque partie doit avoir 15 à 17 pouces de long. La cartelle n'a befoin que d'être équarrie; & comme elle eft ordinairement affez épaiffe pour en fournir plusieurs, on la refend fi le bois eft de belle fente, ou on la fépare à la fcie, comme les courbes; enfuite, avec l'acette & la tie, on la creuse un peu fur une de fes faces, & on donne un peu de convexité à la face opposée; enfin l'Arçonneur creuse fur la face fupérieure deux rainures d, d (Fig. 5), plus larges au fond qu'à l'entrée, pour recevoir les languettes e, e, des courbes (Fig. 4), qui étant plus épaiffes au bord e qu'au fond, forment un affemblage à queue d'aronde: comme les languettes de ces courbes entrent dans les rainures des lobes, la courbe de l'avant fe trouve liée avec la courbe de l'arriere,

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