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& fimplement équarris; celles des entre-ponts & du deffous des gaillards, font ordinairement de Pin refendu en chevrons, de 2 pouces & demi, 3 ou 4 pouces d'équarriffage.

7°, Les planches pour border les foutes & faire les emménagements, varient d'épaiffeur depuis 1 pouce jufqu'à 2 pouces & demi: elles font toujours de Sapin.

Je paffe légérement fur tous ces articles, parce qu'on trou ve les dimenfions exactes de tous les bois de fciage, au commencement de mon Architecture Navale.

Je ne parle point ici des bois de fciage pour le Charronnage, & pour l'Artillerie. On peut confulter ce que j'en ai dit au Chapitre précédent à l'occafion des bois en grume.

Il y a beaucoup d'économie à fe fervir de moulins à fcie pour débiter les bois; mais comme nos moulins font groffiérement conftruits, ils confomment beaucoup de bois par la largeur du trait, & il n'eft pas poffible de tirer dix planches d'un pouce d'une piece qui porte un pied de largeur: il feroit trèspoffible d'en établir d'auffi parfaits que ceux de Hollande.

J'ai dit qu'on faifoit des vifites & des martelages dans les forêts, pour marquer fur pied les arbres propres à être employés pour de grandes conftructions; mais en faifant le détail des attentions qu'il falloit apporter pour bien faire ces fortes de visites, j'ai averti qu'il n'étoit pas poffible de porter un jugement auffi certain fur les bonnes ou les mauvaises qualités du bois quand les arbres font fur pied, qu'après qu'ils ont été abattus, débités, & en partie defféchés.

Comme on envoie quelquefois dans les forêts qu'on exploite, des Charpentiers, ou autres gens connoisseurs pour faire choix, marquer & retenir les bois dont on prévoit avoir befoin pour de grandes entreprises; je vais donner en leur faveur le détail de ce qu'il eft néceffaire qu'ils obfervent pour bien faire ces fortes de vifites.

CHAPITRE

CHAPITRE V.

Expofition des défauts les plus confidérables qui doivent faire rebuter les Arbres abattus.

Les fignes que j'ai indiqués ci-devant (Livre III). pour con

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noître, à la feule infpection des arbres fur pied, les défauts qui doivent les rendre fufpects, ne font pas auffi certains que ceux par lefquels on les peut découvrir, en examinant le bois même, après que les arbres ont été abattus & en partie débités : les défauts qu'on découvre alors, font; 1o, d'être roulis ou roulés ; 2o, d'être cadranés & ouverts dans le cœur; 3°, d'être gélifs; 4°, d'être gras & roux ; 5o, d'avoir un double aubier, & le bois de différente couleur,ou vergeté. Je vais parler de ces défauts dans autant d'articles particuliers; mais je dois avertir qu'ils deviennent plus fenfibles à mesure que les arbres font plus fecs, & que plufieurs de ces défauts font très-difficiles à reconnoître quand les arbres font récemment abattus, & encore remplis de feve, ou quand on les retire de l'eau.

ARTICLE I. De la Roulure.

On dit qu'un arbre eft roulis ou roulé, quand il fe trouve une fente ou une folution de continuité qui fuit la direction des couches annuelles (Pl. XXXV. fig. 10); c'eft-à-dire, quand il ya, dans l'intérieur d'un arbre, des cercles concentriques qui ne font pas unis & adhérants les uns aux autres. Quelquefois ces fentes ne font prefque pas apparentes dans les arbres pleins de feve; mais elles s'ouvrent à mefure que les arbres fe deffechent; & alors on remarque qu'elles n'ont affez souvent que quelques pouces d'étendue, comme en a (Figure 10); mais fouvent elles en ont davantage; elles s'étendent quelquefois dans toute la circonférence de l'arbre, comme en b; enforte qu'on eft furpris de voir une couronne de bois vif qui entoure

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un noyau de bois mort qu'on peut faire fortir à coups de masse, & alors il ne reste plus qu'un tuyau de bois vif: quand la roulure ne s'étend pas dans toute la circonférence, le noyau de bois ainfi renfermé par la roulure, fe trouve être d'un bois vif; mais quand ce bois eft mort, on le trouve quelquefois pourri, & d'autres fois très-fain & très-dur.

On juge bien, fans qu'il foit néceffaire de le dire, que la roulure endommage d'autant plus une piece de bois qu'elle a plus d'étendue, & qu'elle eft plus ouverte; mais dans tous les cas elle forme un grand défaut; non-feulement parce qu'elle augmente à mesure que le bois fe deffeche; mais encore parce que quand on vient à refendre à la fcie un arbre roulé, les morceaux fe féparent, & il ne refte plus que des éclats. Ce défaut tire moins à conféquence quand on emploie les arbres dans leur entier ; mais dans ce cas-là même, la roulure eft un vice effentiel; car l'eau & la feve qui s'amassent dans ces fentes, y forment un germe de pourriture; d'ailleurs fi la roulure a beaucoup d'étendue, la piece en devient confidérablement plus foible.

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Quand on veut employer ces arbres à faire de la fente, on peut quelquefois en tirer un parti avantageux; cela dépend du point où la roulure fe trouve placée, & de l'adreffe du Fendeur qui faura tirer des lattes, des échalas, & quelquefois du merrain, du bois qui fe trouve, foit dans l'intérieur, foit à l'extérieur de la roulure.

Plufieurs caufes peuvent occafionner la roulure: d'abord il faut fe rappeller que nous avons déja dit que les couches ligneufes fe forment entre l'écorce & le bois, & que dans leur naiffance elles font très-tendres: or, il eft fenfible que lorfque le vent agite & plie en différents fens les jeunes arbres, leur écorce, qui n'eft prefque pas adhérente au bois, peut s'en féparer dans quelques points, fur-tout quand les arbres font en feve & chargés de leurs feuilles : en Hiver le poids du givre peut produire le même effet malgré l'adhérence de l'écorce au bois; comme il eft prouvé que l'écorce ne fe réunit jamais au bois quand elle en a été une fois détachée, il refte toujours une folution de continuité qui fépare les couches annuelles en

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peut en

tout ou en partie, suivant que la défunion de l'écorce d'avec le bois aura été plus ou moins confidérable. L'écorce peut dans certains cas produire des couches ligneufes;c'eft pourquoi la féparation de l'écorce d'avec le bois, quand même elle fe feroit dans toute la circonférence, ne feroit pas fuivie de la mort de l'arbre : on obferve qu'alors il fe forme de nouvelles couches ligneufes qui l'aident à subsister; mais ces couches ligneufes reftent toujours féparées des anciennes, & c'eft cette folution de continuité qu'on nomme roulure. Ce défaut core être produit; 1o, par les voitures dont les moyeux endommagent l'écorce, 2°, par les animaux qui fe frottent contre le tronc des jeunes arbres, ou qui en entament l'écorce avec leurs dents; ces accidents produifent des roulures partielles; 3°, par copeaux d'écorce que les Officiers des Eaux & Forêts enlevent, pour frapper l'empreinte de leur marteau fur le corps des arbres de réferve: il est vrai que ces plaies fe recouvrent par la fuite; mais le bois qui fe forme en ces endroits, ne peut plus s'unir parfaitement avec l'ancien, & il refte dans l'intérieur de l'arbre une roulure ou une gélivure, qui n'a pas à la vérité beaucoup d'étendue; 4°, par cette même raifon, les chancres guéris & recouverts de nouveau bois & d'écorce, forment un femblable défaut, mais plus préjudiciable à l'arbre, parce qu'ordinairement le bois qui fe recouvre eft un bois déja carié; 5o, une des plus dangereuses roulures, eft celle occafionnée par une féparation de l'écorce d'avec le bois, qui eft produite par une furabondance des fucs qui doivent former les nouvelles couches ligneufes. Quand cet accident ne fait pas périr l'arbre, il fait au moins contracter à l'ancien bois un commencement de pourriture qui ne se répare jamais. J'ai vu des têtards de Saule qui avoient 3,4 ou 5 roulures (Pl. XXXV. figure 11); c'eft-à-dire, prefque autant que le nombre de fois qu'ils avoient été étêtés. En un mot, tout ce qui peut occafionner la féparation de l'écorce d'avec le bois, ou la défunion des couches ligneufes, produit la roulure; c'eft pour cela que les arbres ifolés, les baliveaux élevés dans un taillis, & qui fe trouvent par la fuite & après les taillis abattus, expofés aux vents & aux injures de l'air, font plus fujets à être roulés, que ceux qui

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ont été élevés dans un maffif de bois ; & encore que ceux qui ont toujours refté exposés en plein air.

J'ai occafionné artificiellement des roulures, en détachant l'écorce du tronc d'un arbre, & en la remettant fur le champ en fa place; ce morceau d'écorce ainfi replacé, s'eft greffé avec celle qui étoit reftée adhérente au bois ; il s'eft formé d'épaiffes couches ligneufes; mais à l'endroit où l'écorce avoit été féparée du bois, il eft refté une folution de continuité, autrement dit une roulure.

ARTICLE II. De la Gélivure.

ON appelle Gélivure toute fente qui s'étend du centre du tronc d'un arbre à la circonférence, comme en ab (Pl. XXXV. fig. 12); quelle que foit la caufe qui la produife. Cette dénomination vient de ce que les fortes gelées font quelquefois fendre les gros arbres; ces fentes à la vérité fe recouvrent enfuite par de nouvelles couches ligneufes;mais comme les fibres ligneufes qui ont été féparées par accident les unes des autres, ne fe réuniffent jamais, il refte dans l'arbre une fente, qu'on nomme gélivure, parce que, comme je viens de le dire, elle eft ordinairement occafionnée par la gelée. On a enfuite étendu ce terme; & on a nommé gélivures, toutes fortes de fentes qui fe trouvent dans le bois; mais on n'y comprend pas celles qui font une féparation des couches annuelles. Ainfi une plaie recouverte, une groffe branche coupée, dont la fection a été recouverte par un nouveau bois; les fentes qu'occafionnent les coups de tonnerre, font nommés des gélivures, comme fi elles réfultoient de l'effet des fortes gelées: les revêtures qui font des plaies recouvertes, font des gélivures quelquefois très-considérables.

Je foupçonne qu'il y a encore des gélivures formées par une trop grande abondance de la feve. Des perfonnes dignes de foi m'ont affuré avoir vu fortir d'un Tilleul un jet de feve par une fente qui s'étoit faite fubitement à l'écorce du tronc, & avec un bruit auffi éclatant qu'un coup de piftolet, & que cet écoulement avoit duré pendant plufieurs minutes. J'ai occafionné quelques gélivures dans le corps des jeunes arbres, en les ployant, & en les forçant beaucoup, & de la même maniere

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