POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES HOMMES ILLUSTRES DANS LA REPUBLIQUE des Lettres, Avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages. PIERRE ABE'LARD. P IERRE (ABE'LARD) [a] Il y a peu d'Auteurs plus connus que celui-ci. Ses démêlez avec S. (1) M de la Monnoye, p. 316 defes Notes fur le premier Vol. des Jugemens Tome IV. A PIER RE ABE' LARD, PIER- Bernard ont fourni de la mat1ere RE ABE'- aux Critiques, aux Théologiens LARD.. & à ceux qui ont écrit l'Hiftoire Ecclefiaftique. Ses intrigues avec Heloife ont fait le fujet des entretiens de l'un & de l'autre fexe. On en a formé depuis un demi fiecle differentes Hiftoriettes qui ont tous lés défauts des Romans Jé m'étonne même que ces noms n'ayent point encore paru fur le theâtre François. Nous avons beaucoup d'obligation au fçavant Ecrivain qui à donné au Public la Vie d'Abélard; (a) elle est pleine de recher des Sçavans de Baillet, voudroit qu'on prononçât &qu'on écrivit toûjours Abeillard. Mais il me femble que la prononciation d'Abélard eft plus douce & plus conforme par là au genie de notre Langue. Quelques Anciens d'ailleurs avec Vincent de Beauvais ont mis en œuvre cette orthographe.Au reste, ce qui décide l'affaire en ma faveur, c'eft que les Bretons n'ad→ mettent point d'autre prononciation que celle que j'ai adoptée. Menage s'en fert p. 552. de fes Etymologies de la Langue Françoife. Edit. 1694. (a) La Vie d'Abélard Abbé de S. Gildas de Ruis, Ordre de S. Bénoît, ¿ RE ABE LARD ches puifées dans les Auteurs con- PIER temporains. Je me contenterai d'en choifir quelques circonftances des plus intereffantes qui auront rapport aux Ouvrages d'Abélard. Pierre Abelard étoit fils aîné de Beranger Seigneur de Palais, petit Bourg à quatre lieuës de Nantes en Bretagne. Sa mere s'appelloit Luce. L'Abbé Gervaise prétend que cette mere tendre donna le nom d Abeillard à fon fils par un préfentiment qu'elle avoit de fon éloquence future, & il cite là-deffus S. Bernard (a) qui l'appelle APIS DE FRANCIA; mais il n'y a pas de jufteffe dans la citation ni dans l'application qu'on en fait. S. Bernard dans l'Epître 189. parle d'une difficulté qu' Abelard avoit eue avec Arnaud de Breffe, & il dit : Sibilavit apis que eft in Francia, api de Italia. Qui ne voit que ces paroles ne don celle d'Heloifefon Epouse, premiere Abbaffe du Paraclet. Paris 1720. 2. Vol. in 12.chez J. Mufier Barrois. L'Abbé Gervaife eft Auteur de cette Vie. (a) S. Bernard Epift. 180. felon M, Gervaife C'est Ep. 189. LARD. PIER- nent aucune idée de l'étymologie RE ABE'- qu'on cherche ici. Car il s'enfuivroit que dans Arnaldus l'on trouveroit auffi l'étymologie d'Abeille, ce qui eft contre les regles du bon fens. Abelard n'a-t'il pas d'autre fignification dans le bas Breton? (a) j'abandonne cela aux chercheurs d'étymologic. Abelard vint au monde en 1079. Après avoir appris la Dialectique fous le fameux Rofcelin,qu'on honore du titre de chef des Nominaux, il prit la route de Paris pour y ache. ver fa Philofophie fousGuillaume de Champeaux. Le merite du nouveau Philofophe fut bien-tôt connu. On lui confera un Canonicat dans la Cathedrale. (b) Fulbert fon Confrere lui confia l'éducation de fa niéce (c) Héloife, tout le monde (4) Comment accorder cela avec les anciens noms de l'Auteur Belard, Abanlard,Bajolard, Abaëllard, Abaillard,&c. (b) M. Gervaise prouve que c'est à Paris, & non à Sens, qu'Abelard fut Chanoine. (c) Papyre Mason, p. 239. de fes Annales de France, Edit. 1578. avance fans preuve qu'Héloïfe étoit fille naturelle |