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CHARLES LE COINTE.

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HARLES le Cointe nâquit CHARLES à Troyes en Champagne le LE COIN4. de Novembre de l'an 1611. TE. d'une très-honnête famille. Quoi qu'il eût plufieurs freres, il fut le fcul que fon pere fit élever dans l'étude des Lettres : les heureufes difpofitions qu il fit paroître pour y réuffir dès fes plus tendres années furent caufe de cette préfe. rence. Il apprit les premiers principes de la Grammaire dans fa Patrie, & fut enfuite poursuivre fes études à Rheims. La vivacité de fon genie, la folidité de fon jugement, la fidelité de fa mémoire lui acquirent l'eftime de fes Maîtres, dans le temps que fa douceur, fa politeffe & fon heureux naturel le faifoient admirer de fes condifciples. Henri de Lorraine, Duc de Guife, qui étudioit dans le mê me College, voulut se l'attacher; mais la Providence en difpofa autrement : elle le préferva par-là de

C. LE mille dangers, aufquels il auroit COINTE. été expofe, s'il eût suivi la fortune de ce Prince. Dubois in Præf. 8. T. Annal. Eccl. Franc.

Dieu qui le deftinoit à un genre de vie plus tranquille, lui infpira d'entrer dans l'Oratoire. II y fut reçu par le Cardinal de Berulle l'an 1629. Il avoit l'honneur de fervir la Mefle à ce pieux Cardinal lorfqu'il expira à l'Autel.

Il fut d'abord envoyé à Vendôme pour y enfeigner la Grammaire & les Humanitez ; enfuite il profeffa la Rethorique pendant fepe ans à Nantes, à Angers & à Condom. Dans cette derniere Ville, Scipion Dupleix, connu dans la Republique des Lettres par plufieurs Ouvrages, fut lui offrir fon amitié & fa Bibliotheque, ce qui forma entre eux une étroite liaifon, jufqu'à ce que Dupleix s'étant avifé de faire de la peine au R. Berrault de l'Oratoire, qu'il vouloit contraindre de mettre à la têted'un de ses Ouvrages, au lieu de Florus Francicus, Abregé de Dupleix. Le P. le Cointe lui déclara

fans façon, que nonobftant leur C..LE amitié il fe croyoit obligé par hon- COINTE neur à prendre le parti de fon Confrere, & que s'il ne fe defiftoit de fes prétentions, il donneroit auj Public des remarques, fur leurs Quvrages pour en faire voir la difference. Dupleix en eut peur & fe teut; mais depuis ce temps-là il craignit plus le Pere, le Cointe, qu'il ne l'aima. VI. Journ. des Sçavans 1681. El. de le Cointe.

Le P. le Cointe étant à Bergerac. au mois de Septembre 1638. y reçut une Lettre qui lui apprenoit la Nailfance de Louis XIV. Il fir part de cette nouvelle à fon Hôte, qui fut fur le champ la porter aux Magiftrats de la Ville: Ceux-ci vinrent vifiter en ceremonie le P. le Cointe, pour apprendre de fa bouche la verité d'une nouvelle qui fai foit la joye de tout le Royaume;& il les fatisfit, Ils le prierent enfuite de venir avec eux à l'Hôtel-de-Ville, & de prendre part à leurs fe+. tes, qui durerent plufieurs jours: il ne put fe refufer à leurs empref

femens.

C. LE

Pendant qu'il enfeignoit les Hu COINTE. manitez & la Rhetorique il fçut trouver du temps pour s'appliquer à l'étude de la Geographie de la Chronologie & de l'Hiftoire, fur tout de celle de France. Il joignit à cette étude celle de la Politique & des interêts des Princes, & devint un des plus habiles Hommes de fon fiecle.

Le P. Bourgoin étoit alors General de l'Oratoire. Il n'avoit de l'estime que pour ceux qui s'appliquoient ou à la Théologie, ou à la Prédication, & étoit au contraire prévenu contre ceux qui donnoient du côté de l'Hiftoire. Cette prévention alloit fi loin, s'il en faut croire Richard Simon, que lorsqu'il vouloit défigner un ignorant, il difoit: C'est un Hiftorien. Il regarda le P. le Cointe comme un homme inutile à fa Congregation; & pour fe debarraffer de lui, il l'envoya, non à Juilly, comme le dit Simon, mais à Vendôme, enfeigner l'Hiftoire aux Penfionnaires. Six mois après, M. Servien, nommé Plenipoten

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tiaire à Munfter, fut lui deman- C. LE der un Prêtre de l'Oratoire, pour COINTE. être Chapelain & Confeffeur de Madame Servien. Le Pere Bourgoin jetta auffitôt les yeux fur le P. te Cointe: celui-ci y confentit avec plaifir, & partit avec M. Servien le 20. du mois d'Octobre de l'an 1643. Ce Plenipotentiaire s'entretenoit fouvent dans la route avec un Gentilhomme de differens interêts des Princes & des principales matieres qu'on devoit traiter à Munster. Le P. le Cointe le mêloit quelquefois dans leur converfation. Comme M. Servien n'étoit pas prévenu de fon fçavoir, il ne faifoit pas beaucoup d'attention à lui ; ce qui ne rebuttoit pas cependant le P. le Cointe. La converfation roulant un jour fur un point important, il prit la liberté de demander à M. le Plenipotentiaire, s'il avoit certaines Pieces qui étoient abfolument neceffaires pour cette affaire. M. Servien lui avoua qu'il ne les avoit pas, mais qu'il les enverroit prendre à Pa.Je vous en épargnerai la peine,

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