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la troifié

des Lyon

fiecle differentes Bandes de Francs attroupés, pour fe cantonner dans les Gaules, en s'y rendant maîtres de quelque coin de pays où ils puffent vivre dans l'indépendance de l'Empire, furent-elles infructueufes. Ou ces audacieuses colonies fe virent forcées à repaffer le Rhin, ou elles furent réduites à s'avouer fujettes de l'Empire', & à reconnoître l'autorité de fes Officiers.

Ainfi toutes les Tribus des Francs, c'est-à-dire tous les Francs indépendans, habitoient encore dans la Germanie en l'année quatre cens fept, quand les vandales & les autres peuples qui s'étoient joints avec eux, firent dans les Gaules la fameuse invasion qu'on a long-tems appellée absolument l'invafion des Barbares. Les Francs fe comporterent encore dans cette occafion en bons & fideles alliés de l'Empire. Ils fe firent tailler en pieces en difpuLes deux tant aux Vandales l'approche du Rhin. Le défordre que la feconde, leur irruption mit dans la Gaule, s'accrut encore par le me & la foûlevement de cinq de fes Provinces les plus confiquatrième dérables, qui après avoir chaffé les Officiers de l'Empereur, fe confédérerent entr'elles & s'érigerent en Répu blique. Enfin quand Rome eut été prife par Alaric, la confufion devint extrême dans les Gaules, qui furent le théatre de plufieurs guerres civiles entre le parti demeuré fidele à l'Empereur Honorius qui regnoit alors, & les nouveaux Empereurs que les Troupes proclamoient. Pour comble de malheur, les Vifigots qui avoient pris. Rome, évacuerent l'Italie, & vinrent s'établir entre le Rhône & l'Ocean. Dans ces conjonctures differens effains des Peuples de la Germanie pafferent le Rhin pour s'établir aussi dans les Gaules, qui fembloient être devenuës la proye des nations. Quelques Tribus des Francs furent de ce nombre, & vinrent le cantonner elles-mê

noifes.

En 409.

mes dans le pays dont elles n'avoient pas pû empêcher l'invasion. Ce fut vers l'année quatre cens treize qu'arriva cet évenement.

Dès qu'Honorius put fe reconnoître, il prit des mefures pour rétablir l'autorité de l'Empire dans les Gaules, en obligeant les revoltés à rentrer dans l'obéïffance, & les Barbares à fortir du pays; mais ce Prince mourut En 424. avant qu'il eût executé fon projet. Valentinien troifiéme fon fucceffeur agit dans les mêmes vûës, & Aétius qui commandoit pour lui dans les Gaules, obligea en cinq cens vingt-huit les Francs qui s'y étoient cantonnés, à repaffer le Rhin, ou à reconnoître l'autorité de l'Empire. C'étoit, comme on le verra, la coûtume des Romains lorfqu'il leur convenoit de permettre à quelqu'effain de Barbares qui avoit envahi une portion du territoire de Rome, de garder le pays où il s'étoit cantonné, de l'obliger du moins à y vivre, fuivant les loix de l'Empire & fous l'obéïffance * de fes Officiers.

Mais les autres affaires qui furvenoient de tems en tems à Valentinien, & les guerres civiles dont étoient suivis les démêlés que les Généraux Romains fiers de la foibleffe du gouvernement avoient entr'eux, ouvroient fans ceffe aux Barbares de nouvelles portes pour rentrer dans ce pays, ou pour y aggrandir le territoire dont ils s'étoient maintenus en poffeffion.

Cependant l'Empereur regagnoit toujours du terrein, lorsqu'en quatre cens trente- neuf, l'armée qu'il avoit dans

*Bafternas Gentem Scythicam quæ Probo fe fubjecit, in Thracia fedibus conceffis reliquit, qui Romanorum moribus & legibus conftanter ufi funt. Zofim. Hift. Lib. Pri.

Scythæ Valentem id temporis ob

fecrarunt, ut fe per Thraciam recipe-
ret fociorum & fubditorum functuros
officium & obfecuturos in rebus om-
nibus que Princeps imperaffet. lbid.
lib. 4. p. 234.

les Gaules fut défaite par les Vifigots, & Carthage Ville capitale de la Province d'Afrique prife par les Vandales. La perte de cette armée & la neceffité d'employer la plus grande partie des forces qui reftoient encore à l'Empire d'Occident à garder les côtes de l'Italie, devenuës un pays frontiere par la prise de Carthage, dénuerent les Gaules de troupes. Voilà la conjoncture dans laquelle les premiers fondemens de la Monarchie Françoise furent jettés.

Vers l'année quatre cens quarante-trois, Clodion qui régnoit fur celle des Tribus des Francs qui s'appelloit la Tribu des Saliens, & qui, foit par conceffion de l'Empereur, soit par force, avoit conservé un coin de pays fur la frontiere du district de la cité de Tongres, fe faifit de Cambray, & il fe rendit maître en même tems de la contrée qui eft entre cette derniere ville & la Somme. Ce fut auffi pour lors, fuivant l'apparence, que les Francs connus dans nos Annales fous le nom de Ripuaires, s'emparerent d'une partie du pays, renfermé entre le Bas-Rhin & la Baffe-Meufe.

Aëtius fit auffi-tôt la guerre aux Francs Saliens, mais il n'étoit pas encore venu à bout de les obliger à évacuer le pays occupé, lorsqu'on fut informé dans les Gaules qu'Attila Roi des Huns & le plus puiffant des Rois Barbares, fe difpofoit à y faire inceffamment une invasion, & que plufieurs peuples s'étoient engagés à fuivre fes enfeignes, dans l'efperance de partager entr'eux cette grande & riche contrée. La crainte fufpendit les guerres qui s'y faifoient. Les Romains qui commandoient dans les Provinces des Gaules qui obéïfloient à l'Empereur, traiterent avec les Romains des Provinces confédérées, à qui l'on accorda une pacification, en vertu de laquelle ils de

vinrent les Alliés de l'Empire, de ses sujets qu'ils étoient auparavant. Les uns & les autres s'unirent enfuite avec les Barbares établis déja dans la Gaule, & il fut permis à plusieurs de leurs Colonies de tenir paisiblement les pays dont elles s'étoient mifes en poffeffion, & d'y vivre avec leurs femmes & leurs enfans, fous la fouveraineté de leurs Rois, & dans l'indépendance des Magistrats Romains. On exigea feulement de ces Barbares, qu'à l'avenir ils fe contiendroient dans les bornes des quartiers qu'ils avoient pris par force, qu'ils fe conduiroient en bons & fideles Alliés de l'Empire, & qu'ils le ferviroient dans les occafions, comme troupes auxiliaires.

La Tribu des Saliens fur laquelle Merovée le fucceffeur de Clodion régnoit alors, celle des Ripuaires, & peut-être quelques autres Tribus, auront été du nombre des Peuplades de Barbares avec qui cette capitulation fut faite, & qui furent admifes à demeurer fur le territoire de l'Empire, en qualité de fes Hofles. C'est le nom que fe donnoient eux-mêmes les Barbares, dont ces fortes de Colonies étoient composées. Il est même probable que nos Francs furent ceux des Etrangers, à qui les Romains accorderent avec le moins de répugnance la conceffion dont nous venons de parler. L'une & l'autre nation fraternifoient ensemble depuis deux fiecles.

Merovée fut fidele à tous les engagemens qu'il avoit pû prendre, & il fervit avec distinction dans l'armée Romaine, qui battit les Huns au milieu des champs Catalauniques en quatre cens cinquante & un. Childéric fils & fucceffeur de Merovée rendit auffi des fervices fignalés à l'Empire, dans les guerres qu'il eut à foûtenir contre les Vifigots qui vouloient s'emparer de toutes les Gaules, & contre les Saxons qui fans ceffe y faifoient des defcen

tes. Il paroît même que ce Prince ait été l'un des Généraux des Romains. Les Rois Barbares ne croyoient point alors fe dégrader en acceptant les grandes dignités militaires de l'Empire. Au contraire, ils tenoient à honneur d'en être revêtus & d'en exercer les fonctions; & l'Empereur de fon côté, n'avoit point une trop grande répugnance à leur confier ces emplois, parce que comme nous le dirons, les dignités militaires ne donnoient plus depuis Conftantin le Grand, aucune autorité dans les affaires de Juftice, de Police & de Finance aux Officiers qui en étoient revêtus.

Childéric vivoit encore, lorfqu'en quatre cens foixante & feize Odoacer, l'un des Rois des Oftrogots s'empara de Rome, & qu'il détruifit pour toûjours l'Empire d'Occident. Celles des Provinces des Gaules, qui jufques là, étoient demeurées fous l'obéiffance du Prince, tombe rent alors dans une espece d'Anarchie. D'un côté, elles ne vouloient plus reconnoître le pouvoir de Rome, dont Odoacer étoit maître abfolu; & d'un autre côté, l'Empereur des Romains d'Orient, dont elles s'avoüoient fujettes, étoit trop éloigné d'elle pour les gouverner. A la faveur des troubles dont cette Anarchie fut cause, il y eut des Officiers Romains qui fe cantonnerent, & qui firent alors ce que firent dans la fuite les Ducs, les Comtes & les autres Seigneurs, qui fous les derniers Princes de la feconde Race de nos Rois, fe rendirent véritablement les maîtres des pays, où ils ne commandoient qu'en vertu d'une commiffion du Souverain. On ne voit pas cependant que Childéric tout accredité qu'il fût, ait profité du renversement du Thrône d'Occident pour étendre fes quartiers, ou, fi l'on veut, fes Etats. Quand il mourut en l'année quatre cens quatre-vingt-un, il ne laissa au Roi

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