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ftin. Lib. 7.

Codex Ju- gagnoient leur vie en exerçant les Arts & Métiers. Com Titul. 6. me chaque Art ou Metier faifoit un Corps ou un College particulier, on appelloit cet Ordre les Colleges des Metiers, Collegia Opificum. La plûpart de ceux qui compofoient cet Ordre étoient des Affranchis, qui fuivant les Loix en vigueur dans le cinquième siècle, devenoient Citoyens Romains fitôt qu'ils avoient été mis en liberté, ou les defcendans de quelqu'un de ces Affranchis qui n'avoient point encore fait assez de fortune pour entrer dans le fecond Ordre. Il paroît que les Colleges d'Artifans où les Corps des Arts & Metiers s'affembloient bien pour régler leur police particuliere, & qu'ils pouvoient même mettre fur leurs Membres quelques taxes legeres pour fournir aux frais que toute la Communauté eft obligée de faire; mais on ne voit point qu'ils euffent aucune part à l'impofition, ni à la levée des revenus du Prince.

CHAPITRE II I.

Du revenu particulier de chaque Cité, de fes
Milices, & de la maniere dont elle
étoit gouvernée.

CH

HAQUE Cité avoit fes revenus particuliers qui provenoient de deux fources. La premiere étoit le produit des Octrois ou des Droits particuliers que le Prince permettoit à chaque Cité de lever fur les denrées & fur les marchandises, afin qu'elle fût en état de fubvenir aux dépenfes de la Commune. (a) Nous avons

(a) Vectigalia quæcumque quælibet | rum fuarum folatia quæfierunt, five illa Civitates fibi ac fuis Curiis ad anguftia- functionibus Ordinum Curialium pro

plufieurs Loix Imperiales qui ftatuent touchant ces Octrois, & entr'autres une d'Arcadius & d'Honorius qui confirme les Octrois accordés aux Cités, & déclare que ceux qui voudront fe pourvoir contre, ne feront pas écoutés.

La feconde fource du revenu particulier des Cités ou de leurs deniers patrimoniaux, étoit le produit des biens fonds dont la proprieté appartenoit à la Commune. Les Lettres de Pline à l'Empereur Trajan, le Code & les autres monumens de l'antiquité Romaine font foi __Lib. 9. que les Cités acqueroient & qu'elles poffedoient en proprieté des fonds dont le revenu étoit employé, foit faire de nouvelles acquifitions, foit à construire des bâtimens publics, foit à donner des fpectacles.

a

Enfin rien ne manquoit à chaque Cité pour être en quelque maniere un Corps d'Etat particulier. Non feulement elle avoit fon Sénat & fes revenus, elle avoit encore fa Milice. Les Romains avoient laiffé aux Gaulois le maniment des armes après les avoir foumis. Nous voyons que fous les premiers Empereurs, & long-tems avant que Caracalla eût donné le droit de Bourgeoifie Romaine à toutes les Cités de la Gaule, les Officiers du Prince avoient coûtume dans les occafions de demander à ces Cités des fecours de troupes, & que les Corps qu'elles faifoient marcher fe trouvoient à des rendezvous très-éloignés des lieux de leur féjour ordinaire, peu de tems après qu'ils avoient été commandés. Cela n'auroit pas pû fe faire s'il n'y avoit pas eu actuellement dans chaque Cité un certain nombre d'Habitans qui

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pimus, neque ullam contratiam fuppli-
cantium fuper his moleftiam formidare.
Cod. lib. 4. tit. 63. Lege 10.

Titul. 69.

euffent toûjours leurs armes prêtes, qui fuffent fubordonnés à des Chefs reconnus, & difciplinés en quelque maniere; en un mot, s'il n'y avoit pas eu une Milice femblable à celles qui font aujourd'hui dans les Etats de la Chretienté, & femblable à celle que les Rhetiens ou les Grifons avoient certainement fous le regne de l'Empereur Vitellius. (a) Les Helvetiens ou les Suiffes ayant commis quelques hoftilités contre l'armée de Vitellius, laquelle Cécina conduisoit en Italie; ce General résolut d'attaquer d'un côté fon ennemi, tandis qu'il le feroit attaquer de l'autre par les troupes réglées qui étoient dans la Rhetie, & par la jeunesse du pays qui étoit faite au maniment des armes & disciplinée. Je vais rapporter quelques faits qui prouvent ce que je viens d'avancer, après avoir néanmoins pris la précaution d'avertir ceux des lecteurs qui pourroient penfer que j'aprofondirois trop une matiere étrangere à mon fujet, que je prétends faire voir dans la fuite que les Cités des Gaules avoient encore les Milices dont je vais parler fous nos Rois Merovingiens, & qu'il eft faux par consequent que les Francs euffent defarmé les Romains de cette grande Province de l'Empire.

Tacite dit que lorsque la flotte d'Othon fit une def cente fur les côtes de celle des Provinces des Gaules qui s'appelloit les Alpes Maritimes, & qui étoit sous l'obeïffance de Vitellius fon compétiteur à l'Empire: Marius Maturus (b) qui commandoit dans ce pays pour Vitellius, raffembla les Habitans qui borderent auffi

(a) Hinc Cecina cum valido exercitu, inde Rheticæ alæ Cohortefque, & ipforum Rhætorum juventus fueta atmis & more Militia exercita. Tacit. Hift. lib. 1.

(b) Alpes Maritimas tunc Procurator tenebat Marius Maturus. Is concitâ gente, nec deeft juventus, arcere finibus Othonianos intendit. Tacitus Hift. lib. 2..

tôt le rivage pour s'opofer au débarquement de l'en

nemi.

Ce même Hiftorien fait fouvent mention des Milices fournies par les Cités des Gaules à l'occafion des differens évenemens de la guerre que Civilis fit aux Romains la premiere année du regne de Vefpafien. Notre Hiftorien dit dans le récit du combat que Herennius Gallus donna près de Bonne contre les Cohortes des Bataves qui defertoient du fervice de Rome pour aller fervir Civilis contre elle, que Herennius (a) avoit fous les ordres trois mille foldats des légions, les Cohortes des Belges qu'on avoit fait marcher, & un grand nombre de payfans & de valets d'armée. Tacite fait encore mention des fecours des Ubiens, & il fait dire dans le même livre à Civilis que Virginius Rufus lorfqu'il avoit battu Julius Vindex qui s'étoit révolté contre Néron, avoit dû une partie du fuccès (b) aux Belges qui l'avoient joint: Que dans cette bataille ç'avoient été les Gaulois qui avoient défait les Gaulois.

Il est vrai que comme les Empereurs qui n'admettoient dans les légions que les Citoyens Romains, levoient fous le nom de Cohortes auxiliaires des Corps compofés de leurs autres fujets; on pourroit croire que les fecours des Ubiens & ceux des Belges fignifiaffent ici des Cohortés auxiliaires de troupes réglées, levées par les Officiers du Prince dans le pays de Cologne, & dans la Gaule Belgique, mais fuivant cette fuppofition, Tacite n'auroit pas dû dire, & il n'auroit pas dit ici, Au

(a) Tria millia legionariorum, tu- | Batavo equite protritos Aduos Arvermultuariæ Belgarum Cohortes, fimul paganorum lixarumque manus. Tacit. Hift. lib. 4.

(b) Ne Vindicis aciem cogitarent:]

nofque : fuiffe inter Virginii auxilia Belgas, vereque reputantibus, Galliam fuifmet viribus concidiffe.

Tacit. ibidem.

xilia Ubiorum, mais Cohortes Ubias. Il auroit dit les Cohortes Ubiennes, & non pas les fecours des Ubiens. Il n'auroit pas dit les Belges, mais les Cohortes Belgiques.

Cet Auteur prévient lui-même toutes les difficultés qu'on pourroit fe faire à ce sujet, en écrivant que dans les commencemens de la guerre de Civilis, les Gaulois aidoient avec chaleur l'armée Romaine (a), & qu'ils lui envoyoient de nombreux fecours.

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Dans un autre endroit, Tacite écrit en rendant compte de l'arrangement que Vitellius fit après avoir terminé à son avantage fa guerre contre Othon (b): Vitellius renvoya aux Cités des Gaules leurs troupes auxiliaires, dont le nombre étoit confiderable. Il » avoit été bien aise de faire parade d'un tel renfort au » commencement de son entreprise. Quand elle fut terminée, ce Prince pour empêcher que la dépense de l'Etat n'excédât fon revenu, diminua encore le nombre des foldats des légions & des troupes auxiliaires, » en défendant de recruter ces Corps, & en donnanɛ. » leur congé à tous ceux qui le demanderent. » Tacite ne fçauroit mieux donner à connoître que fous le nom de fecours fournis par les Cités des Gaules, il n'entend point les Cohortes auxiliaires de troupes réglées & soudoyées que Vitellius auroit pû faire lever dans les Gaules. Vitellius renvoye chez elles toutes les Milices des Gaules dont il avoit voulu feulement faire parade, & il fe contente de réduire à un moindre nombre les

"

Tacit. ibidem.

a

(a) Affluentibus auxiliis Gallorum | Cæterum ut largitionibus affectæ Impequi primo rem Romanam juvabant. rii opes tamen fufficerent, amputari legionum auxiliariorumque numeros jubet, vetitis fupplementis & promifcue miffiones offerebantur.

(b) Reddita Civitatibus Galliarum auxilia, ingens numerus & prima ftatim defectione inter inania belli adfumptus.

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Tacit. Hift. lib, 2,

foldats

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