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le relâcher qu'à prix d'argent, quoique l'Empereur en pût ordonner; 1527. car le pillage de Rome n'avoit fait qu'enflammer la cupidité du Soldat

en la fatisfaifant. L'Empereur avoit Belcar. liv envoyé en Italie le Général de 19. n. 42. l'Ordre de Saint François, & un autre Négociateur nommé Véri de Migliau, avec des inftructions & des pouvoirs adreffés au Viceroi de Naples. Ce Viceroin'étoit plus Charles de Lannoy, il venoit de mourir à Gaëte, c'étoit Dom Huges de Moncade fon ami, le feul des Grands, Guicciardi d'Efpagne, qui aimât Lannoy. Celui- Brant. Capite ci, en mourant, l'avoit défigné fon Etrang, art, Moncade fucceffeur fous le bon plaifir de l'Empereur qui agréa ce choix.

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liv. 18.

Mém. de

Le Général & Migliau ayant conféré avec le Viceroi, partirent pour Rome; & Moncade, qui dans un commencement de Vice-royauté ne Du Bellay a croyoit pas devoir quitter fon Gou- liv. 3. vernement, fe fit repréfenter à Rome par Serenon fon Sécrétaire. Le Général des Cordeliers, qui vou loit être Cardinal, fe montra très

1527.

de fa fituation pourroit lui arra

cher.

fa

L'habile Pontife avoit vu aisément Guicciard, ce que toute l'Europe voyoit ou Ev, 18. pouvoit voir comme lui; que deftinée ne dépendoit pas uniquement de l'Empereur, & qu'il falloit auffi fe rendre l'armée favorable; il mit dans fes intérêts le fameux Moron qui étoit le confeil de tous les principaux Chefs; il donna l'Evêché de Modene à fon fils; il lui promit à lui-même des fommes confidérables.

Il ne fe comporta pas moins adroitement à l'égard de fon furieux ennemi le Cardinal Pompée Colonne. Ce Prélat étoit venu lui rendre vifite au château Saint-Ange, foit par bienféance, foit pour jouir de fon humiliation. Le Pape fut tirer parti de fa vanité; il s'avoua vaincu, il reconnut qu'il n'appartenoit qu'aux Colonnes, & fur-tout à Pompée d'abbaiffer & de relever le Saint Siége à leur gré; les titres qu'il lui prodigua de Dompteur des Papes,

1527

d'appui ou de fléau du Saint Siége, d'Arbitre de la Chrétienté, flatterent ce cœur ambitieux, & diffiperent infenfiblement fa haine. Le Belcar. liv Pape le voyant ébranlé, n'épar- 19 n. 43. gna ni prieres, ni larmes pour le fléchir; Colonne s'enivra de la nobleffe du personnage qu'il pouvoit jouer, il devint l'ami du Pape & fon protecteur auprès de l'Empereur & de l'armée; il crut que le Pape, remis en liberté, fe fouviendroit du bienfait & oublieroit les outrages.

Il étoit temps que l'Empereur relâchât le Pape, s'il ne vouloit pas qu'il lui fût arraché. Lautrec avançoit toujours fans obstaclé. L'Empereur envoya de nouveaux orares pour faire mettre le Pape en liberté, aux conditions, difoit-il, les plus agréables à ce Pontife. Migliau voyant Mém.l que le Traité alloit être conclu, ne Du Bellay voulut point y prendre part, & crut devoir fe retirer à Naples. Le Général des Cordeliers s'empressa d'exécuter les ordres de l'Empereur,

liv. 3.

& Moncade fe laffant de perfécuter 1527. le Pape, fans motif & fans intérêt, Serenon fon Secretaire fit tout ce qu'on voulut.

Belcar. liv.

On convint donc que le Pape fe

19. n. 44. roit mis en liberté, fans rançon, dans le fens qu'on a expliqué plus haut, mais en payant 67000 ducats aux Allemans, 35000 aux Efpagnols, avant que de fortir de Rome; en donnant encore une pareille fomme aux Allemans, quinze jours après, & en achevant la fomme de de trois cens cinquante mille ducats dans le terme de fix mois.

Guicciard. liv. 18.

A l'égard des Places de fûreté, on convint que l'Empereur refteroit en poffeffion d'Oftie & de Civi ta Vecchia qu'André Doria lui avoit remises depuis le premier Ttaité après avoir été payé des quatorze mille ducats qu'il demandoit; & que de plus on remettroit à l'Empereur Forli & Civita Caftellana. On donna d'abord en ôtage Hyppolite & Alexandre de Médicis, en attendant que des ôtages moins pré

cieux au Pape, les Cardinaux Pifani, Trivulce & Gaddo qui devoient être les véritables ôtages, fuffent 1527. arrivés de Parme où ils étoient alors; le Pape fut obligé encore de livrer les Cardinaux Céfis & des Urfins, mais il fut obligé à quelque chofe bien plus dure pour remplir les fu neftes engagemens qu'il venoit de contracter. Ses befoins les plus preffans n'avoient pu le faire confentir à mettre en vente la dignité de Cardinal, quoique fon Confeil l'y eût fouvent exhorté, en alléguant l'exemple de fes prédéceffeurs, qui n'avoient pas eu le même fcrupule. Guichardin attribue même principalement les malheurs de ce Pontif au refus opiniâtre qu'il fit d'employer cette reffource, refus dont on doit encore plus louer fa religion qu'on n'en doit blâmer fa politique. La religion céda enfin à la néceffité: l'infortuné Pontife, pour trouver le prix de fa liberté, ven. dit, en gémiffant, la Pourpre Romaine à des hommes qui s'en mon

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