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Sleidan.

de la ville. Il s'agiffoit de venger l'affront & les malheurs que le Roi avoit effuyés fous fes murs. Les foldats impatiens n'attendirent pas que la breche fût affez grande pour fouffrir l'affaut, ils fe débanderent & pénétrerent fans Chef jufqu'aux remparts. Leur témérité ne fut point heureuse, ils furent repouffés avec perte, & obligés de regagner leurs retranchemens; mais le lendemain le canon ayant aggrandi Commentar. la bréche, la Place fut emportée d'affaut; la garnifon favoit trop le fort qu'elle devoit attendre, pour ne s'y pas dérober: elle eut le tems de fe fauver fur le pont, qu'elle rompit après l'avoir paffé. Sa perte fut légere, mais la ville Guicciard. fut livrée au pillage. Les Soldats y mirent même le feu, & le Maréchal Beltar. liv. de Lautrec eut beaucoup de peine à empêcher qu'elle ne fût entiérement réduite en cendres.

liv. 6.

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Guicciard.

liv. 18.

Toutes ces Places furent remifes fidélement au Duc Sforce; tout réuffiffoit alors à la Ligue, & cepen

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Mém. de

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dant fon Chef, qu'on différoit de fecourir, étoit toujours accablé de 1527douleur, environné de périls, & prifonnier dans le château SaintAnge. Lorfque Lautrec étoit encore au camp devant Pavie, le Cardinal Cibo, Légat du Pape, vint le conjurer de hâter fa marche vers Rome, Du Bellay, lui repréfenter que le principal & le plus preffant objet de la Ligue, devoit être la délivrance du Pape. D'un autre côté le Duc Sforce qui arriva vers le même tems au camp, faifoit les plus fortes inftances pour que le Maréchal, avant de s'engager dans l'Etat de l'Eglife, achevât la conquête, déja fi avancée, du Mila nès; il repréfentoit ce qui reftoit à faire comme extrêmement facile'; Milan fans garnison, fans argent, fans vivres, alloit ouvrir fes portes dès qu'on s'y préfenteroit, fi au contraire on quittoit le Milanès de Leve s'y fortifieroit, & ne pourroit plus en être chaffé.

Cibo & Sforce avoient tous deux raison, & Lautrec prit le parti de

AY

Belcar. liv 19. n. 39.

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les fatisfaire tous deux. Les troupes Vénitiennes, jointes à celles du Duc, lui parurent fuffifantes pour achever la conquête du Milanès; il réfolut d'aller avec le refte de l'armée au fecours du Pape ; il attendit quelque tems des Lanfquenets qui lui manquoient. Quand ils eurent joint, il partit; mais il s'arrêta encore, d'abord à Plaifance, enfuite à Bologne: ces délais furent longs. Plufieurs Auteurs jugent que ce tems eût fuffi pour chaffer entiérement les Impériaux de la Lombardie, ce qui rendant Lautrec plus redoutable à l'Italie, eût facilité toutes fes entreprises. D'autres le juftifient, & rejettent ces longueurs fur les ordres de la Cour de France, qui étoit alors amufée par des efpérances de paix avec l'Empereur, auquel François I. auroit aifément facrifié la Ligue, fi l'Empereur eût voulu lui rendre fes fils. Quoi qu'il en foit, Lautrec employa ces délais utilement pour la Ligue, puifqu'il fut y attirer deux Alliés nouveaux l'un fut le Mar

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liv. 18. Belcar. liva

quis de Mantoue, qui s'étoit piqué long-temps d'une neutralité difficile à obferver entre tant de grandes Puiffances, ennemies les unes des autres, & qui enfin avoit embraffé le parti de l'Empereur comme celui du plus fort; l'autre fut le Duc de Guicciarda Ferrare, qui depuis long-temps s'étoit entiérement dévoué à l'Empe- 19, n. 41. reur. Sa défection fut payée du prix le plus glorieux; elle valut dans la fuite à Hercule d'Eft fon fils, l'honneur de devenir beau-frere du Roi: il époufa la feconde fille de Louis XII, Renée de France, fœur de la feue Reine Claude.

Lorsqu'Antoine de Leve vit que

Mém. de

Lautrec s'éloignoit du Milanès, il Du Bellay fentit renaître l'efpérance de le re-liv. 3. couvrer; il comptoit pour peu de chofe les troupes de Sforce & des Vénitiens, qui reftoient pour la défenfe de cet Etat & qui étoient campées entre le Pô & le Tefin. Il fort de Milan, réfolu de 'forcer les poftes qui ferroient cette

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Avi
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19. n. 40.

Place, & la gênoient pour les vivres, il court à Biagraffo & s'en empare; déja il fe promettoit la

Belcar. liv. conquête de toute la Lomelline lorfque le Maréchal de Lautrec inftruit de fes deffeins, détacha de l'armée qu'il menoit vers Rome, cinq ou fix mille Fantaffins choifis, avec quelque Gendarmerie, fous la conduite de Pierre de Navarre. Ce

détachement reprit Biagraffo, & refferra de Leve dans Milan.

Lautrec s'avançoit toujours vers l'Etat de l'Eglife. Dès les premiers bruits de fon départ pour l'Italie, l'Empereur avoit fongé férieufement à délivrer le Pape, & à fe donner tout l'honneur de cette délivrance. Il fe trouvoit alors dans le même embarras où il s'étoit trouvé après la prife de François Premier. Le foin de garder le Pape, occupant une grande partie de l'armée Impériale, la mettoit hors d'état de rien entreprendre; elle bornoit toutes fes opérations à bien veiller fur fon prifonnier; & tous les projets à ne

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