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Saint Gaudence en eut fa part: c'eft-à-dire du XIV. S. Gaudenfang recueilli dans du plaftre; & il fe contenta. ce évêque d'avoir ce témoignage de leurs fuffrances. Saint de Brefle. Ambroife l'avoit ordonné évêque de Breffe quel-que tems auparavant, après la mort de S. Philaftre. Il fut élû abfent, car il étoit allé à Jerufalem, & le peuple s'engagea par ferment, à ne point avoir d'autre évêque: ce qui obligea S. Ambroife & les évêques de la province à lui écrire par les deputés que le peuple lui envoya: pour lui ordonner de revenir, fous peine de defobéïffan

ce,

& d'eftre excommunié, même par les évêques d'Orient. Il revint donc, & quoi qu'il alleguât fa jeuneffe & fon incapacité, malgré toute fa refiftance il fut ordonne évêque. Nous Gaud. aprenons tout cela du fermon qu'il fit à son ordi- ferm. 16i nation. En un autre, il dit que dans fon voya ge de Jerufalem il paffa en Cappadoce, & qu'étant à Cefarée, il y trouva des fervantes de Dieu, qui gouvernoient un monaftere, & qui étoient foeurs & niéces de S. Bafile. Elles avoient autrefois Serm. 177 reçû de lui des reliques des quarante martyrs, p.90. D. qu'elles donnerent à S. Gaudence: proteftant qu'elles avoient toujours demandé à Dieu de laiffer ce precieux trefor à quelqu'un, qui l'honorât comme elles avoient fait. S. Gaudence aporta ces reliques en Italie, & les mit dans fon églife.

Nous avons de lui dix-fept fermons, dont les dix premiers furent prononcés aux nouveaux. baptifés pendant la femaine de pâque, & S. Gau-dence les écrivit enfuite à la priere de Benevole, qui n'avoit pû y affifter, étant encore foible des reftes d'une grande maladie. C'eft ce même Be- Sup. liv. nevole, qui avoit été difgracié par l'imperatrice XVIII. Juftine, pour avoir refufe de dreffer un édit en Gand, pref. faveur des Ariens. Il s'étoit retiré à Breffe fa pa-trie, & étoit le principal ornement de cette égli fe. Dans le fecond fermon qui avoit été fait

pour

n. 43.

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Serm. 4. Sub fin.

Serm. 8. P.59. D.

pour les Neophytes au fortir des fonts, S. Gau-dence leur explique les myfteres, que l'on ne pou voit expliquer en prefence des catecumenes, & il leur dit Dans l'ombre de la pâque legale, on immoloit plufieurs agneaux, un en chaque maifon: car un feul ne pouvoit fuffire pour tous. Mais dans la verité où nous fommes un feul eft mort pour tous; & c'eft le même qui en chaque maifon de l'églife dans le facrement du pain & du vin, nourrit, étant immolé, vivifie ceux qui le croient & fanctifie ceux qui le confacrent. C'eft la chair de l'agneau, c'eft fon fang. Et enfuite le même createur & feigneur de la nature, qui tire le pain de la terre, fait encore du pain fon propre corps, parce qu'il le. peut & l'a promis: & celui qui de l'eau a fait. du vin, fait du vin fon fang.

,

Dans ces fermons, il exhorte les Neophytes à mener deformais une vie veritablement Chrétienne, à renoncer à toutes les parties de l'ido-latrie les enchantemens, les ligatures, les augures, les forts, l'obfervation des fonges, les feftins funebres. Au contraire, dit-il, foyez fobres, foigneux de venir à l'églife, & de vous apliquer avec nous à la priere & à la pfalmodie: que ce foit l'occupation de vôtre loifit. Il exhorte les gens mariés à la parfaite continence leur declarant toutefois, qu'ils peuvent ufer librement de leur mariage. Il leur recommande d'éviter l'yvrognerie, les feftins diffolus accompagnés de danfes, & d'inftrumens de mufique. Malheureufes, dit-il, font les maifons, qui ne different point des theatres que la maifon du Chrétien foit exempte de toute la fuite du de-mon. Qu'on y exerce l'humanité & l'hofpitali--té mais qu'elle foit continuellement fanctifiée par les pfeaumes & les cantiques fpirituels : que la parole de Dieu & le figne de J. C. foit dans le

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cœur ›

cœur, dans la bouche, fur le front : à table,
au bain, au lit, en entrant, en fortant, dans
la joye, dans la trifteffe. A ces dix fermons du
tems pafcal, S. Gaudence en ajoûta quatre fur
Præfat.
divers fujets de l'évangile, & un cinquiéme fur
les Macabées que Benevole avoit ouïs mais
qu'il lui avoit encore demandés..

des erimi

L'empereur Honorius étant conful l'an 396. XV. donna à. Milan un fpectacle au peuple de beftes S. Ambroi d'Afrique... Un criminel nommé Crefconius s'é- fe fauve toit refugié dans l'églife mais le peuple affem- nels. blé dans l'amphitheatre, obtint du comte Stili- Paul. vita con la permiffion de l'enlever avec des foldats, .34. Car Stilicon avoit toute l'autorité pendant le bas âge de l'Empereur. Crefconius fe refugia à l'au-tel, & S. Ambroife avec le clergé qui s'y trouva l'entoura pour le défendre; mais les foldats qui étoient en grand nombre, & conduits par des Ariens, furent les plus forts. Ils enleverent: Crefconius, & s'en retournerent triomphans à l'amphitheatre. Ceux qui étoient dans l'église, demeurerent fort affligés; & S. Ambroife pleura long-tems, profterné devant l'autel. Mais quand les foldats furent retournés, & eurent fait leur raport deux leopards étant lâchés fauterent legerement à l'endroit où ils étoient affis, & les laifferent confiderablement bleffés. Stilicon en fut touché il fe repentit de la violence qu'il avoit faite à l'églife, en fit fatisfaction à S. Ambroife pendant plufieurs jours & délivra Cref conius mais comme il étoit coupable de grands crimes, il l'envoya en exil: dont toutefois il fut rapellé peu de tems après..

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Du tems de l'empereur Gratien, S. Ambroi- Sexom. vit. fe avoit fauvé la vie à un autre criminel. C'étoit c.25. un payen conftitué en dignité, qui avoit mal parlé de Gratien, difant qu'il étoit indigne de fon pere. Il fut accufé & condamné à mort. Comme

on

114 Offic. c.

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on le menoit au faplice S. Ambroife-vint au palais demander fa grace: mais les ennemis du coupable avoient fait enforte, que l'Empereur. fût occupé à voir des combats de beftes dans fon palais. Amfi perfonne de ceux qui étoient à la porte ne voulut l'anoncer, comme étant venu

contre-tems. Il fe retira donc, mais il vintfans qu'on s'en apperçût à la porte, par où on faifoit entrer les beftes; entra avec ceux qui les conduifoient, & ne quitta point l'Empereur,. qu'il n'eût obtenu la grace du criminel.

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Saint Ambroise n'avoit pas moins de zele pour 29.3.150. fauver les dépôts que l'on confioit à l'églife; & il refifta plufieurs fois à des ordres de l'Empe-reur pour les enlever. Un particulier avoit obtenu un refcrit de l'Empereur, pour s'attribuer un dépôt fait par une veuve dans l'église de Pavie le clergé ne refiftoit plus, les magiftrats & les officiers chargez de l'execution du refcrit, difoient qu'on ne pouvoit s'y oppofer.., l'agent de l'Empereur preffoit. Mais l'Evêque de Pavier de l'avis de S. Ambroife, défendit fi bien l'entrée du lieu où étoit le dépôt, qu'on ne le put enlever, & on fe contenta d'une reconnoiffan-· ce par écrit. On revint encore en vertu de cet. écrit & d'un nouvel ordre de l'Empereur. L'E-. vêque refufa il fit lire l'hiftoire d'Heliodore qui fut fi feverement puni, pour avoir voulu. enlever les dépôts facrez du temple; & avec bien de la peine fit goûter fes raifons à l'Empereur.

2. Macc. III. 10.

XVI.

Un Evêque nommé Marcel avoit une fœur. Jugemens veuve, & un frere nommé Letus. Marcel don

S.Ambroi

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notables de na à fa fœur une terre qui lui appartenoit, à la fe.. charge qu'en mourant elle la laifferoit aux pauAmbr. Ep. vies & à l'églife, dont il étoit Evêque. Letus, 83.al. 49 contefta la donation; ce qui produifit entre-eux un grand procés. Après avoir long-tems plaidé,

ni au.

fait de grands frais, & dit de part & d'autre
des chofes fâcheufes, ils defirerent d'être jugés
par S. Ambroife, & lui firent renvoyer l'affaire na
par le prefet du pretoire. S. Ambroise ne voulut
point les juger à la rigueur, mais feulement
comme arbitre pour les accommoder & les re-
concilier enfemble. Il les fit donc convenir, que
la terre feroit donnée à Letus en proprieté, à la
charge d'une penfion viagere à la foeur, confi-
ftant en une certaine quantité de blé, de vin & ...
d'huile, & qu'après la mort de la foeur, perfon-
ne ne pouroit rien demander à Letus
nom de l'Evêque Marcel, ni au nom de l'égli
fe. S. Ambroife pretendit leur faire auffi gagner n. 9.
leur caufe à tous. à Letus parce qu'il aquit la
proprieté de la terre à la foeur, parce qu'elle
s'affura un revenu, fans procés, fans foin, fans
peril de mauvaises années à Marcel, en ce qu'il
contenta fon frere, auffi-bien que fa foeur, &
que l'on fuivit l'expedient que lui même avoit
propofé. Il n'y avoit que l'églife qui fembloit
perdre. Mais faint Ambroife foûtient qu'elle ga n. 10.
gne affes par la charité qui eft confervée par
les vertus que pratique fon Evêque & le bon
exemple qu'il donne en cette occafion.

:

:

Il y avoit à Verone une vierge nommée Indi- Ep.5. al.46. cia, que Zenon Evêque de cette ville avoit con- Syagr.n.\. facrée à Dieu, après des épreuves de plufieurs n.21. années. Elle avoit demeuré à Rome avec fainte Marcelline, dans la maifon de S. Ambroife, & avoit toûjours donné une grande opinion de fa vertu. Etant revenue à Verone, elle demeura chez fa foeur, mariée à un nommé Maxime, vi- n. 16. vant toûjours fi retirée, que quelques-uns furent choqués de ce qu'elle ne rendoit pas vifite à leurs femmes. On fit courir le bruit qu'Indicia n. 19. étoit accouchée d'un enfant que l'on avoit fait mourir. Maxime fon beau-frere. s'adreffa à Sya

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