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heures du foir; & fe retirerent pleins d'admi- AN. 396. ration. Et pour montrer que l'unique fujet de leur voyage, étoit de le connoître par eux-mêmes le lendemain ils prirent congé de l'Empereur, s'en allerent à Rome, pour voir la puiffance du prefet Probus & retournerent chez eux. Le comte Arbogafte étant à table avec quel- Id. n. 30, ques rois des Francs, avec qui il faifoit un traité de paix ils lui demanderent s'il connoiffoit Ambroife. Je le connois, dit-il, je fuis de fes amis , & je mange fouvent avec lui. Le Roi Franc répondit: C'eft pour cela, comte, que tu és victorieux, puis que tu és ami d'un homqui dit au foleil Arrefte, & il s'arrête. Paulin dit avoir apris ce fait d'un jeune homme, qui fervoit à boire au comte Arbogafte en ce

me,

repas.

,

Peu de tems avant la mort de S. Ambroise, Id. n. 56. une reine des Marcomans, nommée Fritigil. ayant ouï parler de lui à un Chrétien venu d'Italie, crut en J. C. & envoya des ambassadeurs chargez de prefens pour l'églife de Milan, priant S. Ambroife de l'inftruire par écrit, de ce qu'elle devoit croire. Il lui écrivit une belle lettre en forme de cathechifme, où il l'exhortoit auf fi d'engager fon mari à garder la paix avec les Romains. La reine ayant reçû cette lettre, perfuada au roi de fe donner aux Romains avec fon peuple; & vint elle-même à Milan : mais elle eut la douleur de ne plus trouver en vie S. Ambroife. Nous n'avons point la lettre qu'il avoit écrite à cette reine.

fe.

Un efclave du comte Stilicon, ayant été de- XX. livré du demon qui le tourmentoit, demeuroit Miracles de dans la bafilique Ambrofienne; & fon maître qui S. Ambroi l'aimoit, l'avoit recommandé à S. Ambroife. On découvrit qu'il faifoit de fauffes lettres, donner la charge de tribun enforte que l'on

:

pour

arrefta

n.43.

AN. 396. arrefta des gens, qui alloient exercer en vertu de ces provifions. Stilicon relâcha à la priere de S. Ambroife, ceux qui avoient été ainfi trompez : mais il ne punit point fon efclave, & fe contenta d'en faire des plaintes au S. Evêque. Comme cet homme fortoit de la bafilique, S. Ambroife donna ordre de le chercher, & le lui amener. II l'interrogea, & l'ayant convaincu de ce crime, 1.Cor. v. 5. il dit: Il faut qu'il foit livré à fatan, pour la deftruction de la chair, afin qu'à l'avenir perfonne n'ofe rien faire de femblable. Au même moment, & avant que le S. Evêque eût achevé de parler, l'efprit immonde fe faifit de lui, & commença à le déchirer dequoi nous fumes tous fort épouvantez, dit Paulin. Et il ajoûte: Nous vîmes pendant ces jours-là plufieurs poffedez délivrez par fon commandement & par l'impofition de fes mains.

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13.42.

Nicetius auparavant tribun & notaire, avoit les pieds fi douloureux, qu'il ne pouvoit prefque paroître en public: comme il s'aprochoit de l'autel pour recevoir le S. Sacrement, S. Ambroise par hazard lui marcha fur le pié, & le fit crier; mais il lui dit: Allez, vous ferez déformais gueri. En effet, au temps de la mort du faint, il témoignoit avec larmes, qu'il n'avoit point fenti de mal depuis.

Peu de jours avant Pexplication du pfeaume
S. Ambroife gardât le

lit, comme il dictoit
quarante-troifiéme, Paulin qui écrivoit fous lui,
vit tout d'un coup un feu en forme d'un petit
bouclier, qui lui couvroit la tête, & entra peu
à peu par fa bouche: enfuite fon vifage devint.
éclatant comme la neige, puis il prit fa premie-
re forme. J'en fus tellement épouvanté, ajoûte
Paulin, que je demeurai immobile, & ne pûs
écrire ce qu'il difoit, qu'après que la vifion fut
paffee. Il difoit un paffage de l'écriture, que je

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retins fort bien, & il cefla ce jour-là d'écrire ou AN. 397de dicter, enforte qu'il ne put achever le pfeaume. Je raportai auffi-tôt ce que j'avois vû au diacre Caftus fous la conduite duquel j'étois & il me montra par les actes des Apôtres, que j'avois vû le S. Efprit defcendre fur le 'S. Evêque. Nous avons cette explication de S. Ambroife fur le pfeaume 43. où en effet il finit au verfet 25. & ne dit rien fur les deux derniers. Il faloit qu'il fe fentît déja malade: car Paulin témoigne que n. 38. quand il fe portoit bien, il ne fe déchargeoit pas de la peine d'écrire fes livres de fa main. Et S. Ep. 47. ad Ambroise dit lui-même, qu'il ne dictoit pas tout, Sab.al,65. principalement la nuit: pour n'incommoder perfonne, pour pefer davantage ce qu'il écrivoit, & rendre fon ftile plus exact.

Paulin ajoûte il prenoit foin de toutes les églifes: il prioit jour & nuit avec une grande af fiduité Il veilloit beaucoup, & jeûnoit tous les jours ne dînant jamais que le famedi & le di

:

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manche. Car à Milan on ne jeûnoit point le fa- Aug. ep. 36. medi, même en carême: mais quand il fe trou- al. 86. ad voit à Rome ou ailleurs, où l'on jeûnoit le fa- Caful. in fin. medi, il jeûnoit comme les autres : tenant pour maxime, de fuivre en ce point l'ufage des lieux où il fe rencontroit. Il donnoit quelquefois à manger, même aux plus puiffans de l'empire aux confuls & aux prefets, qui le tenoient à honneur : comme on le voit dans la perfonne d'Ar- Paul, vita bogafte & de Vincent prefet des Gaules. Mais il c. 30. n'alloit jamais manger chez perfonne, quoi qu'on Sulpic, dial. l'en priât, tant qu'il étoit à Milan. Il tenoit enPoff. vita core pour maxime, de ne fe mefler jamais d'au- Aug.c.27. cun mariage, & ne procurer à perfonne de charge à la cour; de peur de s'en rendre refponTable.

1.c. 17.

Après avoir ordonné un évêque à Pavic, il XXI. tomba malade, & garda long-tems le lit. Alors Mort de S. Tome V. le Ambroife.

C

4.45.

Peff. vita
Aug.6.27.

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AN. le comte Stilicon dit, que la mort d'un fi grand 397. Paul. vita homme menaçoit l'Italie de fa perte. C'eft pourquoi il fit venir les hommes les plus confiderables de Milan, qu'il favoit eftre aimez du S. évêque, & les obligea partie par prieres, partie par menaces de l'aller trouver, & le preffer de demander à Dieu qu'il le laiffat encore en vie. Comme ils étoient autour de fon lit, & lui demandoient avec larmes cette grace, il leur répondit: Je n'ai pas vêcu avec vous, de maniere que j'aye honte de vivre; & je ne crains pas de mourir, parce que nous avons un bon maître. Il était couché dans une galerie, au bout de laquelle m.46. quatre diacres, Caftus, Polemius, Venerius & Felix s'entretenoient de celui qui pourroit lui fucceder en l'épifcopat; & parloient fi bas, qu'à peine pouvoient-ils s'entendre l'un l'autre. Ils nommerent Simplicien ; & S. Ambroise quoi qu'éloigné, aprouvant leur choix, comme s'il eût été prefent à leur converfation, s'écria par trois fois Il eft vieux, mais il eft bon. Ils furent fi épouvantez de l'entendre parler ainfi, qu'ils s'enfuirent. Simplicien fut en effet fon fucceffeur & enfuite Venerius. Dans le même lieu, com47. me il étoit en priere, il vit J. C. venir à lui, avec un vifage riant. Il le dit à Baffien évêque de Lodi, qui prioit avec lui, & de qui Paulin dit l'avoir apris. S. Ambroife mourut peu de jours après. Il demeura en priere depuis l'onziéme heure du jour, c'est-à-dire cinq heures du foir, juf ques à l'heure qu'il expira, peu après minuit. Il prioit les mains étendues, en forme de croix, remuant les lévres, fans qu'on pût entendre ce qu'il difoit. Honorat évêque de Verceil s'étant couché, pour prendre un peu de repos, dans un étage plus haut de la maifon : il entendit une voix qui l'appella par trois fois, & qui lui dit: Leve-toi promptement, il va partir. Il defcen

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dit, & lui donna le corps de N. S. quand il AN. 397. l'eut pris & avalé, il rendit l'efprit. C'étoit la Martyrol. nuit où commençoit le famedi faint quatriéme R. d'Avril l'an 397. autrement la veille des nones Pagi. an. d'Avril, fous le confulat de Cefarius & d'Atticus. 397. n. 6. Saint Ambroise avoit été évêque vingt-deux ans

& quatre mois, & en avoit vêcu au moins cinquante-fept.

A la même heure & devant le jour, on por-
n.48.
ta le corps à la grande églife, & il y demeura la
nuit fuivante, qui étoit la veille de Pâque. Plu-
fieurs enfans baptifez cette nuit-là le virent au
fortir des fonts les uns difoient qu'il étoit affis
dans fa chaire, fur le tribunal de l'églife: les au-
tres qu'il marchoit; & ils le montroient du doigt
à leurs parens, qui toutefois ne le voyoient
pomt. Plufieurs difoient avoir vu une étoile fur
fon corps. Le dimanche de Pâques, quand le
jour parut, après avoir celebré les faints myfte
res on leva le
corps pour le porter à la bafili-

que
Ambrofienne, où il fut enterré. Là une mul-
titude de demons témoignoit leur rage par des
cris infuportables; & l'on entendit de femblables.
cris à fa gloire, en plufieurs provinces, & pen-
dant plufieurs années. Le peuple jettoit des mou-
choirs pour les faire toucher au corps. Car il fe
trouva à fes funerailles une multitude inombra-
ble de toutes conditions, de tout fexe, & de
tout âge: non feulement de Chrétiens, mais de
Juifs & de payens: Les nouveaux baptisez bril-
loient fur tous les autres, & tenoient le premier
rang. Le même jour qu'il mourut, il parut en
Orient, à quelques faints perfonnages, priant "49
avec eux, & leur impofant les mains. On le
connut quelque tems après à Milan, par une
lettre datée du jour de fa mort, qui lui étoit
adreffée comme vivant: & qui fut reçue par
Simplicien fon fucceffeur, & gardée foigneufe
C 2

ment.

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