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Chryfoftome à fon entrée en l'épifcopat,

AN. 398.

On fit auffi en Occident fous le nom de l'empereur Honorius des loix favorables à l'églife. Premierement deux generales, pour lui conferver fes privileges: l'une peu après la mort de Theodofe en 395. l'autre en 397. une autre L.29.30. plus particuliere le 25. d'Avril 398. pour repri- C. Th. de mer les violences commifes contre les églifes. if. L.31. Com Elle porte que fi quelqu'un attaquant les églifes catholiques fait quelques injures aux preftres, aux miniftres, au fervice & au lieu faint: le fait doit eftre dénoncé aux puiffances, par les lettres dea magiftrats & des foldats ftationaires ; fpecifiant les noms de ceux que l'on aura pû reconnoître, fi la violence a efté commise par une multitude, & que l'on en connoiffe au moins quelques-uns, qui puiffent découvrir leurs complices: le gouverneur de la province punira de peine capitale, ceux qui feront convaincus: fans attendre la plainte de l'évêque, à qui la fainteté de fon miniftere ne laiffe que la gloire de pardonner. Ce font les termes de la loi. Il fera non feulement libre mais louable à tous, de pourfuivre comme un crime public, les injures atroces faites aux preftres & aux miniftres. Que fi la multitude rebelle fe défend par les armes & par l'avantage des lieux, enforte que les officiers ne les puiffent prendre : les gouverneurs des provinces d'Afrique demanderont du fecours au comte, qui avoit le commandement des troupes.

Guerre de

Gildon..

On void par-là que cette loi fut faite, parti- XXIX culierement pour l'Afrique; & on croit avec raifon, que ce fut à l'occafion des violences que les Donatiftes y exerçoient, & qui vinrent cette année 398. à un plus grand excés à la faveur de la guerre de Gildon. Nubel un des plus puiffans entre les petits rois Maures, laiffa entre-autres trois fils, Firmus, Gildon & Mafce

zel.

Amm.

Marc.
XXIX.C.5.

AN. 398. zel, qui vivoient fous la protection des Ro mains. Firmus fe revolta fous Valentinien premier & fut défait > par Theodofe de l'Empere pereur. Gildon étant demeuré fidéle aux Romains, fut élevé par l'empereur Theodofe à la dignité de comte, avec le commandement des troupes d'Afrique mais il fe revolta auffi Orof. lib. après la mort de Theodofe. Son frere Mascezel v1.c.36. le quitta, & revint en Italie, laiffant en AfriChr. an.398. que fes deux fils, que Gildon leur oncle fit mou

Marcel.

Al. 81.

rir. On le renvoya pour faire la guerre à fon frere; & en paffant, il alla à l'ifle Capraria, & en prit quelques moines, qu'il pria de venir avec lui pour l'aider de leurs prieres. On croit que ces moines étoient Euftafe & André, dont parle S. Auguftin, & que leur voyage lui donna occafion d'écrire à leur abbé Eudoxe & à fes Aug. ep.48. moines. Il les exhorte à ne pas tant aimer leur repos, qu'ils refufent de fervir l'églife, fi elle a befoin de leur travail Mafcezel ayant amené ces moines en Afrique paffoit avec eux les jours & les nuits dans les oraifons & dans les jeûnes: ayant apris fous Theodofe la force de telles armes. Il n'avoit que cinq mille hommes contre foixante & dix mille : & defefperant du falut de fon armée & de fa propre vie ; il vouloit dé camper, & paffer un défilé. La nuit faint Ambroile lui aparut, & frapant trois fois la terre de fon bâton, lui dit : Ici, ici, ici. Il comprit que le faint lui promettoit la victoire au même lieu trois jours après. Il y demeura donc ; & le troifiéme jour, ayant paffé la nuit en prieres, il marcha contre les ennemis qui l'environnoient. Il propofa la paix aux premiers qui s'avancerent: mais voyant un enfeigne qui s'y oposoit, & excitoit les autres au combat, il lui donna un coup d'épée dans le bras, enforte qu'il l'obligea de haiffer l'enfeigne qu'il portoit. Les troupes plus

Paul, vita

Ambr. n.

AL.

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doignées, croyant que les premiers fe rendoient, AN. 398. vinrent à l'envi fe rendre à Mafcezel, & les barbares qui fuivoient Gildon en grand nombre, abandonnés par les troupes reglées, fe difperferent par la fuite. Gildon s'enfuit lui-même, & s'étant embarqué, fut ramené en Afrique, où il s'étrangla peu de jours après. Cette guerre fut terminée dans les trois premiers mois de

l'année 398. Gildon étoit payen: mais fa fem- Pagi. an me étoit chrétienne & vertueufe: il avoit une 398.n.7.8. foeur qui confacra à Dieu fa virginité. Sa fille 9. &c. Salvine qui avoit époufé Nebridius, neveu de l'imperatrice, fut auffi pieufe, comme il paroît Hier.ep.gi par une lettre que S. Jerôme lui écrivit, touchant la conduite qu'elle devoit tenir dans fa viduité

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Les Donatiftes profiterent de eette guerre, pour continuer leurs violences avec plus d'impunité. Optat évêque de Thamagude, dans la pro- Aug. x. vince de Carthage, s'y fignala entre les autres; contr. Gand. & fut tellement attaché à la fuite de Gildon, 38. n. 55. qu'on le nomma Optat Gildonien. Il marchoit accompagné d'une troupe de foldats avec lef 11. Contr. quels il commit une infinité de crimes par toute ep.Parm.c. l'Afrique pendant dix ans. Il oprima des veu-.8. ruina des orfelins, fepara des perfonnes mariées, fit vendre le bien des innocens. Il fit la guerre à outrance par terre & par mer à l'églife Catholique; & fe rendit fi terrible entre les 11. Cent. Donatiftes mêmes, que ceux de Muftite & d'Af Crefc.c.70. fure contraignirent leurs évêques Felicien & Pre

ves,

textat de quitter le fchifme de Maximien, pour

2.72.4.6.4.

14.

revenir à la communion de Primien; & oblige- Ep. 5.3. al rent les Primianiftes à les recevoir, quoique nom- 16.n.3. mément condamnez dans leur concile de Bagaïe. Enfin Optat étant accufé comme complice de 11. Cont. Gildon > mourut en prifoh cette année 398. litt. Pesil.c. & toutefois les Donatiftes ne fe feparerent jamais

de

2392.n. 209.8.83.

AN. 398.de fa communion ils le reconnurent toujours Ep. 76. al. pour êvêque, & après fa mort lui donnerent le titre de martyr.

11. 1. 3.

XXX.

gustin avec

Glorius, &G.

162. n. I.

6.2.1.3.

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Saint Auguftin continuoit toûjours de travailConferen- ler à la réunion des Donatiftes > & ne faifoit ce de S. Au- point de difficulté de conferer avec eux, ou de leur écrire: non des lettres de communion qu'ils n'auroient pas reçûës, mais des lettres fimples Ep. 43. al. comme à des payens ; & fans y prendre le titre d'évêque. Un jour comme il étoit à Tuburse avec Glorius, Eleufius, & quelques autres Donatiftes, traitant de leur réunion, ils produifirent les actes Sup. liv. 1x. par lefquels il étoit porté que Cecilien évêque de Carthage avoit été condamné avec fes ordinateurs, par environ foixante & dix évêques; & la caufe de Felix d'Aptunge fut traitée d'une maniere très-odieufe. Après cette lecture, S. Sup. liv. 1x. Augustin dit: Nous avons auffi des actes eccleต.13. fiaftiques, où Second de Tigifi, alors primat de Numidie, laiffa au jugement de Dieu les évêques qui fe confeffoient traditeurs, dont les noms fe trouvent entre les juges de Cecilien, & Second à leur tefte. Enfuite il rapporta, comme après l'ordination fchifmatique de Majorin, les Donatistes demanderent à l'empereur Conftantin des juges ecclefiaftiques; comme Cecilien prefent fut abfous par le jugement du Pape Melchiade enfuite par le concile d'Arles, & par l'Empereur même à qui ils avoient appellé : & comme Felix d'Aptunge fut juftifié par le proconful. Saint Auguftin fit même aporter les actes qui prouvoient tous ces faits, & les fit lire en leur presence, pendant un jour entier on lût avant midi ce qui regardoit Second de Tigifi & Felix d'Aptunge m. 17. après midi la juftification de Cecilien: mais il n'y eut pas affez de tems pour lire les actes de la condamnation de Silvain de Cirthe.

Sap. x.7.23. Saint Auguftin étant retourné chez lui, leur

écrivit une lettre, où il releve la force de toutes AN. 398. ces preuves. L'injustice de Second de Tigifi.7 qui fous pretexte de conferver l'union, avoit laiffé au jugement de Dieu les traditeurs presens, convaincus par leur propre confeffion; & avoit condamné Cecilien abfent & innocent, avec qui tout le refte de l'églife étoit en communion. Au contraire, dit-il, Cecilien pouvoit méprifer la multitude de fes ennemis, fe voyant uni par les lettres de la communion à l'églife Romaine, en laquelle a toujours été la primauté de la chaire apoftolique, & avec les autres païs, d'où l'Afrique même a reçû l'évangile. Il faloit fe plaindre aux évêques d'outre- n. 8. mer, de la contumace des accufez; & s'ils y avoient perfeveré, les dénoncer par une lettre circulaire, pour les exclure de la communion de toutes les églifes du monde. Alors on auroit pû ordonner en feureté un autre évêque à Carthage. Mais Second & fes complices vouloient couvrir le crime, dont ils fe fentoient coupables, d'avoir livré les écritures, en accufant fauffement les autres. Encore oferent-ils fpecifier dans leurs actes n. 12. les crimes dont ils les accufoient.

Il releve la fageffe du concile de Rome, & du n.14, Pape Melchiade; & il ajoûte: Dira-t-on qu'il n'a pas dû s'attribuer la connoiffance d'une affaire jugée par foixante & dix évêques d'Afrique avec le primat à leur tefte? mais ce n'est pas lui qui fe left attribuée: c'eft l'Empereur, qui à vôtre priere a envoyé des évêques, pour en juger avec lui. Et enfuite: Suppofons que ces évêques, n.19. qui jugérent à Rome, furent de mauvais juges: il reftoit encore le concile plenier de l'églife univerfelle, où l'affaire pouvoit être traitée avec les juges mêmes, afin que s'ils étoient convaincus d'avoir mal jugé, leur fentence fût caffée.

Saint Auguftin paffant une autre fois à Tubur

fe,

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