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AN..398 27 de Juillet 398. à Milan, qui confirme ces L.7.de epif, arbitrages des évêques en ces termes: Ceux qui voudront de gré à gré plaider devant l'évêque,

and.

XXXVI.

on ne les empêchera point: mais ils recevront fon jugement, comme d'un arbitre volontaire, feulement en matiere civile. Ce qui ne nuira point à ceux, qui y étant appellez, ne voudront pas s'y presenter.

,

Une autre loi donnée en Orient le même jour Loi contre fixiéme des calendes d'Aouft, fous le confulat les Afyles. d'Honorius & d'Eutychien, c'eft-à-dire le 27. Juillet 398. reprime l'abus de l'interceffion des clercs & des moines, pour fauver les perfonnes chargées de dettes ou de crimes. En voici les termes Qu'il ne foit permis à aucun clerc, ou moine, même de ceux qu'on appelle Cenobites, de revendiquer ou retenir par force les criminels condamnez au fuplice. Et enfuite: Que perfonne auffi ne retienne ou ne défende les coupa bles, que l'on conduit après l'apel au lieu de l'execution. Que fi l'audacé des clercs & des moines eft. telle qu'il en faille venir à une guerre plû-tôt qu'à une procedure judiciaire qu'on nous en donne avis, afin que nous puiffions au plû.. tôt en faire une severe punition. Au reste, s'en prendra aux évêques, s'ils fçavent que les moines ayent commis dans leurs diocefes quelque excés au préjudice de cette loi, & ne les ont pas châtiez. Et comme les évêques ordonnoient quelquefois ceux qui avoient ainfi été fauvez de la prifon pour crimes ou pour dettes: la loi D. 1.16 & ajoûte, qu'ils doivent plûtôt prendre dans le nom32. da bre des moines, les clercs, dont ils croyoient L.3.Th. de avoir befoin. La même loi porte que fi un ef his qui ad clave, un debiteur, un homme chargé de comEssi conf. miffion publique, enfin qui que ce foit obligé à rendre compte, pour quelque affaire publique ou particuliere fe refugie dans l'églife, & eft

spifc.

on.

ordon

ordonné clerc , ou défendu par les cleres en AN. 399. quelque maniere que ce foit, enforte qu'ils ne le rendent pas en même état à la premiere fommation les décurions & les autres qui font engagez à des fonctions publiques, feront remis en leur premier état, même par force, à la diligence des juges: fans qu'ils puiffent fe prévaloir de la loi, qui permettoit aux décurions d'être clercs, en abandonnant leur patrimoine. De plus ceux qui adminiftrent les affaires des églifes,« & que l'on nomme économes, feront contraints fans delai à la reftitution de la dette publique ou particuliere, dont étoient tenus ceux que les clercs ont refufé de reprefenter.

On croit que toutes ces difpofitions font d'une V. Gothofr. même loi, quoique diftribuées fous divers titres du code Theodofien; & on attribue cette loi à Eutrope, qui gouvernoit fous le nom d'Arcade. On dit même qu'Eutrope la fit, pour fatisfaire Ser.vic.ga fa paffion particuliere contre Timafe fameux ca-pitaine, qu'il fit condamner & envoyer en exil SzvH!! dans le defert d'Oafis, où il mourut. Car fa fer- c.7. me Pentadie s'étant refugiée dans l'églife, il fit publier cette loi, qui non feulement défendoit de s'y refugier à l'avenir, mais ordonnoit d'en chaffer ceux qui y étoient déja. Cette loi femble To. 2. cont. avoir été l'occafion d'un concile de Carthage, p. 1642. tenu le 27 d'Avril 399. où deux évêques Epigone & Vincent fe chargerent d'une députation, pour obtenir des Empereurs une loi, qui défer dit d'enlever des églifes ceux qui s'y refugioien prevenus de quelques crimes.

Eutrope fut réduit avant les fix mois à violer XXXVII. lui-même cette loi. Sa puiffance étoit montée au Chûre comble: il avoit la dignité de patrice, & fe fit d'Eutrope. declarer conful en Orient l'an 399. avee Theodore en Occident: chofe fans exemple devant ni après, qu'un eunuque fût conful. Ses richef

D. 6.

fes

399.

AN. fes étoient immenfes, & croiffoient tous les jours, par les confifcations & la vente de tous les emplois. Gaïnas capitaine Goth, qui commandoit les armées, ne le pût fouffrir: il fufcita fous main Tribigilde fon parent, qui ravagea la phrygie, & les provinces voifines; & l'empereur Arcade, que Gaïnas trahiffoit, fut obligé pour faire la paix avec Tribigilde, d'abandonZofim.lib.5. ner Eutrope, comme la caufe de tous les maux de l'empire. On dit même qu'il avoit offenfe l'imperatrice Eudoxia, jufques à la menacer de la Pbiloft. 11. chaffer du palais: qu'elle alla trouver l'Empereur. en pleurant, & qu'elle acheva de le refoudre.

P.793.

Sex. VIII.

c..7.

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En cette extremité, Eutrope fe refugia dans l'églife pour fauver fa vie, & S. Chryfoftome s'oppofa genereufement à ceux qui voulurent l'enOrat.in Ex- tirer par violence. Il fit même en cette occafion. trop. A.to.8. un difcours au peuple, profitant du concours p.67.P.10.4 prodigieux qu'avoit attiré un tel fpectacle. D'a

1.481.

bord il releve par cet exemple la vanité des cho--
fes humaines, & la fragilité des grandes fortu--
nes. Où font maintenant, dit-il à Eutrope, ceux
qui vous fervoient, & qui vous faifoient faire
place dans les rues, ceux qui vous donnoient des
louanges? Ils s'en font fuis, ils ont renoncé à
vôtre amitié, ils cherchent leur feureté à vos
dépens. Nous n'en ufons pas ainfi : l'églife à qui
vous avez fait la guerre, ouvre fon fein pour
vous recevoir;. & les theatres, que vous avez
cheris, qui vous ont tant coûté, qui nous ont
fi fouvent attiré vôtre indignation, vous ont tra
hi. Je ne le dis pas pour infulter à celui qui eft
tombé, mais pour foûtenir ceux qui font debout.
Il ajoûte en parlant d'Eutrope: Hier quand on
vint du palais pour le tirer d'ici par force, il cou
rut aux vafes facrez, ayant le vifage d'un mort,
tremblant de tout le corps, parlant d'une voix
entrecoupée, & d'une langue begayante. Il ex-

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horte

horte fes auditeurs à en avoir pitié, & ajoûte: An. 399; Vous direz qu'il a fermé cet afyle par diverfes loix? mais il a apris par experience le mal qu'il a fait lui-même a violé la loi le premier, & fa difgrace eft une inftruction pour tout le monde. L'autel paroît maintenant plus terrible, en tenant ce lion enchaîné : c'eft comme l'image du prince, qui foule aux pieds les barbares vaincus & captifs. Et enfuite: Ai-je adouci vos efprits? ai-je chaffé la colere? ai-je éteint l'inhumanité? ai-je excité la compaffion? ouï je le croi, vos vifages le témoignent & ces torrens de larmes. Allons donc nous jetter aux pieds de l'Empereur, ou plûtôt prions le Dieu de mifericorde de l'a doucir, enforte qu'il nous accorde la grace entiere. Il eft déja fort changé. Car ayant appris qu'Eutrope s'étoit refugié en ce lieu faint, il a parlé à toute fa cour, qui vouloit l'aigrir contre le coupable, & le demandoit pour l'égorger. Il a repandu des larmes, & faifant mention de la table facrée, à laquelle il s'eft refugié, il a apaifé leur colere. Après cela, quelle grace meriteriés-vous, fi vous gardiez la vôtre? comment vous aprocheriez-vous des faints myfteres, & demanderiez-vous le pardon de vos pechez? Prions plûtôt le Dieu de mifericorde de déc livrer ce malheureux de la mort, & de lui donner le tems d'expier fes crimes. C'eft à dire de recevoir le baptême: car Eutrope étoit payen.

.38.

Serm. in pf.

Ce difcours eut fon effet; & S. Chryfoftome De promif. fauva la vie à Eutrope: mais ce ne fut pas fans Dei ap. peine, & fans livrer des combats. On vint à l'é Profp.p.3. glife en armes, on tira des épées, on mena le S: Evêque au palais, ou lui fit un crime du fer94. A.to.5. mon qu'il avoit prononcé, on le menaça de mort: P.100. tout cela ne l'ébranla point, il ne rendit point Eutrope; & fit voir comme il dit, la force in- Matth. XV vin 18.

:

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AN. 399. vincible de l'églife, fondée fur la priere: L'égli fe, ajoûte-t-il, qui ne confifte pas dans le lieu, ni dans les murailles & les toits, mais dans fes mœurs & fes loix. C'eft-à-dire, que ce qui mettoit en feureté ceux qui s'y refugioient, n'étoit pas la force des portes ou des bâtimens, mais le refpect de la religion & la fainteté de fes miniftres. Eutrope fut pris toutefois mais par fa faute étant forti de l'enceinte de l'églife; & il fut con-damné à demeurer relegué dans l'ifle de Chipre, avec confifcation de tous fes biens, & privation de tous fes honneurs, jufques à effacer fon nom des faftes enforte que l'on ne compta pour con-ful de cette année que Theodore, qui étoit un homme de merite, Chrétien & favant, loué Aug. 1. de Ord.c.11.1. par S. Auguftin & par le poëte Claudien. La Retract. c.2. condamnation d'Eutrope eft dattée du feiziéme Clad. de des calendes de Fevrier à C. P. fous le confulat Conf. Theod. de Theodore c'est-à-dire du dix-feptiéme de Janvier 399. Mais Gaïnas ne pouvant fouffrir qu'il demeurât en vie: obtint qu'on le fit venir de Chipre à Calcedoine, où on lui fit fon pro cès de nouveau, & il eut la tefte tranchée. Quelques-uns blâmerent le difcours de S. Chryfoftome fur Eutrope, difant qu'il avoit infulté à ce malheureux mais la veritable caufe de ce re-proche, étoit le chagrin qu'ils avoient contre le S. Evêque. Il n'y avoit pas encore un an qu'il gouvernoit l'églife de C. P. & l'ardeur de fon zele lui avoit deja attiré beaucoup d'ennemis à la cour & dans fon clergé. Il attaqua premierement Pall. vita les ecclefiaftiques, qui fous pretexte de charité vivoient avec des vierges qu'ils traitoient de fœurs adoptives, & que l'on nommoit fous-introdui-tes, ou foeurs agapetes, comme qui diroit cha--Sup. liv. ritables. Les pretextes étoient, d'affifter une VIII.3.4. vierge abandonnée, fans parens ni amis de prendre foin de fes affaires, fi elle étoit riche

L.17. C.Th.

de pren.

Zaf. lib. 5.

P. 794. Philoftorg. x. c. 6.

XXXVIII.

S. Jean Chryfoftome refor

clergé.

fon

SocT. VI.

6.13. Soz.VIII.

c.7.

P.45.

XI. 7. 17.

17. Hier.

23+-5°

ep.

&

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