la verité,& de n'avoir aucune attache pour mes opinions particulieres, rien ne m'eft plus agreable que de m'entendre proposer des difficultez, parce que fi je les trouve folides, elles me tirent d'erreur,, & fi au contraire, elles ne me paroiffent pas valables, elles me donnent au moins lieu d'aprofondir & de méditer: & par ce moyen de décou vrir la verité, l'application produifant naturellement la lumiere;enforte que plus nous examinons un principe,mieux nous en voyons les confequences; c'est ainsi que M des Cartes, que l'on peut appeller le Pere de la veritable

xx Lett. fur les Traitez fuiv. maniere de philofopher,aïant dévelopé les notions qui font dans l'efprit de tous les hommes, en a tiré des corollaires; à quoy perfonne n'avoit penfé auparavant lui; & l'on voit par le livre de fes Meditations Métaphyfiques, & par les Lettres que les difficultez qui luy ont efté propofées par de fçavans hommes, luy ont été fouvent une occafion de pouffer fes découvertes. Je vous prie au refte d'eftre perluadé,que je ferai toûjours avec toute l'eftime poffible, Monfieur, &c.

DE

I

DE LA SCIENCE

QUI EST

EN DIE U.

PREMIERE PARTIE.

I.

IEU n'existe point, ou n'eft point ce qu'il eft, par un choix libre,

mais par la neceffité de fa Nature infiniment parfaite.

II.

Dieu connoît parfaitement

A

fon effence & fes perfections, non-feulement,felon ce qu'elles font en elles, mais auffi felon qu'elles peuvent être imitées par les créatures: il voit, en confiderant fa fubftance, les effences de tous les êtres; & dans fa puiffance, leur exiftance poffible. Et enfin, dans fa volonté arrêtée, * leur exitence paffée, actuelle ou veritablement future.

I II

Puifque les effences des créatures ne font que les idées divines, ou les objets immediars de la connoiffance de Dieu; en un mot, des imita

La volonté arrêtée de Dieu, l'eft de toute éternité, comme l'on fçair.

tions poffibles de fa fubftance: Elles ont une liaifon neceffaire avec fon effence, il ne peut les changer ni les détruire, elles font éternelles & immuables; les créatures ont donc une existence neceffaire dans la Region des poffibles, que la volonté de Dieu ne leur donne point.

IV.

Les créatures ne peuvent recevoir l'existence actuelle, que par la volonté de Dieu, & la conferver qu'autant que cette divine Volonté les conferve, dont il fuir que leur existence actuelle eft neceffairement contingente & dépendante.