V.

La Puiffance qui a créél Univers, eft la feule qui puiffe produire le moindre effet: car la puiffance réelle, ou la force veritable, n'eft que la volonté de l'être infiniment parfait, avec laquelle tous les effets ont une liaison neceflaire. V I.

Ajoûtons à ceci, que Dieu ne pouvant tirer les connoiffances que de lui-même, fi une créature pouvoit avoir des modifications qui ne fuffent pas produites par la Puif fance divine, Dieu n'en auroit jamais de connoiffance, parce qu'il faudroit qu'il les appric de la créature, & qu'elle lui en

donnât la perception, ou qu'elle le modifiât, ce qui ne le peut; d'où l'on voit en paf fant, que s'il n'avoit pas créé les fubftances, il ne pouroit les modifier, & que fi l'on ad

mettoit une matiere incréée & dont l'existence feroit indé.. pendante, cela conduiroit à l'atheifme.

PREMIERE PROPOSITION:

Dieu

Les créatures ne peuvent donc agir fur elles-mêmes, ni les unes fur les autres: iln'y a que' qui puiffe agir en elles; fi un corps eft mú, c'est lui qui le meut ; fi un efprit a la perception d'un objet, c'est Dieu qui la lui donne ; cet efprit a une volonté, c'est-à

dire, un amour invincible pour le bien en general, ce n'est que l'action par laquelle Dieu le por te vers foy; fi fa volonté eft déterminée vers des biens particuliers, ces déterminations ne font que des fuites des perceptions que Dieu lui donne de ces biens: Enfin, s'il reçoit des fenfations, c'eft Dieu feul qui le modifie: ainfi, toutes les circonftances de l'existence des créatures, ne font que des fuites de l'action de Dieu fur elles.

חור

SECONDE PARTIE.

E

I.

NTRE les circonstances de l'existence des créa tures, celles de l'existence des corps font toutes neceffaires. Si, par exemple, un corps eft en repos, il ne peut fe donner le mouvement; s'il eft pouffé, il ne peut s'empêcher d'être mû, s'il est mû, il ne peut s'arrêtcr,il ne peut auffi fe donner fa détermination, qui est toûjours du côté vers lequel il y a moins de resistance ;non plus que les trois angles d'un triangle ne peuvent valoir plus de deux angles droits; mais les

circonftances de l'existence des efprits font de deux fortes; les unes font neceffaires, auffibien que celles de l'existence des corps, à cause de la liaifon qu'elles ont avec l'action de Dieu qui les produit, l'amour du bonheur, & les fenfations font de ce nombre, & les autres font libres, telles que les jugemens ou les déterminations particulieres de la volonté qui n'ont point une pareille liaison.

II.

Le mouvement étant à la matiere ce que la volonté eft à l'ame, l'on peut prendre fes circonftances pour confirmer ce que l'on vient d'avancer.