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cafas qui fe trouve plus bas au 43. vers: il me paroît que toutes ces raifons doivent rendre refpectable l'ancienne leçon. Il eft encore bon d'observer que gazas eft un Spondée, & que le mélange alternatif des Trochées avec les Spondées conftitue la plus reguliere toute enfemble la plus agreable, & la plus naturelle ftructure du vers Trochaïque. Je fais qu'on y joint fouvent deux Trochées & qu'on en peut mettre jufqu'à fept de fuite, ce pied étant privilegié dans les vers Trochaïques, comme l'lambe dans l'lambique; mais je raisonne ici par rapport à la mesure ordinaire du vers. Le vingt-cinquiéme vers qu'un très-favant homme lit ainfi,

unico marito nodo, &c.

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eft un exemple de cette irregularité. Il faut lire marita & foufentendre rofa. Pareille faute au-vers 70. ainfi conçû : Perdidi Mufam tacendo, nec me Pha bus refpicit.

Je fuis perfuadé qu'il s'eft fait ici un échange d'Apollo avec Phoebus, foit que le Copiste eût en tête le fecond mot fynonyme du premier, foit que peu attentif à l'exacte mesure du vers, il n'ait songé en mettant nec me Phœbus, qu'à fauver au Poëte la prétendue dureté de

l'élifion nec me Apollo. Le 61. vers Unde fetus mixtus omnes aleret magno corpore: n'eft pas moins défectueux. Aleret en effet par la raifon que les deux premieres fyllabes de ce mot étant breves, tiennent lieu d'une longue, doit être là regardé 'comme un Spondée, & par confequent a besoin de correction. Il n'y auroit pour cela qu'à changer aleret en alere, & le premier mot du vers unde en vultque, de cette forte Vultque fetus mixtus omnes alere magno corpore, Reftitution d'autant plus aifée à recevoir, que Lipfe au lieu d'unde vouloit lire utque. Le 45. vers, foit qu'on life de tenente avec Saumaife, ou detinent te avec Ifaac Voffius, fait encore de la peine. Car qu'est ce que de tenente, & quel Auteur Latin ou barbare ajamais,en quelque fens que ce foit, emploié cette façon de par ler? A l'égard de detinent te, le verbe detinere ne pouvant, ce femble, de même 'qu'en ce vers d'Ovide

Detinuit noftras numerofus Horatius aures fignifier ici qu'occuper agréablement, arrê ter avec plaifir, n'y auroit-il pas quelque contradiction, adreffant la parole à Diane,de dire que Cérès, Bacchus, & Apollon, trois Divinitez qu'on prétend lui être oppofées, l'amufent agréablement ? Voffius à la verité ponctue

Nec Ceres,nec Bacchus abfunt, nec Poëta rum Deus

Detinent te.

Mais s'il lit Detinent te, il faut neceffaires ment qu'il mette un point après Poëtarum Deus, de cette maniere,

Nec Ceres,nec Bacchus abfint, nec Poëtarum Deus,

Detinent te

Auquel cas il tombera dans la contradic tion. Ou s'il la veut éviter, il faudra qu'il ponctue, & life

Nec Ceres, nec Bacchus abfunt, nec Poëta

rum Deus

Detinet te. Tota nox eft, &c

C'eft comme cela qu'il m'étoit venu d'abord en penfée de lire & de ponctuer. J'y trouvois un fens fort raisonnable, & un contrafte affez joli. Car après avoir dit à Diane: Le Dieu des Poëtes ( qu'on fait être le Dieu des chansons ) n'a pas dequoi vous arrêter, on ajoute auffitôt : Cependant nous devons paffer toute la nuit à chanter. Avec tout cela quoique Detinet te me plaise beaucoup, j'aime pourtant mieux lire avec M. le P. B. homme d'une érudition fuperieure à fa dignité, Te finente, tota nox eft pervigilanda canticis. Ce qui fait un fens fort naturel, & fauve l'enjambement de Poëtarum Deus au vers

fuivant. Le ftyle de l'ouvrage au refte ne mérite nullement qu'on fe récrie fur fon élegance, comme on a fait. L'affectation y eft fenfible. Beaucoup de paroles qui ne difent fouvent rien, ou peu de chofe; des conftructions entortillées ; la préparation de répetée à tout moment, jufqu'à caufer du dégoût. Des manieres les unes trop nouvelles, les autres trop antiques. Les nouvelles y fautent aux yeux. Je donnerai deux exemples des antiques. Pudebit au 25. vers eft emploié perfonnellement. Marita ruborem non pudebit folvere pour non erubefcet, à l'imitation de Plaute qui dans fa Cafina, fc.2. de l'act. 1. adit pudeo. Au 89. vers,

Quando faciam utChelidon,ut tacere definam? la lettre m finale n'eft point mangée comme elle ne l'eft point dans ce vers que Prifcien I. 1. cite du 1o. des Annales d'Ennius,

Infignita fere tum millia militum octo. Ainfi vomerem & corporum devant des voyelles font des Dactyles dans Lucrece. Ici de même faciam devant ut tient lieu d'un Spondée, les deux breves fa & ci étant contées pour une longue. Erafme au proverbe Amyclas perdidit fi lentium,eft le premier qui ait fait mention de cette piéce attribuée, dit-il, à

Catulle dans le manufcrit qu'il en vit chez Alde Manuce. Comme c'eft dans une ancienne Bibliothéque de France qu'elle avoit été trouvée, j'ai opinion qu'en 1504. Sannazar à fon retour de co paiïs là pouvoit bien l'en avoir rapportée avec d'autres manufcrits curieux qu'il y avoit découverts, tels que les fragmens des Halieutiques d'Ovide, les Cynégétiques de Gratius, & de Nemefianus, l'Itineraire de Rutilius, & peutêtre quelques autres. Le fentiment le mieux fondé eft que le Pervigilium a été fait fur la fin du 3. fiécle. Saumaife en croit l'Auteur contemporain de Solin, & Solin eft pofterieur, felon lui, d'environ 200. ans à Pline. C'eft donc une compofition du moien âge, & comme d'un côté ce feroit la faire remonter trop

haut , que de l'attribuer à Catulle, je dis même à Catulle l'Urbicaire ce feroit d'un autre la faire defcendre trop bas, que de la reculer jufqu'au tems de Luxu rius Poëte Vandale qui vivoit fur la fin du 5. fiécle. On a de ma connoiffance cité quatre exemplaires du Pervigilium. Le premier, celui qu'Erafme vit chez Alde Manuce. Le fecond, celui dont Pierre Pithou envoia une copie à Jufte Lipfe. Le troifiéme, celui que jeme fouviens

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