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avoir vu dans le célebre manufcrit don né par Jean Lacurne au docte Saumaise où font plufieurs centons,epigrammes, & autres écrits tant en profe qu'en vers entre autres les Poëfies de Luxurius, cru mal à propos Auteur du Pervigilium par quelques-uns qui n'ont pas fû, ou qui n'ont pas pris garde, qu'outre la difference extrême de la diction, le Pervigi lium dans le manufcrit eft éloigné de 48. pages in folio de l'endroit où commencent les œuvres de Luxurius ; favoir depuis la page 108. jusqu'à la page 156. Le quatrième, celui que Barthius 16. Advers. 6, dit avoir eu pardevers lui, ой ce Poëme étoit attribué à Sénéque. Ce qui, pris à la lettre par Scriverius, lui a paru ridicule, mais qui commodément interpreté choqueroit un peu moins la vraisemblance. Je veux dire, fi par Sénéque on entendoit Florus, appellé Lucius An& louvent même Seneca dans les anciens manufcrits. Je m'en tiens néanmoins à l'époque fixée par Saumaife, qui tout perfuadé qu'il étoit que le Poëte Florus dont il eft parlé dans la vie d'Adrien, & l'Hiftorien Florus ne font qu'un, ne laiffoit pas d'adjuger le Pervi Silium à un Auteur beaucoup plus ré

naus,

cent.

Un Avocat fit autrefois une grande fortune par un confeil falutaire qu'il donna à une perfonne puiflamment riche. C'étoit un Partilan que l'on accufoit de péculat, & que fes ennemis vouloient perdre. On lui avoit nommé des Com miflaires pour lui faire fon procès Sa famille eut bien de la peine à lui obte nir un confeil, & ce ne fut qu'à la charge de lui parler tout haut devant des témoins. L'Avocat qu'on avoit donné, accepta le parti, & promit de ne lui dire que trois mots : Monfieur, dit-il en l'abordant, fouvenez-vous que vous êtes Sécretaire du Roi, je n'ai rien autre chofe à vous dire. Ce difcours eut un bon fuccès, & valut à cet Avocat les charges qui font depuis tombées dans fa famille.

M. de Marigny étoit de Nevers, & fils d'un Marchand de fer. Il s'appel loit Jaques Carpentier. La connoiffance qu'il avoit des langues étrangeres, & les voyages qu'il avoit faits, rendoient fa converfation très-agréable. Il fe plaifoit fort à débiter des nouvelles extraor dinaires & féditieufes devant beaucoup de monde qui s'affembloit autour de lui ; ce qui lui attira dans la fuite beaucoup de chagrins. Le Baron de...

dont il avoit fait quelque raillerie, l'ins vita à s'aller promener avec lui dans un bois où il y avoit des cavaliers apoftez qui lui donnerent des coups de bâton. Če mauvais traitement ne. le fit point changer, au contraire l'accès qu'il avoit à la Cour, & la protection de M. le Prince, lui avoient donné une certaine hardieffe de dire librement fes fentimens, que les autres n'avoient pas. Etant un jour au dîné du Roi, où étoit auffi Angély à qui je ne voulus point parler afin qu'il ne dit rien de moi; Marigny dit à M. B. De tous nos autres fous qui avons fuivi M. le Prince, il n'y a qu'Angély qui ait fait fortune. Il avoit fuivi le parti de M. le Prince, & l'as voit accompagné en Flandres, où il trouva des Gentilshommes qui le reconnu. rent pour être de leur famille ; de forte qu'étant de retour en France, il fe fit réhabiliter. M. le Préfident... me dit là deffus qu'il ne lui avoit point fait de faveur; mais qu'il lui avoit fait justice, & qu'il étoit véritablement noble. Quelque tems après le retour de M. le Prince, Marigny fe retira auprès de M. le Cardinal de Rets. Son occupation étoit de le divertir; & lorfqu'il avoit fait bien des folies devant ce Cardinal, il difoit

To fo la Comedia per mi, au lieu de dire

per me.

195.

C'eft de Marigny que Coftar page de la fuite de la Défense de Voitu re & page 843. du 1. vol. de fes lettres, entend parler quand il allegue ce mot d'un galant homme: Je joue la Comedie pour l'amour de moi, & pour en être le fpec

tateur.

Marigny parlant de M. de Bautru qui avoit la réputation de dire peu fouvent la vérité, difoit qu'il étoit né d'une fauffe couche, qu'il avoit été batizé avec du faux fel, qu'il ne logeoit jamais que dans des fauxbourgs, qu'il pafloit toujours par de faufles portes, qu'il cherchoit toujours les faux fuyans, & qu'il ne chantoit jamais qu'en faux-bourdon.

Toutes les railleries, & les difcours piquans qu'il fit en France & dans les pakis étrangers contre plufieursSeigneurs; les inimitiez qu'il eut à Rome avec un Cardinal de la famille des Barberins, en Hollande, avec le Prince d'Orange, en Suéde, avec le Chancelier de Suéde, à Francfort, avec M. Servien, qui devoient le faire craindre pour favie, n'ont pas empêché qu'il ne foit mort d'apoplexie à Paris, dans le tems que l'on plai

doit la caufe de Jean Maillard. Il faifoi aflez bien des vers François, & fes Poëfies mériteroient d'être imprimées. Son Poëme du pain beni qu'il fit contre les Marguilliers de S. Paul, qui vouloient Fobliger à le rendre, eft la meilleure piéce qu'il ait faite.

Nous avons quelques lettres deMa rigny imprimées in 12 à la Haie 1655 On a parlé de fes Balades du tems de la Fronde. Il réuffiffoit en impromptus, & M. Ménage dit de lui dans fa Differta tion fur les Sonnets pour la belle Matineufe: L'è un L'è un grande improvisator: questo fignor di Marigni. Il en donne une idée agréable dans les Hendécafyllabes qu'il lui adreffe pag. 105. de la derniere édition de fes Poëges à Amsterdam chez Wetstein en 1687. C'étoit un gros homme, franc, aimant la bonne chere, & le plaisir.

Marigny, rond en toutes fortes,
Qui parmi les brocs te transportes, }
Et dont l'honneur que je cheris
M'a pu faire quitter Paris.

difoit Saint Amant dans fon Poëme in titulé La Vigne, imprimé dès l'an 1527.

On a dit qu'Enguerrand de Marigny avoit été juftifié & qu'on l'avoit gardé trois ans dans Marcoufly. J'ai fait voir dans mon Hiftoire de Sablé que cela eft faux

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