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L'Auteur de cet article aici confondu Enguerrand de Marigny avec Jean de Montaigu. C'eft de ce dernier que parle M. Ménage dans fon Hiftoire de Sablé pag. 271. en ces termes Jacques du Breuil dans fes Antiquitez de Paris, au chapitre de la fondation des Célestins de Marconly, a écrit que le corps de Jean de Montai gu avoit été porté à Montfaucon, dans un fac rempli d'épices, & que pendant tout le tems qu'il fut à Montfaucon, les Céleftins de Marcouffy donnoient tous les jours une certaine fomme au Boureau de Paris pour le garder; & que quatre ans après fon execution, fa mémoire aiant été justifiée à la follicitation du Vidame de Laonnois fon fils, gendre du Conétable d'Albret, fes biens furent rendus à fes héritiers. Il est vrai que le corps de 1 an de Montaigu fut dépendu le 27. Septembre 1412 quelques années après qu'il eût été mis

Montfaucon. Mais ce que dit du Breuil de ce fac rempli d'épices & de la garde faite du corps de Jean de Montaigu par le Boureau, eft une fable. Il n'eft point vrai non plus que fa mémoi re ait été juftifiée. Pour fes biens, quoiqu'il eût été condamné fans la participation de Charles VI. Charles VI, en donna la confifca

A.

Le corps de Jean de Montaigu fut attaché au gibet de Montfaucon le 17. Octobre 1409. & da ut détaché 3. ans après moins 29; jours,

tion à Louis Duc de Guienne Dauphin Mais il est vrai ( ce que j'ai appris de M. Perron qui a fait une étude particuliere de la vie de ce Jean de Montaigu) que les biens de Jean de Montaigu furent enfin rendus à fes héritiers.

M. de Boifrobert s'appelloit François Metel de Boifrobert, Abbé de Chatillon fur Seine, favori du Cardinal de Richelieu, de qui il s'étoit acquis l'amitié par le foin qu'il prit de le divertir tous les jours en lui recitant quelques vers qu'il faifoit affez bien, où en lui racontant les intrigues fecrettes de la Cour & de la Ville. Il aimoit les grandes compagnies, & principalement celles où on ne parloit que de joie & de divertiffe ment. Lorfqu'on lui avoit propofé quelque partie de plaifir, & qu'il voioit qu'il n'y avoit pas affez de monde, il faifoit monter les Laquais pour la rendre plus nombreufe. Il étoit agréable à réciter des contes ; & quoiqu'il les répetât fouvent & toujours dans les mêmes termes, il ne laifioit pas de plaire. Il vouloit toujours les dire en grande compagnie. Il mangeoit quelquefois chez M.

Richelet dans fon Dictionnaire Epitre. Les Epitres de Boifrobert en vers François font un peu languissantes; mais a de plaifans endroits

le Cardinal de Rets qui tenoit table ou verte. Un jour pour y avoir une place commode, il fe tint en bas ; & à mesure qu'il voioit arriver quelqu'un pour dîner, il difoit, Et feize; voulant faire con noître par là qu'il y avoit déja quinze perfonnes, que celui qui arrivoit étoit le feiziéme. Ce fut de cette maniere qu'il éloigna tous ceux qui fe préfenterent. M. le Cardinal venant pour le mettre à table fut fort étonné de voir fi peu d'hôtes. Alors M. de Boifrobert lui raconta de quelle maniere il s'y étoit pris pour les chaffer afin d'avoir place; & la chofe fe paffa en plaifanterie.

M. de Boifrobert avoit des très beaux talens pour la déclamation. Le ton de la voix étoit agréable,il avoit le gefte beau, beaucoup de feu, & il entroit fi bien dans la paffion qu'il vouloit repréfenter, qu'on en étoit charmé, auffi aimoit-il paffionnément les piéces tragiques, & particulie rement lorfque Mondori y jouoit fon rê le.Mondori étoit un des plus habiles Co.

dont

Le Comedien la Rancune dans le Roman Co. mique de Scarron, Tom. I. c. 5 trouvoit à redire en tous ceux de fa profeffion. Belleroze étoit trop affecté, Mondori rude, Florider trop froid. La Tragedie, au refte il est ici parlé, & où Mondori repréfentoit le prin cipal perfonnage, étoit la Mariane. Ce que le mefme Scarron chap. 2. du Tom. cité donne à entendre, lorf Anil dit que dans la représentation de ces piece le

mediens de fon tems, & la reputation qu'il s'étoit acquife jufqu'alors, s'augmentoit fi fort a l'occasion d'une Tragedie que l'on repréfentoit à l'Hôtel de Bourgogne, où il faifoit le principal perfonnage, que M. le Cardinal de Richelieu voulut l'entendre. En effet il le fit venir pour être témoin lui-même dẹ tout le bien qu'on lui en avoit dit. Mondori joua fon rôle devant ce Ministre où il fe furpaffa de telle forte, que le Cardinal ne put s'empêcher de verfer des larmes dans les endroits les plus touchans. Boifrobert qui y étoit préfent, dit a M. le Cardinal qu'il feroit enco re mieux & même en présence de Mondori. Le jour fut pris, Mondori s'étant trouvé chez M. le Cardinal l'Abbé de Boifrobert déclama avec tant de force, & entra fi bien dans la paffion qu'il repréfentoit que Mondori lui-même tout bon Comédien qu'il étoit, ne put lui refufer des larmes, en entendant déclamer le mê

Comédien Deftin, qui faifoit Hérode, recita du ton de Mondor.

Fantôme injurieux qui trouble mon repos.

Vers, pour le dire en paffant, que Richelet attri bue mal à propos à Corneil e, n'y ayant perionne qui ne fache que la Mariane eft de Tristan,

me

me rôle devant lui. Cette paffion qu'il avoit pour la déclamation, & pour les vers n'empêchoit pas qu'il n'aimât le jeu extraordinairement. Il perdit une fois dix mille écus contre M, le Duc de Roquelaure. Ce Duc qui aimoit l'argent' voulut être paié ; & ce fut M. de Bautru qui fit l'accommodement. L'Abbé de Boifrobert vendit ce qu'il avoit dont il fit quatorze mille francs. M. de Bautru dit à M. le Duc de Roquelaure en lui donnant cette fomme qu'il falloit qu'il lui remît le furplus, & que l'Abbé de Boifrobert en reconnoiffance, feroit une Ode à fa louange, mais la plus méchante qu'il pourroit. Quand on faura dans le monde,ajouta-t-il, que M. le Duc de Roquelaure aura fait préfent de feize mille francs pour une fi méchante piéce que ne préfumera-t-on pas qu'il eût fait pour une bonne ?

Ce fut auffi M. de Bautru qui fit fon accommodement auprès de M. le Cardinal de Richelieu. L'Abbé de Boifrobert fut foupçonné de débauche infame, &

* C'est ce qui acquit à Boifrobert le nom d'Abbé Mondori. Voiez Coftar dans les deux endroits ci-deffus alleguez. Balzac au contraire Tom. 2. de fes œuvres in folio. pag. 683. parlant de Malherbe le plus mauvais recitateur du monde dit qu'on le nommoit l'Anti-Mondori.

Tome I.

B

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