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ou quatorze volumes. Les lettres de Joa chim Hopper à Philippe II. apoftillées de la main de ce Prince, deux volumes. Les lettres de Maximilien Morillon au Cardinal de Granvelle, huit volumes. Lettres à Meffieurs de Vergy Gouverneurs de la Franche-Comté, deux volumes. Correfpondances de M. de Champagney Gouverneurs d'Anvers, chef des finan ces, qui eut tant de part au fameux traité de l'union, fix où fept volumes. Ce M.deChampagney étoit un autre frere du Cardinal. Le refte eft rangé fous le nom deMemoires de Granvelle, parceque toutes les lettres qu'ils contiennent ont été écrites fous le miniftere du Cardinal,ou de fon Pere. Il y en avoit déja trente quatre volumes fans préjudice des fupplemens parce qu'on déterroit tous les jours de ces papiers. Dans ce grand amas M. Boifot n'eftimoit rien tant que deux gros volumes de lettres, prefque toutes de la main du Cardinal à M. de Bellefontaine fon coufin germain & fon cher ami. C'est où l'on voit le Cardinal peint au naturel. ¶ M. du Monftier Peintre * écrivant * Le nom de ce Peintre s'écrivoit du Monftier mais fe prononçoit du Moutier. Il étoit Poëte François, contemporain de Malherbe, & l'on voit de fes vers dans des recueils de ce tems-là Son fils étoit encore à Rome en 1648. Voiez Félibien Tom. 3. de fes Entretiens fur les vies des Peintres, pag. 1 27. &128,

afon fils qui étoit à Rome, lui mandoit qu'il fe gardât fur toutes chofes de fréquenter les Cabarets, les. ... ns & les

.. es. Il avoit un cabinet très curieux de Peintures & de Deffeins, la plûpart de fa main, mais de figures & de postures indécentes, qui donnerent prétexte à M. le Cardinal Mazarin de le faire faifir, & de fe l'approprier.

Un Miniftre de Languedoc avoit fait planter devant la porte de fon Prêche une allée de Muriers blancs: Il en vendoit les feuilles tous les ans & en fai foit quelque argent. Au bout de quelques années il emploia cet argent à faire réparer la Porte du Prêche, & fit mettre au deflus cette infcription: MORI LUCRUM.

Tabourot dans fes Bigarrures,ch. 7. rapporte un conte d'une femme qui difoit à fon mari prêt à mourir : Helas mon ami j'aimerois mieux Mori que vous, prononçant mori au lieu de mourir, & ne faifant pas fonner la confoner finale, qu'on ne fait guére fentir dans l'entretien familier. Le mari croioit bonnement que fa femme auroit mieux aimé mourir que lui, & dans cette pensée la fit fon héritiere univerfelle; mais elle entendoit qu'elle aimoit mieux un nommé

Mori qu'elle époufa effectivement peti de tems après. J'ai fouvent oui prononcer coronne pour couronne, & norice nourice, quoique très-mal.

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On donne fouvent un confeil aux criminels pour les défendre. Un Voleur un jour fut furpris dans la Grand'Chambre en coupant une bourfe.La Cour donna un Avocat à ce miferable pour lui 1ervir de confeil. L'Avocat s'approcha de lui, & l'aiant tiré à l'écart Eft-il vrai, lui demanda-t-il, que tu ayes coupé ici la bourse à quelqu'un ? Il eft vrai Monfieur, dit le Voleur: mais... Taistoi, reprit l'Avocat, le meilleur conseil que je te puiffe donner, est de t'en aller d'ici au plus vite. Le Voleur profita du confeil, & s'enfuit par l'efcalier du Parquet. L'Avocat retourna enfuite au Barreau, & M. le P. Préfident lui aiant demandé ce qu'il avoit à dire pour la défense du Voleur: Meffieurs, dit-il, ce pauvre malheureux m'a avoué fon crime ; & comme il n'étoit gardé de perfonne, & que j'étois nommé pour fon confeil, j'ai cru devoir lui confeiller de prendre la fuite; il n'a pas hefité fur mon avis, & il a difparu auffitôt. Ce fut un fujet de risée, & il n'y avoit rien à dire contre l'Avocat, c'étoit à la Cour à Y

Conner ordre, & aux Huiffiers à prendre garde que le Voleur ne s'échapât. Ce confeil donné par un Avocat à un Voleur paroît tiré d'un petit livre in 8. imprimé l'an 1538. Paris, & intitulé le Joyeux Devis recréatif, où fe lit ce Huitain d'inLarron n. 23.

Se confeiller vint à deux Avocats

Un grand larron, lefquels tira à part,
Et leur conta entierement fon cas,
Cherchant moien pour éviter la hart,
Et les promit contenter tôt ou tard.
Chacun s'en va fes livres retourner.
Dit ne lui fut par eux fors: Enquiers l'art
De ce paiis bientôt te détourner.

Mais le confeil donné à une vieille en confeffion eft bien mieux & plus plaifamment tourné dans ce vieux dizain imprimé fous le nom de M. G. que j'interprete Martial Guyet Poëte Angevin dont la Croix du Maine fait mention, & après lui M. Ménage pag. 292. & 468. de fes Remarques fur la vie de Guillaume Ménage fon pere.

Une vieille un jour confeffoit
Ses offenfes à frere Jean,

Et cette vieille ne ceffoit

De veffir de crainte & d'ahan,
Le pauvre frere difoit bran,

Vertu fang bieu, voici merveille,
Dépêchez-vous. Lors dit la vieille :
Confeillez-moi, mon pere en Dieu.
Parbieu, dit-il, je te confeille

D'aller veffir en autre lieu. Furetiere & Richelet au mot veffir ci tent cette Epigramme imparfaitement,& peu correctement. Richelet remarque avec raifon qu'on ne dit plus que veffer. Divers Critiques, plus ou moins habiles, fe font exercez à corriger le Pervirgilium Veneris, Poëme en vers Trochaïques. Pierre Pithou, à qui proprement nous en devons la premiere Edition,puisque c'eft fur la copie qu'il envoia de ces vers à Jute Lipfe que celui-ci les publia dans le chapitre 5. du 1. livre de fes Electa, vouloit qu'au lieu de gazas on lût cafas au cinquiéme vers; en quoi Lipfe lui applaudit, mais en quoi, avec tout le refpect que j'ai pour eux, je ne puis être de leur avis. Comme en effet gazas virentes eft une expreffion fleurie tout-à fait du goût de la piece; que c'eft la leçon & de Pexemplaire de Pithou, & de l'exemplaire de Saumaife; que cafas y eft subftitué à gazas fans neceffité, puifque

... gazas virentes de flagello myrteo, eft purement une paraphrafe de myrteas

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