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bons mots, les penfées de morale, & P'érudition fe fuiviffent prefque alterna

tivement.

De plus on a ajoûté une table fort ample des Noms propres & des Matié

res.

Enfin, nonobftant la peine que l'on a prife pour ne rien mettre dans cet ouvrage qui ne puiffe plaire; comme les goûts & les génies font differens, & qu'il y a des gens fi difficiles qu'ils trouvent à dire à toutes choses, on s'attend bien qu'il aura des cenfeurs, mais on n'en sera pas étonné, puifqu'on fait que c'eft ordinairement le deftin des meilleurs ou vrages.

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A LA VIE

DE M. MENAGE. ONSIEUR Ménage nâquit à

M Angers le 15 Août 1613. de

Guillaume Ménage, Avocat du Roi dans la même Ville, & de Guione Ayrault, fœur de Pierre Ayrault, Lieutenant Criminel.

Dès fa plus grande jeuneffe il fit paroître tant d'inclination pour l'étude que fon pere fe crut obligé de n'épargner rien pour lui donner une éducation conforme à de fi belles difpofitions. La mémoire prodigieufe qu'il avoit ne contribua pas médiocrement à fes premiers progrès, & on a remarqué en lui ce merveilleux talent jufqu'à la fin de fa vie.

Lorsqu'il fut en âge, fon pere lui

Mémoires pour fervir à la vie, &c.

fit apprendre les premiers élemens de la langue Latine; & fans s'arrêter à lui faire faire des thêmes, comme on fait ordinairement, on lui fit lire & expliquer les meilleurs Auteurs de la belle Latinité. C'eft de cette maniere qu'il fit fes Humanitez, d'où il paffa à l'étude de la Philofophie, dans laquelle il fit un progrès extraordinaire. Pour le délaffer quelquefois de fa trop grande application, fon pere lui donna des Maîtres de Mufique & de Danfe; mais il ne put réuffir ni dans l'une, ni dans l'autre. Il avoit même fi peu de difpofition à la Mufique, qu'il ne lui fut pas poffible, comme il le difoit lui-même,d'apprendre jamais aucun air, pas même une chanfon à boire.

Il s'appliqua avec plus de fuccès à l'étude du Droit, & plaida à Angers en 1632. Dans cette même année aiant été amené à Paris par M. Loyauté, ami particulier de fon pere, il fut reçu Avocat au Parlement, où il plaida plufieurs causes, une entre autres pour M. Sengébére fon Maître de Droit, qui vouToit répudier fa femme pour caufe d'adultere.

Quelque tems après il alla aux Grands Jours de Poitiers en qualité d'Avocat ;

mais à fon retour aiant été attaqué d'unë fciatique, & d'ailleurs dégoûté de cette profeffion, il quitta le Barreau, & s'en retourna à Angers pour faire appliquer le feu fur fon mal, ce qui ne fe put faire fans d'extrêmes douleurs qu'il fouffrit avec beaucoup de conftance: auffi, difoit-il, que fi on savoit ce qu'il avoit fouffert, on lui érigeroit des ftatues.

Après fon entiére guérifon, fon pere croiant lui faire plaifir, fe démit de fa Charge d'Avocat du Roi en fa faveur. M. Ménage ne voulut pas le refufer étant chez lui; mais fi-tôt qu'il fut de retour à Paris, il lui en renvoia les provifions. Ce refus mit fon pere dans une grande colere contre lui. M. l'Evêque d'Angers écrivit à M. Ménage pour favoir la caufe de leur divifion & M. Ménage lui fit réponse aflez plaifamment, que cela ne venoit que de ce qu'il avoit rendu un mauvais office à fon pere. Dans la fuite M. l'Evêque d'Angers fit leur accommodement, & ce fut dans ce tems-là que M. Ménage lui déclara le deffein qu'il avoit d'e mbraffer l'état Eccléfiaftique, pour lequel il avoit toûjours eu beaucoup de penchant.

Peu

Peu de tems après il fut pourvû de quelques Bénéfices, entre autres du Doyenné de S. Pierre d'Angers que fon pere avoit poffedé.

Alors il s'appliqua à l'étude des belles Lettres avec une ardeur dont le fuc cès fut très-heureux. Il rechercha la connoiffance des plus Savans de la ville & des Provinces, & fit habitude particuliere avec tous ceux qui étoient regar dez alors comme les arbitres de la réputation des gens de Lettres, & comme les difpenfateurs de la gloire.

Toutes ces belles connoiflances, & la grande réputation qu'il avoit déja dans le monde, le firent fouhaiter avec paffion de M. le Cardinal de Rets, qui n'étoit alors que Coadjuteur de l'Archevêché de Paris. Il voulut l'avoir auprès de lui; ce fut M. Chapelain, de l'Academie Françoise, qui lui en parla, & par le moien duquel M. Ménage, fon ami particulier, eut une place dans la mailon de ce Prélat, avec qui il vivoit fort familiérement.

Dans cet état il jouit du repos néceflaire à les études, & y eut tous les jours de nouvelles occafions de faire paroître fon érudition autant que fon efprit. En 1648, il reçut la nouvelle de la

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