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mort de fon pere, arrivée le 18 Janvier. Etant l'aîné, il eut de fa fucceffion une belle terre qu'il vendit foixante mille livres à M. Servien, alors Surintendant des Finances, & fon ami particu lier, qui au lieu de lui paier le prix, lui en paffa un contrat de trois mille livres de rente.

Peu de tems après il obtint par Arrêt du Grand Confeil le Prieuré de Mondidier, qu'il avoit requis en vertu d'un Indult qu'un Confeiller de fes amis lui avoit donné ; & dès qu'il fut en poffeffion paifible de ce Bénéfice, il le réfigna à M. l'Abbé de la Vieuville, depuis Evêque de Rennes, qui fit créer en fa faveur une penfion de quatre mille livres fur deux Abbayies; fur celle de Saint-Lomer de Blois, quinze cens livres & fur celle de Savigny, deux mille cinq cens livres, dont il obtint l'agrément du Roi.

Ce fut alors que fe voiant délivré des charges de ce Bénéfice, & du foin de poursuivre un Receveur, il dit à fes amis en raillant: Je fuis à préfent vir Supra titulos.

Dans ce tems là il fut chargé par M. le Cardinal Mazarin & par M. Colbert, de faire un rôle de gens de Lettres,

comme celui qui les connoiffoit le mieux, puifqu'il avoit correfpondance, non feu lement avec ceux de Paris & des Provinces, mais auffi avec les Etrangers. Cette recherche ne produifit rien alors, mais quelques années après elle eut fon effet, & il fut gratifié pour fa part d'une penfion de deux mille livres, qui ne lui fut paiée que pendant les quatre pre

mieres années.

Cette augmentation confidérable de revenu lui procura un plus grand repos & un plus honnête loifir que jamais pour travailler à plufieurs Ouvrages qu'il donna fucceffivement au public.

En 1650, il fit imprimer les Origines de la langue Françoife, qu'il dédia à Mon fieur Pierre du Puy. Il n'épargna rien pour les faire bien imprimer & fort correctement. Les connoiffeurs en effet difoient alors que ce livre étoit un chefd'œuvre d'impreffion. Il travailla pendant toute fa vie à les augmenter; mais il n'eut pas la fatisfaction de les voir entierement imprimées, & cet Ouvrage ne fut achevé & ne parut qu'en 1694, deux ans après fa mort. M. Rigault auroit executé le même deffein, s'il n'eût pas été prévenu par M. Ménage *.

En 1652, il mit au jour fous le titre
Voyez Tome III. pag. 395、

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de Mifcellanea, un Recueil de diverfes piéces Grecques, Latines, & Françoiles qu'il avoit compofées en differens tems & fur divers fujets. Trois entre autres qui firent beaucoup de bruit; l'une étoit La Metamorphofe du Pédant Parafite en Perroquer. Il entendoit fous ce nom Pierre de Montmaur Profeffeur en langue Grecque, contre lequel beaucoup d'autres Savans s'étoient exercez à faire des Satires. L'autre étoit, La Vie du même Montmaur, fous le nom de Gargilius Mamurra, également pleine d'érudition & d'enjoûment. Et la troifiéme, La Requête des Dictionnaires * que l'on peut dire être une piéce des plus ingénieuses qui aient jamais paru en ce genre. Il ne l'entreprit par aucun mouvement de haine ni d'envie contre l'Académie mais feulement pour fe divertir, & pour ne point perdre les bons mots qui lui étoient venus dans l'efprit. Il fuppri ma lui-même cette pièce, & la laiffa longtems cachée parmi fes papiers: mais enfin elle lui fut enlevée, & à fon infcû M. l'Abbé de Montreuil la fit imprimer malgré lui. Il ajouta à ce Recueil quelques Lettres Latines, avec une Réponse à M. l'Abbé d'Aubignac, & fit * Elle est imprimée à la fin du 1v. Volume pag. 258.

imprimer le tout en un feul volume in quarto, au devant duquel on voit fon portrait gravé. Dans la fuite du tems il groffit confidérablement fes Poëfies, & les fit imprimer plufieurs fois féparément

à Paris & en Hollande.

On vit bientôt après paroître fes Re marques Italiennes fur l'Aminte du Taffe, qui furent fuivies de fes Obfervations & Corrections fur Diogène Laerce, qu'il fit imprimer à Paris avec beaucoup de foin & de dépenfe, à deffein feulement de les mettre au net, pour les envoier en Angleterre. Elles furent imprimées à Londres avec le Diogene Laerce en 1663, & depuis il les augmenta fi confidérablement, qu'il donna envie aux Libraires de Hollande de réimprimer cet Auteur, comme ils ont fait, avec les portraits des Philofophes tirez des monumens antiques des plus curieux cabinets de l'Europe. Cet ouvrage fut achevé en 1691, après avoir demeuré près de neuf ans fous la preffe, & M. Ménage n'en put recevoir que deux exemplaires par la voie de Strasbourg dans la même année qu'il mourut.

Lorfque l'on fçut que M. Ménage retouchoit à fon Diogene, tous fes amis lui firent part de leurs remarques fur

cet Auteur. M. l'Abbé Bourdelot & M. Bochart lui donnerent tout ce qu'ils avoient fur ce fujet. M. Huet fe donna la peine de conferer tous les anciens manufcrits de cet Auteur, & fit part à M. Ménage de ce qu'il avoit remarqué là deffus ; d'autres de fes amis fi rent la même chofe mais principalement M. Petit qui lui donna ce qu'on voit de nouveau fur le 111 & le v livre, & fur les difciples de Platon & d'Ariftote.

M. Ménage demeura auffi près de dix années à travailler aux Etymologies de la Langue Italienne, qu'il favoit à fond. Il eft vrai qu'il les quitta pour travailler à la Vie des furifconfultes, & enfuite à celle des Médecins, mais il abandonna ces deux ouvrages pour fatisfaire aux heritiers de M. le Cardinal Mazarin. Ils avoient jetté les yeux fur M. Ménage pour faire un choix de toutes les Poëfies qui avoient été compofécs & publiées en l'honneur du Cardinal, & ils avoient deffein d'en faire un recueil pour honorer fa mémoire. M. Ménage y travailla pendant quelques mois, & l'ouvrage parut imprimé in folio, en très-beaux caractéres.

Il reprit enfuite fon premier deffein des Etymologies Italiennes qu'il avoit tant de

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