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Du Vafe.

Le vafe des Philofophes eft leur eau. Hermès, Ludus puerorum.

Nous n'avons befoin que d'un vafe, d'un fourneau, & d'une feule opération ou régime; ce qui doit s'entendre après la premiere préparation de la pierre. Flamel. L'Auteur du Rofaire s'exprime abfolument dans les mêmes termes.

Les vafes requis pour l'œuvre s'appellent Aludel, Crible, Tamis, Mortier, parce que la matiere s'y broie, s'y purifie & s'y perfectionne. Calid.

Le vafe doit être rond, avec un cou long, un orifice étroit, fait de verre, ou d'une terre de même nature, & qui en ait la compacité; l'ouverture fera fcellée. Bachon.

Du Tems.

Il nous faut un an pour parvenir au but de nos efpérances. Nous ne faurions en moins de tems. former notre chaux. Riplée.

Le tems requis pour la perfection de l'élixir eft au moins d'un an. Rofaire.

Les Philofophes ont déterminé plufieurs durées de tems pour la cuiffon de notre Art. Quelques-uns l'ont fixée à un an, d'autres à un mois, d'autres à trois jours, d'autres enfin à un feul. Mais de même que nous appelons un jour la durée du tems que le Soleil met à parcourir le ciel depuis l'orient jufqu'à l'occident, les Sages ont nommé un jour l'intervalle qui s'écoule depuis le commencement de la cuiffon jufqu'à la fin. Ceux qui parlent d'un

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mois, ont égard au cours du Soleil dans un figne du Zodiaque. Ceux qui font mention de trois jours, confiderent le commencement, le milieu & la fin de l'œuvre : & ceux enfin qui fixent ce tems à un an, le difent eu égard aux quatre couleurs qui for ment leurs quatre faifons. Anonymus.

Des Couleurs.

Quand vous verrez la noirceur, foyez affuré que la véritable conjonction est faite. Avant que la véritable couleur blanche fe manifefte, la matiere prendra toutes les plus belles couleurs du monde en même tems. Vous verrez fur les bords de la matiere de la pierre, comme des pierres précieufes orientales, & comme des yeux de poisons. Alors foyez affuré que la véritable blancheur ne tardera pas à paroître. Ifaac Hollandois.

Le fecret de notre véritable diffolution eft la noirceur de charbon faite du Soleil & de la Lune: cette noirceur indique une conjonction & une union fi intime de ces deux, qu'ils feront à l'avenir inféparables : ils fe changeront en une poudre très-blanche. Raymond Lulle.

Au bout de quarante jours que la matiere aura été mife à une chaleur lente & médiocre, elle deviendra noire comme de la poix, ce que les Philofophes appellent Tête de corbeau, & le Mercure des Sages. Alanus.

La chaleur agiffant fur l'humidité produit premierement la noirceur, puis la blancheur, de cette blancheur la couleur citrine, & de celle-ci la rouge. Arnaud de Villeneuve,

Quelques-ups ont dit qu'on voyoit pendant le' cours de l'œuvre toutes les couleurs qu'on peut imaginer; mais c'est un fophifme des Philofophes, car les quatre principales feulement fe manifeftent. Ils ne l'ont dit que parce que ces quatre font la fource de toutes les autres. La couleur rouge fignifie le fang & le feu; la citrine, la bile & l'air; la blanche, le phlegme & l'eau; la noire, la mélancolie & la terre. Ces quatre couleurs font les quatre élémens, Rofaire...

Du Style énigmatique.

Ce feroit une folie de nourrir un âne avec des laitues ou d'autres herbes rares, difent plufieurs Philofophes, puifque les chardons lui fuffifent. Le fecret de la pierre eft affez précieux pour en faire un myftere. Tout ce qui peut devenir nuifible à la Société, quoiqu'excellent par lui-même, ne doit point être divulgué, & l'on n'en doit parler que dans des termes mystérieux. Harmonie Chymique.

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Notre Science eft comme une partie de la Cabale, elle ne doit s'enfeigner clairement que de bouche à bouche. Auffi les Philofophes n'en ont-ils traité que par énigmes, par métaphores, par gories, & par des termes équivoques : on en devineroit autant dans le filence de Pythagore, que dans leurs écrits. Edius de Vadis, cap. 10. Les fecrets prophétiques, naturels, fpagyriques & poćtiques font pour la plupart cachés fous le même

voile. Ibid.

La plupart des Traités compofés fur cette Science (Hermétique) font si obscurs & si énigmatiques,

qu'ils font inintelligibles à tout autre qu'à leurs Auteurs. Margarita Novella.

Celui qui le dégoûtera aifément de la lecture des livres des Philofophes, n'est pas fait pour la Science & n'y parviendra pas. Un livre en éclaircit un autre; l'un dit ce que l'autre a omis. Mais il ne faut pas s'imaginer qu'une lecture d'un même livre fuffife pour en avoir l'intelligence; deux, trois & même dix fois répétée elle n'eft pas capable de mettre au fait de ce qu'on defire apprendre. Bacafer in Turba.

Cette Science eft un don de Dieu, & un mystere caché dans les livres des Philofophes, fous le voile obfcur des énigmes, des métaphores, des paraboles &: des difcours enveloppés, afin qu'elle ne vienne pas à la connoiffance des infenfés qui en abuseroient, & des ignorans qui ne fe donnent pas la peine d'étudier la Nature. Ceux qui defirent y parvenir doivent s'appliquer à éclaircir leurs efprits em lifant avec attention, & en méditant les textes & les fentences des Philofophes, fans s'amufer à la lettre, mais au fens qu'elle renferme. Aurora comfurgens.

Recourez à Dieu, mon fils, tournez votre cœur & votre efprit vers lui, plutôt que vers l'Art; car cette Science eft un des plus grands dons de Dieu, qui en favorife qui il lui plaît. Aimez donc Dieu de tout votre cœur & de toute votre ame, & votre prochain comme vous-même; demandez cette Science à Dieu, avec inftance & persévérance, & il vous l'accordera. Alanus.

Toute fagefle vient de Dieu, & a été avec lui 'de toute éternité. Celui donc qui defire la fagelle doit la chercher dans Dieu, & la lui demander;

parce qu'il la diftribue abondamment, fans reproche. Il est le principe & la fin, la hauteur & la profondeur de toute fcience, & le tréfor de toute fageffe; car de lui, dans lui & par lui, font toutes chofes, & fans lui on ne peut réuffir à rien de bien. A lui donc foit honneur & gloire dans tous les fiecles des fecles. Albert le Grand dans la Préface de fon Traité d'Alchymie.

J'aurois pu multiplier le nombre de ces textes des Philofophes: on en trouveroit plus qu'il n'en faut pour former un gros volume; mais ceux-là fuffiront pour mettre le Lecteur au fait de la maniere de s'expliquer de ceux qui ont écrit fur la matiere & les procédés de la Science Hermétique. Ce. nuage épais qu'on trouve répandu dans tous leurs ouvrages, cette obfcurité affectée, ce myftere que fi peu de gens peuvent pénétrer, font fans contredit la véritable raifon qui a fait & fait encore regarder la Pierre philofophale comme une chimere, malgré le témoignage de tant d'Auteurs, & les faits comme certains qui dépofent en faveur de fa réalité. Les Savans, dit-on, la traitent d'extravagance & de folie. Que conclure de-là: Ne feroit-ce pas une preuve, que ceux qu'on appelle Savans, font bien éloignés de tout favoir? & qu'ils pourroient dire d'eux à plus jufte titre ce qu'un ancien Sage de la Grece difoit de lui-même : J'ignore tant de chofes, que je puis dire, je fais feulement que je ne fais rien. Ignore-t-on d'ailleurs que les découvertes extraordinaires, telles, par exemple, que celle de la poudre & de fes effets, n'ont d'abord trouvé dans les Savans mêmes que des railleurs & des incrédules Ce qu'on nomme la fcience a fouvent fes

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