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E T

MARIAMNE,

TRAGEDIE,

DE M. DE VOLTAIRE.

Eftuat ingens

Imo in corde pudor, mixto que infania luctu,
Et furiis agitatus amor, &c.

Le prix eft de 30. fols.

A PARIS, QUAY DES AUGUSTINS,
NOEL PISSOT, à la defcente du Pont-
Neuf, à la Croix d'Or.

Chez j

ET

FRANÇOIS FLAHAULT, du
côté du Pont. S. Michel, au Roy de
Portugal.

M. DCC. XXV.

AVEC PRIVILEGE DU ROY.

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PREFACE.

L feroit utile quon abolit la coutume que plufieurs perfonnes ont prife depuis quelques années, de tranfcrire pendant les Reprefentations, les Pieces de Theâtre, bonnes ou mauvaifes, qui ont quelqu'apparence de fuccès. Cette précipitation répand dans le Public des Copies défectueufes des Pieces nouvelles, & expofe les Auteurs à voir leurs Ouvrages imprimez fans leur confentement, & avant qu'ils y aïent mis la derniere main. Voilà le cas où je me trouve. Il vient de paroître coup fur coup trois mauvaises Editions de ma Tragedie de MARIAMNE l'une à AMSTERDAM chez CHANGUION, & les deux autres fans nom d'Imprimeur. Toutes trois font pleines de tant de fautes, que mon Ouvrage y eft

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entierement méconnoiffable. Ainfi je me vois forcé de donner moi-même une Edition de MARIAMNE, où du moins il n'y ait de fautes que les miennes ; & cette neceffité où je fuis d'imprimer ma Tragedie, avant le temps que je m'étois prefcrit pour la corriger, ferviroit d'excufe aux fautes qui font dans cet Ouvrage, fi des défauts pouvoient jamais être excufez.

La deftinée de cette Piece a été extraordinaire. Elle fut joüée pour la premiere fois en 1724. au mois de Mars, & fut fi mal reçûë qu'à peine pût-elle être achevée : Elle fut rejoüée avec quelques changemens en 1725. au mois de May, & fut reçûë alors avec une extrême indulgence.

J'avoue avec fincerité, qu'elle méritoit le mauvais accueil que lui fit d'abord le Public. Et je fupplie qu'on me permette d'entrer fur cela dans un détail, qui peut-être ne fera pas inutile à ceux qui voudront courir la carriere épineufe du Theâtre, où j'ai le malheur de m'être engagé ; ils verront les écüeils où j'ai échoué. Ce n'est que par – là que je puis leur être utile.

Une des premieres regles, eft de peindre les Heros connus, tels qu'ils ont été, ou

plûtôt tels que le Public les imagine; car il eft bien plus aifé de mener les Hommes par les idées qu'ils ont, qu'en voulant leur en donner de nouvelles,

Sit meded ferox Invictaque, flèbilis inó.
Perfidus Ixion io vaga, triftis Oreftes, &c.

Fondé fur ces principes, & entraîné par la complaifance refpectueufe, que j'ai tou jours eue pour des perfonnes qui m'hono rent de leur amitié & de leurs confeils, je me réfolus de m'affujetir entierement à l'idée que les Hommes ont depuis long-temps, de MARIAMNE & d'HERODE, & je ne fongeai qu'à les peindre fidelement d'après le portrait que chacun s'en eft fait dans fon imagination. Ainfi Herode parut dans cette Piece, cruel & politique, tiran de fes Sujets, de fa Famille, de fa femme, plein d'amour pour Mariamne;mais plein d'un amour barbare, qui ne lui infpiroit pas le moindre repentir de fes fureurs: je ne donnai à Mariam

ne,

d'autres fentimens qu'un orgueil imprudent, & qu'une haine inflexible pour fon mary.Et enfin,dans la vûë de me conformer aux opinions reçûës, je ménageai une entrevûë

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