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Cette régle n'eft pas fi abfoluë qu'on ne la néglige ailleurs que dans les pronoms & articles pluriels.

Dans le difcours ordinaire on fuprime l's qui fe trouve immédiatement après l'e muet, faire la fin d'un adjectif pluriel & précéder un mot dont la prémiére lettre eft une voïelle; comme dans ces phrafes. Elles font fages et fidéles, belles à peindre, bonnes à manger, &c. Prononcez fage & fidéle, bel à peindre, bon à

manger.

Mais dans la Poëfie & dans le ftile grave & encore plus néceflairement dans les vers liriques, cette s finale doit être unie à la voïelle fuivante pour fe faire fentir à la prononciation avec le fon adouci du

ལ.

Quoique nous aïons dit au commencement de cet article que l' entre deux voïelles,fe prononce comme un z; il y a pourtant une exception qui ne s'étend que fur quelques mots compofés, comme résusCiter préfentir, préfentiment, encore ne feroit-on pas mal de doubler l's en ces fortes de mots, comme on la doudouble en ressouvenir, ressembler ressentir, reffentiment, &c. afin de lever le doute de la prononciation à ceux qui l'ignorent.

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L' doit prendre auffi la place du z à la fin des participes paffifs des verbes, de

la premiere conjugaifon, où elle ne fert qu'à marquer le pluriel, puifqu'on ne la prononce point dans le discours familier.

Dans ces participes, left toujours précedée d'un e mafculin qu'on doit marquer d'un accent aigu, exemple, ils font aimés ; & fi c'est au féminin on met deux e, dont le dernier eft muet, & on écrit elles font aimées.

Il ne faut donc pas fe laiffer entrainer par un abus prefque général, qui eft d'y mettre un z aulieu d'une s; car de cette maniére, c'eft confondre avec la feconde perfonne du pluriel des verbes, un participe qui doit être confidéré comme un adjectif, & par confequent fufceptible de genre & de nombre.,

Si l' quitte en quelques mots le fon foible qui lui eft ordinaire entre deux voïelles, pour en prendre un plus fort, elle quitte auffi en certaines dictions le fon fort qu'elle garde ordinairement après une confone pour en prendre un foible, c'est-à-dire celui du z, ce qui fe voit dans tranfiger & tranfaction.

Elle fe fait fentir avec toute fa force devant une confone, comme dans respect & fufpect, de même entre deux confones comme dans conftant, transparant, &c. On ne la prononce jamais quand elle eft finale, & que le mot fuiyant commence

par

par une confone, à moins que ce ne foit en certains noms d'hommes comme Romulus, Crefus, Darius, Semiramis, Phalaris, &c.

Un des ufages le plus fréquent de l'eft de diftinguer les noms pluriels d'avec les finguliers.

Elle fert auffi à diftinguer la premiére & feconde perfonne d'avec la troifiéme, tant au pluriel qu'au fingulier, de la plufpart des tems des verbes, exemple. Je fais tu fais, il fait. Nous faifons, vous faites, ils font. Je faifois, tu faifois, il faifoit, Je fis, tu fis, il fit, &c.

T

La prononciation du t varie auffi en plufieurs endroits.

Tant qu'il n'eft fuivi que d'une voïelle, il garde le fon qui lui eft propre, de ta te, ti, to, tu; mais s'il eft fuivi immédiatement de deux voïelles, & que la premiére foit un i, il prend pour le plus fouvent le fon adouci du c, de forte qu'il faut prononcer faction, action, retention, atention, & leurs femblables, comme s'ils étoient écrits, faccion, accion, retencion, atencion; on en excepte digestion & fuggestion.

Dans la plupart des mots terminés en se, il fe prononce durement comme for

C

tie, partie, rorie, fimpatie, antipatie, &c. Il prend le fon du c en prophetie, Démocratie, Dalmatie, auffi-bien que dans les mots terminés par la diphtongue ieu, comme feditieux, caprieux, facrieux.

Il en eft de même de ceux qui ont à la fin la diphtongue ia, comme partial, abbatial, initial, &c. où le t fe prononce avec la même douceur du c, ainsi que dans patience, patient, patienter, patienment. Let finiffant un mot & rencontrant pour prémiére lettre une voïelle, fe doit faire fentir, & au contraire s'il rencontre une confone, il ne fe fait point fentir: c'est ce qu'on apercevra niieux en donnant pour éxemple un adjectif devant deux noms fubftantifs diférens, comme un puif fant ami, un puissant Souverain, qu'il faut prononcer un puiffan-tami, un puiffan

Souverain.

En parlant des voïelles, on a expliqué. l'ufage de l'v confone; j'ajouterai encore que c'eft à grand tort que bien des gens négligent cette lettre; ils ne penfent pas que c'eft par elle que nous connoiffons la véritable prononciation de certains. mots qui tombent rarement dans l'usage; il en eft de même de l'j confone dont on a parlé en fon lieu. Ceux qui ne les fa→ vent pas placer où l'ortographe les demande, déguifent entiérement la pro

nonciation; ils écrivent fans s'en apercevoir, jure pour ivre, & ivre pour jure, lefquels mots ont une fignification toutà-fait diférente. Ils mettent auffi des diphtongues où il n'y en doit point avoir, & fuivant cette mauvaise méthode, la derniére fillabe d'Avril fait ril au lieu de vril.

X

L'x a tellement empiété fur les droits de l's, qu'elle en a pris la place à la fin de la plufpart des noms, fur tout des adjectifs; & cela par une bifarerie de l'usage plutôt que par raifon, puifque l's étant moins rude à la prononciation, convenoit mieux à la fin des mots. Cette remarque devroit être d'autant plus juste que l'x finale ne fe prononce point à moins qu'elle ne rencontre une voielle, alors elle prend le fon foible de l's comme dans ces deux phrafes, c'est un dangereux-ennemi, ce font de dangereux enfans, prononcez dangereu-zennemi, heureu-zenfans.

Nous dirons encore que les diphtongues en ien, apartiennent fi bien à l's que nous ne pouvons fans elle, former le féminin des adjectifs qui fe terminent par fes diphtongues: éxemple, genereux, capricieux font au féminin genereuse, capricieuse, en changeant x en s.

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