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il d'aimer, à moi qui dois fans ceffe m'occuper de combats, de châtiments, appréhender que la fortune ne m'abandonne, m'affurer un port dans les orages?

Rien n'empêche que votre majesté ne goûte les douceurs d'une paffion qu'il lui fera facile de fatisfaire. La comtesse se trouvera flattée d'une tendreffe dont elle eft forcée de rougir avec son époux. Elle recevra les vœux d'un fouverain; elle aura bientôt oublié ce méprifable Varbeck.

Henri revoyoit fouvent chez la reine cet objet qui, tous les jours, lui paraissoit plus aimable. Il vouloit armer la vanité contre l'amour, & en mortifiant fon orgueil, triompher d'une femme qui croyoit plaindre & aimer fon égal: elle s'obstinoit à regarder comme un des artifices groffiers du roi, le foin qu'il prenoit de lui représenter inceffamment fon mari fous les traits d'un intriguant obfcur.

Désespéré de fon peu de fuccès, Henri résolut d'employer un moyen qui lui affureroit à la fois & le trône, & peut-être le cœur de la princeffe. Poynings, chargé des ordres du monarque, se rend à la Tour auprès du duc d'Yorck dont le malheur n'ébranloit point la fermeté ; fi quelques larmes lui échap

poient, c'étoit le fort de son épouse qui les faifoit couler; nous l'avons dit: l'amour feul le retenoit à la vie. Le roi, lui dit Poynings en l'abordant, vous a donné fa parole qu'on épargneroit vos jours; vous devez fentir que c'eft à une condition qu'il est en votre puissance de remplir : il faut qu'un écrit figné de votre main contienne votre hiftoire détaillée depuis votre berceau jusqu'à ce moment, que tout ce qui concerne vous & votre famille,y foit offert avec ingénuité; vous ajoûterez à cette confeffion éxacte les noms de vos complices ; vous n'oublierez point leurs suggestions, leurs manœuvres, & alors le fouverain tiendra fa promeffe. Le jeune-homme fecoue fes chaînes, en regardant l'émiffaire de Henri d'un air dédaigneux : C'est un roi qui vous envoye ! & telle eft fa parole ! j'ai besoin en cet inftant plus que jamais de me ressouvenir que je fuis le duc d'Yorck. Mes complices font tous ceux qui déteftent l'ufurpation & le parjure; c'eft là ma réponse. Mais qu'efpérez-vous en perfiftant dans votre menfonge? Si Henri ne fçait point régner, je fçaurai mourir... C'eft pour une épouse seule que mon ame eft troublée. Quoi! vous ne voulez point

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NOUVELLES HISTORIQUES. - Je fuis le duc d'Yorck, le fils d'Eand I, le frère du malheureux Edouard V; je s digne de mon rang, & le petit fils d'Owen Tudor eft tait pour trahir fa promeffe facrée, & pour achever d'exterminer une famille dont un faible refte étoit échappé aux coups de l'inhumain Richard III. Voilà tout ce que j'aurai à dire jusqu'au

dernier loupir.

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Songez-vous que l'echaffaut vous

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de Varbeck cédera au nouvel affaut que je lui prépare; foyez bien fûr qu'il ne sçauroit résister ; oui, j'obtiendrai l'aveu que je desire.

Henri explique à Poynings le moyen victorieux qu'ils doivent employer, & ce dernier se hâte de retourner à la prifon.

La ducheffe avoit demandé à être renfermée dans la Tour avec fon époux: Henri s'étoit opiniâtré à lui refufer cette grace; il n'avoit pas même voulu lui accorder la confolation de le voir une feule fois. La

jaloufie fe joignoit aux raifons de politique ; cette princeffe n'avoit d'autre foulagement dans fes maux que de pleurer en liberté, & d'être certaine qu'on n'attenteroit pas dumoins à la vie de fon mari.

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A peine Poynings s'eft-il remontré aux yeux du prifonnier : La crainte du fupplice qui vous menace, ne peut donc vous arracher cet aveu que vous devez au repentir & à la vérité ? Je me fuis expliqué ; eh! puiffé-je devancer cette mort qui va me frapper !.. je parle à un Anglais que je crois affez généreux pour ne pas m'immoler dans quelqu'un qui m'est bien plus cher que moi-même, & qui n'est point coupable; je le prie feulement d'obtenir de Henri qu'on épargne mon épouse; qu'elle retourne en Ecoffe, qu'elle m'oublie ; & moi... chevalier, avezvous connu l'amour ? Oui, j'ai connu l'amour, & en ce moment il vous preffe lui-même par ma bouche de déclarer tremblez, vous êtes donc bien attaché à votre femme? -- Je donnerois mille fois ma

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vie, pour conferver la fienne.

reux jeune-homme

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Eh bien! malheuses jours font en danger; frémiffez le fer... Le fer... Eft levé fur fa tête, aujourd'hui, en cet inftant, des bourreaux...

avouer...

Je fuis le duc d'Yorck, le fils d'Edouard IV, le frère du malheureux Edouard V; je me fens digne de mon rang, & le petit fils d'Owen Tudor eft fait pour trahir fa promeffe facrée, & pour achever d'exterminer une famille dont un faible refte étoit échappé aux coups de l'inhumain Richard III. Voilà tout ce que j'aurai à dire jusqu'au dernier foupir. Songez-vous que l'echaffaut vous attend? - J'y monterai, comme j'aurois monté au trône.

Poynings revole auprès de fon maître, & lui fait part de l'obftination du prifonnier, & de fon audace. Le roi garde quelque tems le filence, puis le rompant tout મે coup: Chevalier, l'intrépidité de Varbeck cédera au nouvel affaut que je lui prépare; foyez bien fûr qu'il ne fçauroit réfifter ; oui, j'obtiendrai l'aveu que je defire.

Henri explique à Poynings le moyen victorieux qu'ils doivent employer, & ce dernier fe hâte de retourner à la prison.

La ducheffe avoit demandé à être renfermée dans la Tour avec fon époux: Henri s'étoit opiniâtré à lui refufer cette grace; il n'avoit pas même voulu lui accorder la confolation de le voir une feule fois. La

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