Imágenes de páginas
PDF
EPUB

plus funef

L'efprit le d'une faine morale,& l'amour de la vertu ? comte partage ment l'aimera-t-on cette vertu, fi tout ce que

quand il ne

fert point à nous lifons, tout ce que nous voyons, la mon

notre bon

heur & à notre foulée aux pieds, fans récompense, sans

tre vertu.

roman moral

fur l'hiftoire.

considération, dans la pouffière de l'oubli? Ayons donc, s'il le faut, recours aux artifices Combien le de la fiction; c'est dans cette circonstance qu'il a d'avantage faut bien fe garder d'expofer le vrai dans une nudité dangereuse à voir; laissons croire aux hommes que cette vertu les menera aux plaifirs, aux richesses, aux dignités; c'est un roman: eh bien! ardents fectateurs de la vérité, ne nous ôtez point notre roman, & réservez votre hiftoire pour ce très-petit nombre d'ames nobles, défintereffées, & fortes par elles-mêmes que le pur amour de la vertu peut enflammer & qui goûteroient de la satisfaction à en être les martyres. Un homme de génie me disoit Reproche à propos de la malheureuse fin de Clariffe: » je

fait par un

génie à Ri

homme de >> fçais bien qu'il eft très-vrai que la vertu n'a point une autre deftinée : mais je fuis fâché heureufe de» que Richardson ait mis fous nos yeux cette

chardfon fur

la fin mal

Clariffe.

» trifte leçon de l'expérience; pour l'honneur

» du roman & de l'humanité, il falloit que » Clariffe fut récompensée de tant d'épreu» ves cruelles qu'elle a effuyées. « Cette ob◄ jection. eft fpécieuse; il y avoit une réponse bien fimple à faire en faveur de l'écrivain anglais : Richardson a voulu nous prouver combien la vertu étoit aimable, puif

Réponse

qu'il n'y a personne, après avoir lû son ou- qu'on pou:

pour juftifier

vrage, qui n'aimât mieux être Clariffe en-roit faire traînée sous le poids de l'infortune, que Love-Richardfon lace, fût-il au comble du bonheur.

VELLES HIS

Cet ouvrage n'empêchera point que je ne Les Novdonne la fuite des ÉPREUVES DU SEN-TORIQUES TIMENT dans l'ordre que je les ai publiées

n'empêcheront point qu'on ne donne la

tion des

DU SENTI

jufqu'ici; je dois trop à l'indulgence de ce pu- continuablic fenfible & eftimable, le feul qui m'in- EPREUVES téreffe, pour ne pas continuer un travail qu'il MENT. a paru agréer : heureux fi je remplis mon but! je ne veux qu'attendrir, & pouvoir être utile en attendriffant. Je fçais bien, & j'en fuis convaincu, que dans un fiècle, où pour me fer

Expreffion le fans pudeur eft en crédit, je n'irai point

P'une femme

de beaucoup par de tels chemins à la célébrité: mais

d'efprit.

que

je fois dans une obfcurité profonde, & que j'aye l'avantage, comme je l'ai déjà dit, d'exciter quelque bonne action, je ne porterai pas envie à ces hommes qui font du bruit. Labienus Labiénus, calomniateur facrilège, & diffaaprès avoir mateur fi fcandaleux & fi impudent qu'il s'en

mort de rage

amufé les

pagnies de

Rome.

bonnes com- effrayoit quelquefois lui-même, termina sa vie infâme par mourir de défefpoir; fon ef prit ne le fauva point du remords déchirant d'avoir outragé l'honnêteté & la bienféance. Je ne pense pas qu'un écrivain jaloux Un écrivain de conferver fa propre eftime, doive prétenque cas du dre à l'approbation générale. Un jeune litté

qui fait quel.

bon fens &

de la vertu rateur me demandoit, un jour, ce qu'il y avoit

ne doit point

l'approba.

prétendre a à faire pour être connu universellement, & tion géné- mériter le dicier hic eft du poëte latin.

rale.

Quelques bonnes actions &c. Voyez la préface des ÉPREUVES DU SENTIMENT, page xxij, édit. in-12. Labienus étoit un calomniateur fi féroce, fi enragé, qu'on le furnomma Rabiénus.

tion avec un

rateur, le

plus prome

de faire par

Mon ami, lui dis-je ! je vous indiquerai un Converfamoyen infaillible d'arriver promtement promtement à ce jeune litté faîte de réputation fi difficile à atteindre: moyen le commencez d'abord par vous armer d'un & le plus für fond d'effronterie imperturbable, de cette im- ler de fol. pudence cynique qu'Homère dans fa langue fi pittorefque appelle impudence de chien. Le premier effet que vous produirez, fera à coup fûr de révolter: ne foyez point déconcerté ; cette impression momentanée fe diffipera bientôt. Ayez un amour-propre endurci à toutes les humiliations, à tous les retours de pudeur; parlez de vous-même avec audace, & des autres avec mépris : que furtout la raillerie la plus Faites rire infultante, la plus homicide affaisonne ce dédain. Prodiguez le menfonge, la calomnie, les

& vous pou

vez affeffi ner impuné ment avec le poignard de

invectives, il n'importe : pourvû que ces traits la calomnie. perçants foient enveloppés du farcasme, ils frapperont, & laifferont des bleffures peut-être inguériffables; ce qui fera fort divertissant pour

Pourvu que ces traits perçants &c. Quels fuccès ! & qu'il y a à rougir & pour ceux qui en jouiffent, &

la horde immenfe des oififs, des imbécilles des gens du monde qui veulent abfolument secouer leurs ames paralytiques & auxquels il faut nécessairement du spectacle. D'ailleurs la plûpart des hommes font dévorés d'envie ; j'ai de la peine à trahir cette espèce de secret honteux de la nature humaine : l'aspect des souffrances de leur femblable les tire de la forte d'engourdiffement où le bonheur les endort, & leur rend plus piquante la jouiffance de ce bonheur. Les Romains Les Romains, ce peuple si vanté pour la lé

avoient leurs

combats de gladiateurs ; nous n'ai

mons pas à

le fang: mais

nous con

templons d'un œil

qui expire

fous le ftylct

Les Romains &c. Oui,les Romains devant lesquels voir couler aujourd'hui nos pédants fe profternent, & s'extafient d'admiration. Il y avoit dans l'amphitéâtre un banc réservé pour les veftales. Les dames Romaines alloient fatisfait un avec leurs amants goûter le doux plaifir de voir malheureux des hommes s'entre-déchirer, jufqu'à ce que l'un de douleur des deux expirât, ou ce qui étoit plus affreux de la raille encore des victimes humaines, des prisonniers des efclaves aux prifes avec les lions, les tigres & mis en morceaux par ces bêtes féroces. Cela. s'appelloit le spectacle de la nation, & ceux qui y affiftoient fe nommoient des hommes, les modèles du monde entier, traitant de barbare tout ce qui n'étoit pas Romain !

rie.

[ocr errors]
[ocr errors]
« AnteriorContinuar »