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truite, l'auteur manque entierément son objet. En voici un éxemple tiré de la NOUVELLE même par laquelle je débute mon original anglais, où je n'ai fait que puiser le fonds de l'anecdote nous montre la comteffe de Salisbury mariée avec Edouard, tandis que tout nous apprend, nous redit que cette union n'a jamais exifté, & que l'époufe de ce fouverain a été la princesse Philippe, fille du comte de Haynaut. De telles licences, il faut l'avouer, ne font point fupportables; embelliffons la vérité, mais qu'elle ne difparaiffe point fous les ornements. Quel reproche n'a-t-on pas fait avec juftice aux romans pleins de traits de géDéfaut con- nie que nous a laiffés Mile, de Scudéri ? elle dé

fidérable des

romans de naturoit totalement les caractères de fes héros.

Mile de Scudéri.

» Et fous des noms Romains faifant notre portrait,

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L'abbé de St. Réal ne peut être accufé de ce défaut fi révoltant : auffi doit-on avoir pour modèle dans les ouvrages du genre de celui

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Dom-Carlós, modèle

VELLES
HISTORI

que je fais paraître, fa nouvelle historique de Dom-Carlos.Rien de plus agréable;cet écrivain éclairé ne fe diffimuloit pas qu'il avoit rendu le fait fous des couleurs moins fidèles que flatteuses: mais il a confervé le fonds de fon fujet, tel que les mémoires du tems nous l'ont tranfmis; il vouloit instruire & plaire, & il a réussi. J'oferai avancer à propos de Dom-Carlos, une opinion qui pourra offenfer ces efprits des Noufuperftitieux, dont l'efpèce de fanatisme pour QUES. la vérité s'effarouche au moindre trait qu'on lui prêté je verrois avec quelque plaisir nos historiens mettre davantage en action leurs perfonnages dominants, les faire parler com- de l'ame au me en effet ils auroient parlé. L'expérience chores. eft pour moi : lifez Quinte-Curce, Tite-Live &c: qu'on fe plait à entendre difcourir Aléxandre, Annibal &c ! que Céfar prêt à paffer le Rubicon, & échauffant fes foldats par une harangue pathétique, attache bien plus qu'un fimple récit de l'écrivain! C'est par l'emploi du charme dramatique que Vertot,

Le dramad

tique donne

ftyle & aux

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dans le fiecle paffé, a fçu entraîner la foule des lecteurs. Cette adreffe de l'hiftorien femble rendre la vie à d'illuftres morts, les rapprocher de nous & nous aider à franchir la diftance des rangs, & l'intervalle des âges, deux ennemis de cet intérêt qui nous remue fi agréablement, & que doit exciter tout ce qui eft relatif à l'homme. Nous aimons à vivre & à converfer avec nos égaux & nos contemporains.

L'art d'émouvoir cette qualité fi effentielle à tout écrit dont le but est de parler au cœur, fe trouve furtout dans les nouvelles historiques. Ces fortes d'ouvrages tienIes hiftoi- nent le milieu entre le roman proprement dit, raies que & celui qu'on appelle hiftoire car la vérité

res auffi peu

les romans;

elies en dif débarraffée de l'alliage impofteur eft du nom→

férent feule

fécherefle &

ment par la bre de ces phénomènes qui n'ont point enPennui core été visibles à nos yeux: notre meilleure

hiftoire, j'excepte nos livres facrés, est le roman le moins groffier & le plus vraisemblable. * Puifque cette ignorance du vrai, & ce goût

NOUVELLES

QUES, le

celui des

DU SENTI

pour le menfonge font des imperfections inhérentes à notre nature, efforçons-nous d'en tirer parti. Le même objet que j'ai envisagé dans mes ÉPREUVES DU SENTIMENT me guide Le but des dans cette nouvelle COLLECTION: je n'ai d'au- HISTORI tre but que d'entretenir cet amour de l'huma- même que nité, la bâse de toutes les vertus ; je combats EPREUVES les paffions par les paffions. Mon deffein fur-MENT. tout eft de tracer à la jeuneffe des préceptes qui puiffent lui plaire, & de lui donner, pour ainsi dire un cours de morale éxempt de cette féchereffe & de ce pédantisme qui répandent l'ennui & l'aversion fur les leçons les plus profitables. D'ailleurs la lecture de ces bagatelles conduit insensiblement à l'étude réfléchie de l'hiftoire : une jeune personne que SALISBURY aura intéressée, voudra connaître Cette lecdavantage Edouard, & alors on lui remettra pofer a celle dans les mains le règne de ce prince. Il y a un

,

art de faire aimer aux hommes leurs devoirs, & les connaiffances qui leur font néceffaires; fi nous voyons tant d'élèves démentir

ture pe t dif

de l'histoire.

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dans le fiecle paffé, a sçu entraîner la foule des lecteurs. Cette adreffe de l'hiftorien semble rendre la vie à d'illuftres morts, les rapprocher de nous & nous aider à franchir la diftance des rangs, & l'intervalle des âges, deux ennemis de cet intérêt qui nous remue fi agréablement, & que doit exciter tout ce qui eft relatif à l'homme. Nous aimons à vivre & à converfer avec nos égaux & nos contemporains.

L'art d'émouvoir, cette qualité fi effentielle à tout écrit dont le but est de parler au cœur, fe trouve furtout dans les nouvelles hiftoriques. Ces fortes d'ouvrages tienI es histoi- nent le milieu entre le roman proprement dit, & celui qu'on appelle histoire : car la vérité

res auffi peu

vraies que

les romans;

elies en dif débarraffée de l'alliage impofteur eft du nom

férent feule

fécherelle &

ment par la bre de ces phénomènes qui n'ont point enPennui, core été visibles à nos yeux: notre meilleure hiftoire, j'excepte nos livres facrés, est le roman le moins groffier & le plus vraisemblable. Puifque cette ignorance du vrai, & ce goût

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