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NOUVELLES

QUES, le

celui des

DU SENTI

pour le menfonge font des imperfections inhérentes à notre nature, efforçons-nous d'en tirer parti. Le même objet que j'ai envisagé dans mes ÉPREUVES DU SENTIMENT me guide Le but des dans cette nouvelle COLLECTION: je n'ai d'au- HISTORItre but que d'entretenir cet amour de l'huma- même que nité, la bâse de toutes les vertus ; je combats EPREUVIS les paffions par les paffions. Mon deffein fur-MENT. tout eft de tracer à la jeuneffe des préceptes qui puiffent lui plaire, & de lui donner, pour ainsi dire, un cours de morale éxempt de cette féchereffe & de ce pédantisme qui répandent l'ennui & l'aversion fur les leçons les plus profitables. D'ailleurs la lecture de ces bagatelles conduit insensiblement à l'étude réfléchie de l'hiftoire : une jeune perfonne que SALISBURY aura intéreffée, voudra connaître Cette lecdavantage Edouard, & alors on lui remettra pofer à celle dans les mains le règne de ce prince. Il y a un art de faire aimer aux hommes leurs devoirs, & les connaiffancés qui leur font nécessaires; fi nous voyons tant d'élèves démentir

ture pet dif

de l'histoire.

Le peu de l'efpérance & les foins de leurs parents

rapacité des

lèves, pref- c'eft prefque toujours la faute des inftituteurs.

que toujours

La faute des Menons les enfants par une route fleurie, &

maitres.

tâchons de mettre de notre parti leur sensibilité & leur imagination; il eft bien peu d'efprits qui foient avides d'embrasser des vérités sèches & abftraites: il faut abfolument irriter & flatter notre curiofité. Ne cherchons point à nous le diffimuler, nous voulons retrouver des fées par-tout. Fontenelle a bien eu Les hommes raison de dire que » chaque âge avoit fes hos » chets.« Faifons donc de ces hochets des

toujours en

ils

fants ; cherchent

contes de

par-tout les inftruments utiles qui fervent à perfectionner fées qui ont notre raifon,nos mœurs,nos plaisirs mêmes &c

premières années.

J'annonce que dans ces NOUVELLES HISTORIQUES, je ne me bornerai point à tracer les effets d'une feule paffion : elles entreront toutes dans mes tableaux, & j'aurai foin de leur opposer les vertus qui doivent en triompher, quand ces mêmes passions feront condamnables. Il va m'échapper une efpèce de blafphême littéraire : ne vaudroit-il pas mieux

pour notre inftruction qu'on nous fit lire des Les romanciers, peuti romans où la vertu feroit offerte dans tous être plus utiles que les

fes charmes au lieu de ces hiftoires qui hiftoricas. nous préfentent prefque toujours de prétendus héros fameux par leurs excès criminels, jouissant, au faîte de la gloire, d'une heureuse impunité, les oppreffeurs du faible & de l'innocent, les fléaux du monde entier ? Pour un Titus, un Marc-Aurèle, combien de Tibè

roman com

hevalier

de Caligulas, de Nérons, d'Héliogabales ! Je demande en effet à un homme fenfé & impartial fi la lecture du chevalier Gran- Combien un diffon ne contribueroit pas plus à former le ne celui du cœur, & à nous donner une idée jufte de nos Grandiffon relations & de nos devoirs, que tout ce ramas firabe à Phude compilations fans goût & fouvent dénuées l'hiftoire. du vrai que l'on ofe effrontément intituler histoi

res,

& qu'on peut appeller le défespoir de l'hu manité. Je ne me lafferai point de le répéter: qu'on ait le courage de parcourir les fastes Bizantines: n'eft-ce pas fe tranfporter à notre place publique, & avoir les yeux fixés fur les

eft ius pro

manité que

La faufferd fcélérats qui y ont fubi le dernier fupplice?

Zes hiftoi

Foût qu'elles

res, le dé- Encore nous expofe t-on la plupart de ces monf tres, décorés du titre de grands, de princes,

Jo pirent, les

Idées eu yaifonnables

Muent,

fets qui en

éfultent.

qu'elles infe d'empereurs, recueillant en paix le fruit de leurs déréglemens abominables; & s'ils ont eu l'audace d'appuyer leurs crimes par une Funeftes ef- bravoure féroce & qui tient de la brute, on ne manque pas d'exalter leur courage, & de leur prodiguer les noms de héros, de grands hommes, &c. Voilà comment ces écrivains fi peu judicieux ont peut-être caufé le mal¬ heur de leurs femblables. Sallufte nous peint-il Caton avec la même énergie qu'il s'eft plu à nous repréfenter Catilina ? auffi ce dernier produit un intérêt fi fort au-deffus de l'autre qu'un de ces guerriers deftructeurs que l'on nous vante, avoit continuellement fous le chevet de fon lit ce morceau de Sallufte. Le tyran Céfar va tremper de larmes les pieds de la ftatue d'Alexandre, & où eft le prince qui ait couru embraffer le marbre d'Antonin, & l'ait arrofé de fes pleurs? Pourquoi ce noble tranf

la

Pourquoi

nous n'avons

aucun prince

braffer la fta

nin, & l'ar

rofer de fea

larmes.

riens ont

caufé une

port n'eft-il encore échappé à aucun de ces hommes deftinés à nous commander ? pourquoi ? parce que la maladreffe, le peu de va encore philofophie, & la lâcheté des hiftoriens fe courir emfont attachées à nous offrir Aléxandre comme tue d'Antole premier des humains, au comble de grandeur, couvert d'un éclat immortel; & le pinceau n'a fait que fe traîner mollement fur l'image d'Antonin; fon portrait, graces à leur peu d'enthousiasme pour la vertu n'a point Les hifted de ces touches fublimes, de ces traits de flam- peut-être me qu'ils femblent s'étudier avec complai-partie des fance à prêter au crime. Cette claffe d'écri- affligent le vains excite tellement mon indignation, que fi main. jamais un Omar reparaiffoit fur la terre, j'irois Ce que l'aume jetter à fes genoux, & en demandant grace Omar reveen faveur du très-petit nombre de bons livres nous. dont nous fommes poffeffeurs, je ferois le premier à mettre le flambeau dans ses mains pour brûler la plus grande partie de nos hiftoires. Qu'est-ce que l'efprit, s'il n'eft point l'inftrument de notre bonheur ? & qui peut nous ren

malheurs qui

genre hu

teur feroit fi

noit parmi

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