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Valetudo fuftentatur notitiâ fui corporis; & obfervatione quæ res aut prodeffe foleant, aut obeffe; & continentia in victu omní atque cultu corporis tuendi caufà; & prætermittendis voluptatibus, &c. CICER. de Offic.

Optimum verò medicamentum eft oportunè cibus datus. CELS. de Medic.

Omnes homines artem medicam noffe oportet : & ex his maximè eos qui eruditionis ac eloquentiæ cognitionem habent. Nam fapientiæ cognitionem MEDICINE fororem ac contubernalem effe puto. Sapientia enim animam ab affectibus liberat: augefcit autem intelligentiá præfente fanitate, cujus providentiam habere honeftum eft eos qui rectè fentiunt. At ubi corporis habitus ægrotat, neque mens ipfa alacritatem habet ad virtutis meditationem. Morbus enim præfens, animam vehementer obfcurat, intelligen tiam ad adfectionem per confenfum ducens.

HIPPOCRATES, Lib. de Nat. hom.

Féret 12-11-39 39808

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I

INTRODUCTION

A LA TABLE GÉNÉRALE.

Medicamentorum varietas ignorantiæ filia eft. BACON.

L'IGNORANCE & la fuperftition ont attribué des vertus médicinales extraordinaires à la plupart des productions de la Nature; mais le temps & l'expérience n'ont que trop démontré que fouvent ces vertus n'étoient qu'imaginaires. Cependant quelques Médecins, fans doute par vénération pour l'antiquité, gliffent toujours dans leurs recettes, quelques-uns de ces remedes, qui ne doivent leur réputation qu'à la fuperftition & à la crédulité de nos prédéceffeurs.

Les hommes multiplieront toujours les remedes, ou les agents de la Médecine, en proportion de l'ignorance dans laquelle ils feront de la nature & des caufes des Maladies; & ce ne fera que quand on fera parfaitement inftruit à cet égard, que le traitement des Maladies fera fimple & à la portée du plus grand nombre des hommes.

Une autre raifon de la multiplicité exceffive des. remedes, eft le peu de cnoiffance qu'on a de la vraie nature & des propriétés conftantes des fubftances qu'on emploie dans la guérison des Ma

ladies. Plufieurs Médecins fe font imaginé pouvoir faire avec différents ingrédients, ce qu'ils ne pou voient exécuter avec un feul : de-là cette foule monstrueuse de médicaments pharmaceutiques, qui ont fi long-temps compliqué l'Art, & dont on eftimoit les vertus en proportion du nombre de fim ples qui entroient dans leur compofition.

Les formes, variées à l'infini, fous lesquelles on adminiftre prefque chaque remede, font encore une preuve de l'imperfection de l'Art. Une drogue qui a peut-être le plus d'efficacité, donnée fous la forme la plus fimple fous laquelle on puifle la prescrire, a été cependant ordonnée de tant de manieres différentes, qu'on feroit tenté de croire que tout l'Art du Médecin confifte à favoir donner un médicament fous le plus de formes poffibles.

Les différentes formules des remedes ont, fans doute, leur ufage; mais on ne doit jamais les multiplier fans raifon : il s'en faut de beaucoup qu'elles foient auffi néceffaires qu'on fe l'imagine communément. La rhubarbe, le jalap, ou l'ipecacuanha, donnés en poudre à quelques grains, produisent réellement tout ce qu'on peut en attendre, & on peut les prendre de cette maniere, avec autant de sûreté & de facilité que fous toute autre forme : on doit dire la même chofe du quinquina, & de la plupart des autres fimples, dont les préparations font fi variées.

La multiplicité des ingrédients qu'on fait entrer dans une potion médicinale, la rend non-feulement plus difpendieufe, mais encore plus incertaine dans fa dofe & dans fes effets. Ce n'eft pas tout: fi ce mêlange n'eft pas pris fur-le-champ, & qu'il foit gardé quelque temps, il s'altere, ou acquiert des qualités toutes différentes de celles qu'il avoit d'abord. Lorfqu'un médicament elt rendu

plus certain, plus efficace, ou plus agréable, par l'addition d'une autre drogue, il n'eft pas douteux qu'on ne doive les allier ensemble; mais dans tout autre cas, il eft beaucoup plus sûr de le prendre feul. La combinaison des remedes embarraffe le Praticien, & met des entraves aux progrès de l'art de guérir. Il eft impoffible d'affigner précisément l'effet d'un ingrédient, tant qu'il eft combiné avec d'autres, foit du même genre, foit d'un genre différent.

Dans l'adminiftration des remedes, il faut avoir égard, non-feulement à leur fimplicité, mais encore à leur faveur. Il eft rare que les malades retirent un grand avantage des drogues qui leur ré, pugnent beaucoup : Cela fent la drogue, eft devenu un proverbe, qui marque la répugnance que quel que chofe, qu'on nous préfente, nous infpire; &, pour dire la vérité, ce proverbe n'eft que trop fondé. Il eft vrai qu'il y a certaines drogues dont tout l'Art poffible ne peut enlever, ni la faveur défagréable, ni la mauvaise odeur, fans leur ôter toutes leurs vertus: il eft cependant poffible, dans bien des cas, de rendre certains remedes moins dégoûtants, & même de faire que d'autres foient agréables, objet qui mérite hautement toute l'attention des Médecins.

Le but de la Table générale fuivante eft parti culiérement de faire connoître les plantes & les remedes dont on peut avoir befoin, & qui font néceffaires dans la pratique de la Médecine domeftique. On les trouvera, fans doute, beaucoup plus nombreux que ceux qui font dénommés dans l'état des drogues qui doivent composer la Pharmacie Domestique: cependant ils le font infiniment moins que ceux qui font décrits dans les Difpenfaires les plus abrégés. Le même remede y eft rare

ment préfenté fous plufieurs formes différentes ; & lorfque plufieurs remedes ont à-peu-près les mêmes vertus, & peuvent répondre à-peu-près à la même indication, je n'en prefcris qu'un feul. Les différentes formules de remedes, pour remplir la même intention, bien loin d'aider le jeune Médecin, ne fervent qu'à le dérouter; & le Praticien expérimenté fait toujours bien varier fes ordonnances felon les occafions.

J'ai paffé fous filence le plus grand nombre des opérations chymiques & autres, difficiles à exécuter toutes celles de ce genre, dont chaque particulier peut faire ufage, ne méritent pas la peine qu'on les prépare foi-même : il aura meilleur marché de les acheter que de les préparer. Cependant on ne fauroit trop recommander d'avoir attention de n'acheter que des drogues de bonne qualité : elles font fouvent fophiftiquées; on ne doit donc jamais les prendre que chez les Apothicaires connus pour leur probité & leurs connoiffances.

(Ce confeil eft de la plus grande conféquence, puifque, dans le plus grand nombre des cas, on ne peut guérir que par les remedes qu'on emploie : & fi ces remedes n'ont pas les propriétés qu'ils doivent avoir, foit parce qu'ils font fophiftiques ou gâtés, foit parce qu'ils font mal-préparés, les foins & les attentions, même du Médecin le plus habile, sont en défaut. De plus, il arrive qu'on perd fouvent un temps précieux, en comptant fur l'effet d'un remede qui, n'agillant pas comme on étoit en droit de l'efpérer, d'après des expériences de plufieurs ficcles, ne permet plus enfuite de fauver le malade, par les progrès qu'a faits la Maladie pendant ce temps-là.

Prenons pour exemple la Maladie vénérienne : car c'eft fur tout dans les Maladies longues,

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