De son courage et de sa lance Aux funerailles de leur fils!
Cependant nostre grand Alcide, Amolli parmi vos appas, Perdra la fureur qui sans bride L'emporte à chercher le trépas; Et cette valeur indomtée
De qui l'honneur est l'Euristée, Puis que rien n'a sceu l'obliger A ne nous donner plus d'alarmes, Au moins pour épargner vos larmes, Aura peur de nous affliger.
Si l'espoir qu'aux bouches des hommes Nos beaux faits seront recitez
Est l'aiguillon par qui nous sommes Dans les hazards precipitez, Luy, de qui la gloire semée Par les voix de la Renommée, En tant de parts s'est fait ouïr Que tout le siecle en est un livre, N'est-il pas indigne de vivre S'il ne vit pour se réjouir?
Qu'il luy suffise que l'Espagne, Reduite par tant de combas A ne l'oser voir en campagne, A mis l'ire et les armes bas;
Qu'il ne provoque point l'envie Du mauvais sort contre sa vie, Et puis que, selon son dessein, Il a rendu nos troubles calmes, S'il veut d'avantage de palmes, Qu'il les acquiere en vostre sein.
C'est là qu'il faut qu'à son genie, Seul arbitre de ses plaisirs, Quoy qu'il demande, il ne denie Rien qu'imaginent ses desirs; C'est là qu'il faut que les années Luy coulent comme des journées, Et qu'il ait dequoy se vanter Que la douceur qui tout excede N'est point ce que sert Ganimede A la table de Jupiter.
Mais d'aller plus à ces batailles Où tonnent les foudres d'enfer, Et lutter contre des murailles D'où pleuvent la flamme et le fer, Puis qu'il sçait qu'en ses destinées Les nostres seront terminées, Et qu'aprés luy nostre discord. N'aura plus qui domte sa rage, N'est-ce pas nous rendre au naufrage, Aprés nous avoir mis à bord?
Cet Achille, de qui la pique Faisoit aux braves d'Ilion
La terreur que fait en Afrique Aux troupeaux l'assaut d'un lyon, Bien que sa mere eust à ses armes Adjousté la force des charmes, Quand les destins l'eurent permis, N'eut-il pas sa trame coupée De la moins redoutable épée Qui fust parmy ses ennemis?
Les Parques d'une mesme soye Ne devident pas tous nos jours; Ny tousjours par semblable voye Ne font les planettes leurs cours. Quoy que promette la Fortune, A la fin, quand on l'importune, Ce qu'elle avoit fait prosperer Tombe du feste au precipice; Et, pour l'avoir tousjours propice, Il la faut tousjours reverer.
Je sçay bien que sa Carmagnole, Devant luy se representant Telle qu'une plaintive idole, Va son courroux sollicitant, Et l'invite à prendre pour elle Une legitime querelle;
Mais doit-il vouloir que pour luy Nous ayons tousjours le teint blesme, Cependant qu'il tente luy-mesme Ce qu'il peut faire par autruy.
Si vos yeux sont toute sa braise, Et vous la fin de tous ses vœux, Peut-il pas languir à son aise En la prison de vos cheveux, Et commettre aux dures corvées Toutes ces ames relevées Que, d'un conseil ambitieux, La faim de gloire persuade D'aller sur les pas d'Encelade Porter des échelles aux cieux?
Apollon n'a point de mystere, Et sont profanes ses chansons, Ou, devant que le Sagittaire Deux fois ramene les glaçons, Le succez de leurs entreprises, De qui deux provinces conquises Ont déja fait preuve à leur dan, Favorisé de la victoire, Changera la fable en histoire De Phaeton en l'Eridan.
Nice, payant avecques honte
Un siege autrefois repoussé, Cessera de nous mettre en conte Barberousse, qu'elle a chassé; Guise en ses murailles forcées Remettra les bornes passées Qu'avoit nostre empire marin; Et Soissons, fatal aux superbes, Fera chercher parmi les herbes En quelle place fut Turin.
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